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Prosper de Ginestet, mousquetaire et compositeur d'opéras

Le fonds d'archives des familles Ginestet et Roux de Puivert permet de redécouvrir la figure originale de l'un de ses membres, Prosper de Ginestet (1796-1860), né à Saint-Gervais-sur-Mare. Tout en poursuivant une carrière militaire, il composa des opéras et des opéras-comiques dont les partitions inédites sont désormais déposées aux Archives départementales de l'Hérault et consultables en ligne.


Famille

Né le 19 pluviôse an II (8 février 1794) à Saint-Gervais-sur-Mare dans l'Hérault, François-Régis-Prosper de Ginestet est le troisième enfant de Joseph-Marie-Antoine Espic de Ginestet et d'Adélaïde d'Audouls de Roquefère de Rocquecesière. Selon l'Annuaire de la noblesse de France (éd. Borel d'Hauterive, 1868), Joseph-Marie-Espic de Ginestet, "conseiller, comme son père, au parlement de Toulouse, est compris pendant la Terreur dans la proscription générale des membres du parlement de cette ville. Capelle et Barrère, qui font tomber sur l'échafaud révolutionnaire la tête de cinquante-six de ces magistrats, ne peut assouvir sur lui leur rage sanguinaire ; grâce à son énergie et à son courage, il peut s'échapper plusieurs fois des mains de ses bourreaux. Après la chute de Robespierre il rentre dans sa famille à Béziers. En 1811 il est nommé conseiller à la cour impériale de Montpellier et chevalier de la Légion d'honneur, puis président à la même cour en 1816. Il est mort à Béziers le 23 mars 1850, dans un âge très-avancé et le dernier survivant des membres de l'ancien parlement de Toulouse.

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Emilien de Ginestet. Coll. part.

Émilien, frère aîné de Prosper, conseiller à la cour royale de Montpellier, mort en 1849, est également un musicien accompli, que François-Xavier Fétis inclut dans sa Biographie universelle des musiciens (t. 4, 1837, p. 332) : "amateur distingué sur le violoncelle, a publié des nocturnes concertans pour piano et violoncelle, un duo pour les mêmes instrumens, et des airs variés pour violoncelle". La Bibliothèque nationale de France conserve plusieurs de ses œuvres imprimées.

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Jeanne Antoinette Boscary, épouse de Prosper de Ginestet. Coll. part.

Prosper de Ginestet vit à Paris, conciliant ses activités musicales avec sa carrière militaire. Il se marie le 26 décembre 1833 à Paris (1er arrondissement) avec Jeanne Antoinette Boscary, née le 16 février 1798 à Lyon. Ils n'ont pas d'enfant. Prosper de Ginestet meurt le 1er décembre 1860 et sa veuve le 5 mai 1884.

Carrière militaire

La carrière militaire de Prosper de Ginestet peut être reconstituée grâce à ses archives conservées sous la cote 203 J 16. Sous la Première Restauration, le 22 juillet 1814, il entre au service avec le grade de lieutenant dans la deuxième compagnie des mousquetaires de la garde du roi. Pendant les Cent-Jours, il fait partie de l'armée royale commandée par le duc de Berry, émigre en Espagne et sert comme volontaire sous les ordres du duc de Damas jusqu'à son retour en France le 22 juillet 1815.

Il reprend du service dans les mousquetaires, 2e compagnie, jusqu'au 29 décembre 1815. Le même jour il est fait chevalier de la Légion d'honneur, sur la demande présentée par le marquis de La Grange et de Fourvilles, capitaine-lieutenant de la deuxième compagnie des mousquetaires de la garde du roi, gouverneur de la vingtième division militaire, lieutenant-général des armées du roi. Affecté à l'état-major de la place de Paris comme lieutenant le 15 mai 1816, il est mis en non-activité le 15 avril 1817, nommé sous-lieutenant au 2e régiment d'infanterie de la garde royale le 6 août 1817, sergent de 1ère classe dans la compagnie des gardes à pied ordinaires du corps du roi et breveté capitaine le 6 juin 1821, nommé sergent major dans ladite compagnie par ordonnance du roi du 2 février 1826. Il obtient le rang de chef de bataillon le 6 juin 1829.

D'après sa notice dans la Biographie universelle des musiciens de Fétis (t. 4, 1837, p. 332), "après la révolution de juillet 1830, il donne sa démission, pour ne pas manquer au serment de fidélité qu'il avait fait à la famille royale de la branche aînée". Il est en effet licencié le 19 août 1830, réformé le 7 août 1837 et ainsi rendu à la vie civile, avec une pension viagère de réforme de 1 150 francs.

Carrière musicale

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Le maréchal Fabert ou Le faux rendez-vous, opéra-comique en un acte. Paroles de Mr Emilien de Ginestet, musique de son frère Mr Prosper de Ginestet. Représenté pour la première fois au théâtre royal de l'opéra-comique le 2 août 1823 à Paris.

