CONTEXTE :
Présentation du producteur : Francis Jouvin est né à Sète (Hérault), le 27 août 1918. Son père, Louis Jouvin, ancien combattant et mutilé de la guerre 1914-1918, profondément marqué par le conflit se suicide en mars 1935. Adolescent orphelin, il entre en octobre 1935, après une scolarité primaire et secondaire à Béziers, à l'École des apprentis-mécaniciens de l'Armée de l'air de Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime). Il s'engage alors pour une formation de trois ans, puis à la sortie de l'école, pour cinq ans comme instructeur mécanicien à Rochefort. Devant le déferlement des troupes allemandes en France en juin 1940, l'école de Rochefort est repliée avec son personnel à Céret (Pyrénées-Orientales). Le 28 août 1940, il cherche à gagner l'Espagne pour rejoindre ensuite la France Libre et le général de Gaulle, mais il échoue dans son projet et ne réussit pas à franchir les Pyrénées. Il est alors versé en septembre 1940 dans le corps des sous-agents des services de l'air à la base aérienne - dépôt de stockage de Lyon-Bron (Rhône). Le 10 décembre 1940, il est affecté sur sa demande à la base aérienne de Montpellier-Fréjorgues.
En novembre 1942, les troupes allemandes entrent en zone sud. Il effectue sur l'aérodrome de Fréjorgues des sabotages de matériel militaire français et participe au camouflage d'armes. Le 1er mars 1943, il est placé en congé d'armistice, quitte l'armée et se retire chez sa mère à Béziers. À l'occasion d'un déplacement, il entre en contact avec le mouvement de Résistance Franc-Tireur à Saint-Etienne (Loire), assurant notamment la distribution de tracts et journaux clandestins (dont le journal Franc-Tireur). Il lui est demandé de créer à Béziers un groupe franc pour le mouvement Franc-Tireur et d'assurer la diffusion des journaux clandestins (il prend alors le pseudonyme de "Martin").
Au cours du mois de mars 1943, il entre en contact avec Émile Tourrenc, son ancien professeur à l'école pratique, devenu chef de l'Armée secrète (AS) du mouvement Combat à Béziers. Il entre alors dans le réseau et devient l'agent de liaison d'Émile Tourrenc (alias "Thierry"), qui doit quitter Béziers en juin 1943, pour éviter une arrestation par la Gestapo. Parallèlement, à compter de juin 1943, il est aussi membre du réseau de renseignement Côtre (dépendant du Bureau central de renseignement et d'action - BCRA, services secrets de la France Libre), sous le pseudonyme de "Tael".
En juin 1943, le nouveau responsable AS de Béziers, Paul Bénézech, alias "Bernard Poitevin", charge Francis Jouvin (qui prend alors le pseudonyme de "Fabre") d'organiser les Corps francs du Biterrois, de constituer et de former des équipes spécialisées dans les sabotages de voies ferrées et de lignes électriques. À partir de septembre 1943, il participe à plusieurs coups de main dans le département, dont la spectaculaire attaque du Pavillon populaire à Montpellier dans la nuit du 26 au 27 octobre 1943
Durant l'automne 1943, pour éviter le départ en Allemagne au titre du Service du Travail Obligatoire (STO), il travaille au dépôt SNCF de Béziers ; il est alors particulièrement bien placé pour repérer puis préparer des sabotages sur les voies ferrées du secteur. Il coordonne ainsi plusieurs actions de sabotages, dont un important sabotage le 6 janvier 1944, qui assure la destruction simultanée de six machines à vapeur au dépôt de Béziers.
En janvier 1944, Joseph Lanet, chef départemental des Mouvements unis de la Résistance (MUR) en R 3-2 le nomme responsable départemental du Plan vert (plan de sabotage des voies ferrées destiné à préparer l'intervention des Alliés en France), sous le pseudonyme de "Capitaine Cabrol". S'appuyant sur les corps francs existants, il doit ainsi constituer des équipes locales de sabotage dans le Biterrois et coordonner leur action selon les directives de Londres. Il s'acquitte parfaitement de sa tâche et assure, avec son unité - Corps franc Groupe Cabrol, les coupures ferroviaires demandées au cours du printemps et de l'été 1944. En juillet-août 1944, il est également nommé chef des secteurs militaires FFI de Bédarieux et de Béziers.
Lors de la Libération de Béziers, le 22 août 1944, il assure la destitution de la municipalité nommée par Vichy et participe à la restauration de la légalité républicaine. Il assure les fonctions de commandant d'armes de la place de Béziers du 22 au 26 août, puis, ensuite, celles de commandant de la Caserne Duguesclin. En septembre 1944, il est désigné pour siéger à la cour martiale de Béziers, chargée d'assurer l'épuration dans le Biterrois. À partir d'octobre 1944, il participe avec ses hommes, au sein de la Brigade légère du Languedoc (BLL), à la campagne d'Alsace. Le capitaine Cabrol commande la 2e compagnie du 2e bataillon FFI de l'Hérault, constituée exclusivement des membres du Groupe Cabrol. Le 15 novembre 1944, il est nommé chef d'état-Major à la Brigade légère du Languedoc, puis intègre en février 1945 le 80e régiment d'infanterie (80e RI), au sein de la 1ère armée française, du général de Lattre de Tassigny.
En 1945, il réintègre l'Armée de l'air, où il poursuit sa carrière militaire en Côte-d'Or, en Dordogne, dans la Gironde et à Paris, prenant sa retraite en 1972 comme Colonel mécanicien. Il participe par ailleurs activement à titre personnel, dans des associations patriotiques, aux cérémonies et commémorations des événements auxquels il a participé lors de la Seconde guerre mondiale. Chevalier de la Légion d'honneur et officier de l'ordre national du mérite, il est décoré de la croix de guerre 1939-1945, avec deux citations, de la médaille de la Résistance et de la médaille commémorative des services volontaires dans la France Libre. Il est décédé à Béziers le 16 novembre 2010.