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Atlas historique des Etats de Languedoc de la Fronde à la Révolution

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Atlas des Etats de Languedoc

En complément à la synthèse Des Etats dans l’Etat. Les États de Languedoc, de la Fronde à la Révolution, un atlas réalisé par Elie Pélaquier présente sous forme cartographique les résultats des dépouillements systématiques réalisés par une équipe de l'université de Montpellier sur les délibérations des Etats de Languedoc, conservées aux Archives départementales de l'Hérault.

 


L'Atlas historique de la province de Languedoc

Vous pouvez également consulter un second atlas publié sous la direction du même auteur, l'Atlas historique de la province de Languedoc (pdf 33 Mo) : ce parcours de plus de cinquante cartes a été conçu comme un outil de recherche dont l'objectif est de donner une représentation fine de la réalité languedocienne, qui puisse faire éclore des idées et servir de point d'appui aux investigations futures, mais il pourra également être utile à un public plus large qui, sans être partie prenante de la recherche universitaire, s'intéresse à l'histoire en général et à la province de Languedoc en particulier.

L'Atlas historique des Etats de Languedoc, de la Fronde à la Révolution

A la fin du XVIIIe siècle, la province de Languedoc était beaucoup plus vaste que le Languedoc actuel. Elle s’étendait de la Garonne au Rhône, de la Méditerranée à l’Albigeois et des contreforts pyrénéens jusqu’à la haute vallée de la Loire. Elle était divisée en vingt-quatre diocèses civils, qui en 1790 servirent de base à la constitution des départements. Ainsi, l’Hérault est né de l’addition des diocèses de Montpellier, Lodève, Agde, Béziers et Saint-Pons, auxquels ont été ajoutées quelques bribes de diocèses voisins.

La principale instance de la province était l’assemblée des États de Languedoc, composée de membres du clergé, de la noblesse et de députés du tiers-état. Investie de nombreuses compétences qui relevaient aussi bien du service du roi (fiscalité, fortifications) que de l’aménagement du territoire (routes et ponts, ports et canaux), c’était un lieu où se prenaient des décisions politiques lourdes de conséquences.

Une équipe de l’Université de Montpellier, regroupée autour d’Arlette Jouanna, s’est lancée depuis 1999 dans une vaste entreprise de recherche sur les États de Languedoc. Cette équipe, formée au sein du Centre d’Histoire et d’Histoire de l’Art moderne et contemporaine de l’Europe Méditerranéenne et de ses périphéries (EA 3022), travaille depuis 2009 au sein du CRISES (Centre de Recherches Interdisciplinaires en Sciences Humaines et Sociales, EA 4424). Dans un premier temps, il a été procédé au dépouillement des délibérations de 46 sessions de cette assemblée de 1648 à 1789, par groupes de cinq années : 1648-1653, 1658-1662, 1678-1682, 1688-1692, 1708-1712, 1717-1722, 1748-1754, 1757-1761, 1778-1782, 1787-1789. L’analyse systématique de ces 8839 délibérations a conduit à la constitution d’une base de données, aujourd’hui disponible en ligne.

L’équipe a ensuite travaillé à l’écriture d’une synthèse générale sur ce sujet paru en 2014 aux éditions Droz, à Genève : Des Etats dans l’Etat. Les États de Languedoc, de la Fronde à la Révolution. Le présent atlas est issu de l’ensemble de ces travaux. Il a été obtenu en cartographiant systématiquement l’index des lieux de la base de données. Il rend donc compte directement de l’image que les États pouvaient avoir de la province.

Les cartes sont regroupées sous huit rubriques :

  • Les Etats de Languedoc
  • Les autres institutions de la province, vues des Etats
  • Affaires militaires
  • Travaux publics
  • Cours d’eau et voies navigables
  • Economie
  • Enseignement, santé, assistance, religion
  • Conclusion : le territoire d’une action (villes, communauté, lieux)

 

Les Etats de Languedoc

Les États se réunissaient de façon régulière depuis le XVe siècle et en général annuellement depuis le XVIe siècle.

Avant 1736, le lieu de réunion des États pouvait varier d'une année à l'autre. Après cette date, ils se sont toujours réunis à Montpellier, ville où résidait aussi l'intendant de la province, le gouverneur ou le commandant en chef, et où siégeait la cour des Comptes, Aides et Finances (le Parlement, siégeant, lui, à Toulouse). Les États étaient convoqués par le roi, qui envoyait des commissaires chargés d'ouvrir la session et de présenter les demandes fiscales (le gouverneur ou le commandant en chef, l'intendant et deux trésoriers de France). Les commissaires du roi faisaient rédiger par leurs greffiers un procès-verbal parallèle à celui des États, où figuraient notamment les autorisations d'imposer.