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Le maréchal Fabert ou Le faux rendez-vous, opéra-comique en un acte. Paroles de Mr Emilien de Ginestet, musique de son frère Mr Prosper de Ginestet. Représenté pour la première fois au théâtre royal de l'opéra-comique le 2 août 1823 à Paris.

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Le Mort fiancé, opéra-comique en un acte, paroles de MMrs Vial et Adolphe d'Houdetot, musique Prosper de Ginestet, représenté pour la 1ère fois au théâtre royal de l'opéra-comique le 16 février 1833 à Paris.

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Le Mort fiancé, opéra-comique en un acte, paroles de MMrs Vial et Adolphe d'Houdetot, musique Prosper de Ginestet, représenté pour la 1ère fois au théâtre royal de l'opéra-comique le 16 février 1833 à Paris.

Le 13 avril 1813, Prosper de Ginestet, âgé de 17 ans, fait représenter à Toulouse son premier opéra-comique, Zelmis et Nadir, dont le Journal de la Haute-Garonne du 29 avril 1813 (203 J 16) publie ce compte rendu : « On a donné le 13 du courant, sur le théâtre de cette ville, une première représentation de Zelmis et Nadir, opéra comique en un acte, de M. Rougemont. Le poème, d'une médiocrité peu commune, n'a dû son succès qu'à la jolie musique de M. P. de G., amateur de cette ville, aussi distingué par la pureté de son goût, que par les grâces de ses compositions. Ce succès est d'autant plus flatteur, que tout semblait conspirer contre la pièce. La fin de l'année théâtrale, et l'impossibilité où les acteurs se trouvaient d'étudier et de soigner leur rôles, auraient considérablement nui à cet ouvrage, si les charmes de la musique n'avaient entraîné les suffrages du public. Ce n'est donc ni à la magie du poème ni au jeu des acteurs que M. P. de G. est redevable de son succès, et nous espérons que ces premiers témoignages d'estime qu'il vient de recevoir l'engageront à faire jouir les amateurs de ses aimables productions. Au surplus, comme le poème de Zelmis et Nadir n'a pas paru digne de la charmante composition de M. P. de G., il ferait bien d'en enrichir un autre ouvrage, qui n'établira pas du moins un contraste aussi choquant ». Reproduisant ce compte rendu dans sa livraison du 20 mai 1813, le Journal des arts, des sciences et de la littérature ajoute ce commentaire : "En lisant un éloge aussi pompeux, on ne peut s'empêcher de supposer qu'il y a un peu d'exagération de la part de notre confrère" !

Il ne semble rien substituer de cet opéra. Les archives de la famille de Ginestet contiennent en revanche les partitions manuscrites inédites et de nombreux comptes rendus des productions parisiennes de Prosper de Ginestet :

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Portrait de Prosper de Ginestet (Coll. part.)

Le hasard malheureux qui a fait que son ouvrage le plus ambitieux, François Ier à Chambord, soit donné pour la fête de Charles X peu de temps avant la Révolution de Juillet ne semble pas avoir mis un terme à la carrière musicale de Prosper de Ginestet, qui donne encore un dernier opéra-comique sous la Monarchie de Juillet.

Il est pourtant à cette date engagé dans l'opposition légitimiste, étant l'un des membres fondateurs du journal Le Rénovateur, dont les statuts précisent que le directeur de la rédaction « devra maintenir l'esprit du journal dans le sens de la restauration de l'ordre, du pouvoir monarchique, du culte catholique, et des libertés publique » (bases de la société formée pour la création du journal Le Rénovateur, le 22 janvier 1832, signée des associés, ADH, 203 J 16). Ces mêmes statuts précisent, dans l'article 5 : « M. de Ginestet est spécialement chargé du compte rendu des théâtres lyriques, conservatoire, concerts et d'autres théâtres s'il y a lieu. Il est seul responsable envers le public ».

Le Rénovateur absorbe en mai 1833 le Courrier de l'Europe. Prosper de Ginestet continue quelques temps à tenir la rubrique des spectacles. Le 28 novembre 1833 il adresse un courrier aux administrateurs pour indiquer qu'il renonce à s'occuper de la rédaction et de l'administration du journal (203 J 16).

Prosper de Ginestet, qui a laissé dans ses papiers une "liste de mes ouvrages" (203 J 16), a publié des romances, nocturnes, contredanses pour piano, piano et chant, piano et violon ou piano et violoncelle, ainsi que d'intéressants Concerts de famille à 4 voix et piano ad libitum. Plusieurs de ces oeuvres figurent au catalogue de la Bibliothèque nationale de France.

En savoir plus

Consulter l'inventaire du fonds des archives des familles Ginestet et Roux de Puivert.

Les partitions d'orchestre et d'autres documents numérisés de ce fonds d'archives sont consultables via cet inventaire ou par le formulaire Trésor d'archives (saisir Ginestet comme mot-clef).

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