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François Ier à Chambord, opéra de Prosper de Ginestet

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Partition d’orchestre de François Ier de Chambord (acte 1), opéra de Prosper de Ginestet

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Partition d’orchestre de François Ier de Chambord (acte 1), opéra de Prosper de Ginestet (ADH, 203 J 104)

Le 15 mars 1830, le Théâtre de l'Opéra (Académie royale de musique) donne « François Ier à Chambord » de Prosper de Ginestet, qui s'est fait connaître par ses précédentes œuvres à l'Opéra-comique. La partition inédite est conservée aux Archives départementales et consultable en ligne.


Les auteurs et l'argument du spectacle

Opéra en deux actes, François Ier à Chambord repose sur un livret d'Alexandre-Pierre Moline de Saint-Yon et de Fougeroux. Militaire ayant commencé sa carrière sous l'Empire, Moline de Saint-Yon est mis à demi-solde en 1815 et écrit des articles et des livrets d'opéra (Les Époux indiscrets, joué à l'Opéra comique en 1819, Ipsiboé, représenté à l'Académie royale de musique en 1824). Après la Révolution de 1830, il est rétégré dans l'armée et même nommé en novembre 1845 ministre de la guerre, pair de France et grand-officier de la Légion d'honneur. Prosper de Ginestet est resté lié avec lui à cette époque, comme en témoignent deux lettres amicales de janvier 1845 et janvier 1846 conservées dans ses papiers (203 J 16).

La notice du spectacle sur le site de la Bibliothèque nationale de France précise les autres collaborateurs du spectacle : Auguste Vestris (1760-1842) pour les divertissements, Pierre-Luc-Charles Cicéri (1782-1868) pour les décors, Hippolyte Lecomte (1781-1857) pour les costumes.

La pièce met en scène François Ier à Chambord en 1516, comme roi glorieux, galant et mécène de la Renaissance, dans une intrigue légère. Il retrouve à Chambord une belle dame, Carina, à qui il avait porté secours en Italie. Celle-ci veut échapper au mariage auquel la destine sa sœur, étant éprise d’un autre. François Ier croit être l’heureux élu mais apprend qu’elle est en fait amoureuse de Léonard de Vinci. Avec magnanimité, le roi donne en mariage la belle à Léonard.

Décors et costumes

Rendant compte de la pièce dans son édition du 21 mars 1830, le journal Le Constitutionnel loue particulièrement la qualité des décors de Cicéri et l'innovation technique consistant à ajouter à l'éclairage de la rampe un éclairage par le haut pour les mettre en valeur.

Le décor de l'acte I est une vue du château de Chambord. L'acte II montre l'intérieur de la salle de bal, avec l'escalier central. La toile du château de Chambord et une partie de la décoration servent au premier acte des Huguenots de Meyerbeer jusqu'à l'incendie de la salle de l'Opéra en 1873.

Dans le fonds de la Bibliothèque nationale de France, département Bibliothèque-musée de l'Opéra, quatre maquettes des costumes d'Hippolyte Lecomte permettent de se représenter les chanteurs. Elles ont été numérisées et sont consultables en ligne sur le site Gallica :

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François Ier. M. Levasseur

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Léonard de Vinci. M. Nourrit

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Marguerite de Valois. Mme Mori

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Carina. Mme Damoreau

Accueil du public

Les papiers de Prosper de Ginestet conservés aux Archives départementales ne contiennent pas de coupure de presse relative à cet opéra. Le compte rendu qu'en donne Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire, dans son édition du 21 mars 1830, n'est pas sans parti-pris contre une pièce présentée comme donnée pour la fête du roi Charles X, dans un journal qui combat le régime.

« Nous voudrions borner ici le compte que nous avons à rendre de François Ier à Chambord ; il faut pourtant se résoudre à dire que cet opéra, qui avait, dit-on, été composé pour la fête du roi, est d'une faiblesse déplorable. La pièce est nulle ; il s'agit tout simplement d'une jeune italienne protégée par le vainqueur de Marignan, dont il voudrait faire sa maîtresse, et qu'il se résigne à donner en mariage au célèbre peintre Léonard de Vinci, attendu que les deux jeunes gens s'adorent depuis longtemps. Quant à la musique, elle aussi distinguée que le poème : des airs sans motifs, des idées sans fraîcheur, quelque savoir-faire et voilà tout.

Il n'y a que deux choses à voir dans le nouvel opéra : un pas dansé par Paul et les deux dames Noblet, et un autre pas dansé par Mlle Taglioni. Ces divertissements sont de Vestris. Quant aux chanteurs, ce n'est pas leur faute assurément si l'ouvrage n'a pas réussi, puisque l'exécution en est confiée à Adolphe Nourrit, Levasseur, Dabadie, Alex. Dupont, et à Mmes Damoreau-Cinti et Gosselin-Mori.

C'est peut-être par spéculation que l'Académie royale de musique a donné dans ce moment François Ier à Chambord ; elle a dû être enchantée même des sifflets qui ont accueilli le dénoûment : nous sommes dans un temps ou les chutes seules ont du succès. »

En savoir plus

  • Conservée aux Archives départementales sous les cotes 203 J 4 (Acte I) et 203 J 5 (Acte II), la partition d'orchestre inédite est numérisée et consultable en ligne, via le formulaire Trésor d'archives (saisir par exemple Chambord comme mot-clef) ou l'inventaire du fonds des archives des familles Ginestet et Roux de Puivert.
  • Les Archives nationales conservent le livret de la pièce sous la cote F18/669 dans le fonds de la censure des pièces de théâtre, mais pas de compte rendu des censeurs.
  • Le livret a également été imprimé avant la représentation : François Ier à Chambord, Paris, impr. Carpentier-Méricourt, [1830], 51 p., in-8°. Un exemplaire est conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris sous la cote 8 Y 2458 INV 4728 FA.
  • La Bibliothèque nationale de France, département Bibliothèque-musée de l'Opéra, conserve un autre manuscrit de la partition d'orchestre, sous la cote A 494b, et une partition d'orchestre de 8 pages, sous la cote Rés. 85, qui serait une introduction de ballet pour l'opéra. Au département de la musique est conservé le répétiteur pour piano manuscrit pour un des airs de danse de l'opéra, sous la cote D 17823.
  • Voir également une communication de Stéphane ARTHUR, « La représentation du seizième siècle dans le théâtre à l'époque romantique : Hugo et les autres » téléchargeable sur le site du groupe Hugo de l'université Paris-7.

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