  • Le clergé dans l'assemblée était représenté par 2, puis 3 archevêques (celui de Narbonne, « président-né des États », celui de Toulouse et, à partir de 1676, celui d'Albi) et par 19, puis 20 évêques (après 1694, date à laquelle a été érigé l'évêché d'Alès). Lorsqu'ils étaient absents, ils pouvaient envoyer à leur place leurs vicaires généraux.
  • La noblesse était représentée par 22 puis 23 barons, à partir de 1694, ou, en leur absence, par des nobles qu'ils envoyaient à leur place. Les baronnies des États étaient héréditaires, mais comme elles étaient recherchées pour des raisons honorifiques, elles ont parfois été vendues et, de ce fait, ont changé de nom et de position, ce qui explique la complexité de la carte qui en résulte.
  • Le tiers état était formé par les représentants des villes (62 avant 1694, 65 de 1694 à 1714, 66 de 1714 à 1726, 67 de 1726 à 1732, 68 ensuite).

Le vote se faisait par tête, le clergé disposant de 21, puis 22 voix (le président ne votait qu'en cas de partage des voix), la noblesse de 22, puis 23 voix, et le tiers état de 41, puis 43, 44 et enfin 45 voix. La différence entre le nombre des députés du tiers et celui des voix dont ils disposaient s'explique par le fait que chaque ville capitale de diocèse envoyait généralement deux députés qui n'avaient qu'une seule voix, la deuxième voix étant dévolue à une des villes appelées « diocésaines », prises à tour de rôle parmi les villes « maîtresses » du diocèse.

On peut se demander en quoi les États de Languedoc étaient représentatifs de la province. Ils ne l’étaient certainement pas du point de vue qui est le nôtre aujourd’hui, mais du point de vue d’une société d’ordre, ils étaient considérés par beaucoup comme exemplaires. Leur fonctionnement est devenu de plus en plus complexe. A chaque début de session et au cours de celle-ci, des commissions étaient nommées pour préparer les travaux de l'assemblée. Les États nommaient des officiers qui géraient les intérêts languedociens pendant l'intervalle des sessions. Le plus important était le trésorier de la Bourse qui centralisait une partie des impôts et jouait le rôle de banquier de la province. Des greffiers veillaient à la rédaction des procès-verbaux des États, mais les hommes-clés de l'administration provinciale étaient les trois syndics généraux, chacun affecté en principe à une sénéchaussée.

 

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Les autres institutions de la province, vues des Etats

Les trois sénéchaussées de Beaucaire-Nîmes, Carcassonne et Toulouse sont à l’origine des États puisque c’est leur assemblée que le roi convoquait au Moyen Age pour en obtenir des subsides. Elles ont continué d’avoir une existence à l’époque moderne car chacune d’elles réunissait ses députés pendant la session des États pour nommer un syndic général ou pour décider de l’exportation des grains. Celles de Carcassonne et de Toulouse votaient une partie des crédits destinés aux travaux publics (en particulier, ceux des routes dites de 2e classe).

Les diocèses civils constituaient l’échelon intermédiaire entre les États et les communautés d’habitants. Calqués sur les diocèses ecclésiastiques (à quelques détails près), ils agissaient comme des modèles réduits des États, grâce à leurs assemblées de l’assiette. Créées à l’origine pour asseoir les impositions (les répartir entre les communautés), ces assemblées étaient présidée en général par l’évêque et composées de consuls des grandes villes. Elles votaient divers crédits, parmi lesquels ceux des routes de 3e classe, et même de 2e classe dans la sénéchaussée de Beaucaire-Nîmes.

Enfin les communautés d’habitants (devenus communes à la Révolution) répartissaient l’impôt entre les contribuables et disposaient également de leur budget propre, avec lequel, entre autres, elles entretenaient les routes de 4e classe.

Les États de Languedoc entretenaient également des relations avec les autres institutions de la province, en particulier les institutions judiciaires : parlement de Toulouse, présidiaux et même vigueries.

La fonction principale des États était le consentement des impôts. Ils les répartissaient entre les diocèses, selon un tarif préétabli ; dans chaque diocèse, l'assemblée de l’assiette en faisait la répartition entre les communautés. Les États rédigeaient tous les ans un cahier de doléances qu'une délégation formée par un prélat, un baron, deux députés du tiers et un syndic général portait à la Cour.

 

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Affaires militaires

Une attribution importante des États relevait des affaires militaires. Ils géraient en effet l’étape, c’est-à-dire la logistique de la circulation et du stationnement des troupes dans la province et finançaient également la construction et l’entretien des places fortes.

 

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Travaux publics

Le rôle économique des États a pris une importance croissante au cours de la période moderne, notamment dans l'aménagement du territoire (routes de 1e classe, ponts, ports, canaux, assèchement des marais) et dans le soutien à l'agriculture, à l'industrie, au commerce. L’administration des travaux publics a pris une importance considérable. Elle était composée de trois directeurs des travaux publics (un par sénéchaussée) entourés d’un nombre important d’inspecteurs.

La carte des travaux publics du Languedoc à la fin du XVIIIe siècle met en évidence l’implication des États provinciaux dans le développement du réseau routier. D’une attitude de méfiance liée à la peur de devoir payer pour des chantiers à but essentiellement militaire, et dont la conduite, de surcroît, devaient leur échapper, l’assemblée était passée progressivement à une position beaucoup plus constructive (aux deux sens du terme) avant de s’emparer de la quasi-totalité des travaux routiers et d’une partie importante des canaux et des implantations portuaires. Ainsi se manifestait la conscience nouvelle que les États avaient acquise du rôle qu’ils pouvaient jouer dans le développement économique de la province et dans l’aménagement de son territoire.

 

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Cours d'eau et voies navigables

Comme pour les routes, les Etats ont d’abord rechigné à financer les voies navigables, en particulier le canal des Deux Mers impulsé par Paul Riquet avec le soutien de Colbert.
Pourtant, ils se sont vite rendus compte de l’intérêt de ces aménagements et dès lors, ils en ont fait leur affaire en lançant la construction du canal des Etangs, puis celle du canal d’Aigues-Mortes à Beaucaire qui, à la veille de la Révolution, était creusé jusqu’à Saint-Gilles. Cette conversion à l’aménagement du territoire a également porté sur les ports, en particulier de celui de Sète.

 

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Economie

La conversion des États de Languedoc au soutien de l’économie eut également un volet industriel. Leur politique était, somme toute, assez claire : ils se pliaient aux injonctions royales tant qu’ils ne pouvaient leur résister, comme en témoignent les subventions aux draps destinés au Levant. En revanche, libres de leurs mouvements ou profitant d’un revirement du pouvoir royal, les États faisaient valoir leur vision de l’action économique qui, selon eux, dépendait de la situation des filières concernées. C’est ainsi qu’ils n’intervinrent qu’assez peu pour les soieries (en dehors des encouragements apportés à la plantation des mûriers) ou la fabrication d’eau-de-vie mais qu’en revanche ils s’intéressèrent beaucoup au charbon. En fait, aux secteurs traditionnels, sans grandes difficultés économiques, les États n’accordaient qu’une bienveillance en matière fiscale, préférant remettre la prospérité des acteurs entre les mains de la liberté de fabrication et du commerce. Aux secteurs émergents ou en difficulté, l’assemblée était prête à accorder une multiplicité d’interventions : aides directes, demande de modération de taxes, gratification de l’innovation, voire privilèges provisoires.

 

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Enseignement, santé et assistance, religion

Les États s'intéressaient aussi à l'assistance et encourageaient les lettres et les arts. Ils se sont engagés progressivement dans le soutien de l’enseignement et des hôpitaux, mais ont été peu concernés par les institutions religieuses.

 

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Conclusion : le territoire d’une action (villes, communauté, lieux)

Les États de Languedoc développèrent ainsi, du milieu du XVIIe siècle à la Révolution, un ensemble d’actions multiformes dans des domaines aussi variés que la construction routière, le creusement de canaux et de ports, l’incitation à la production industrielle et agricole, l’enseignement. Les cartes qui montrent la place des communautés ou des simples lieux-dits dans leurs délibérations témoigne que leur action sur le territoire était réelle, mais surtout concentrée sur la plaine et les vallées, beaucoup moins sur la montagne. Toutes proportions gardées, ils ont joué le rôle qui est aujourd’hui celui du Conseil régional, quoi que l’espace sur lequel ils avaient prise fût beaucoup plus vaste. Les diocèses civils, de leur côté, évoquent  les départements, dont ils ont été les précurseurs dans le maillage du territoire.

 

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