CONTENU ET STRUCTURE :
Présentation du contenu : Le principal titre produit par la communauté de Beaucaire consiste en un « arrest de la Chambre des Comptes de Montpellier, qui maintient la communauté en la proprietté de cinq cens cinquante saumées de palus et marais du terroir de Beaucaire, pour pasturage, lignerage et communaux, dont elle jouit actuellement, le surplus des marais étant jouy par les sieurs Delaroche et de Launay, ou leurs cessionnaires, et par l'hôpital général de Montpellier. » - « Louis de Genas, marquis de Durfort, baron de Vauvert et de Beauvoisin », gendre de « Mre Philipe d'Autheville, baron de Vauvert », offre de remettre au greffe de l'Intendant les titres de la seigneurie de Vauvert « pour établir son droit et la proprietté qu'il a sur les marais, comme seigneur foncier et directe universel de Vauvert et de tout ce qui en dépend. » - « Messire Philipe Robert, prévost du chapitre cathédral de Nismes et, en cette qualité, prieur de Vauvert », déclare « qu'il n'a point de proprietté dans le dit terroir de Vauvert, mais seulement un droit de dixme dépendant de son prieuré ». - François Tempier, viguier de Vauvert. - Déclarations de la communauté de Vauvert, de la communauté de Bellegarde, du chapitre abbatial de Saint-Gilles, de la communauté d'Ai margues et de la communauté d'Aigues-Mortes.
Si le duc de Noailles était déchargé de l'obligation de faire un canal de navigation, « la communauté d'Aigues-Mortes perdroit la proprietté de ses pasturages, qui lui ont été accordés par les Roys, (ainsi qu'il résulte des lettres pattentes de Charles VII et Louis XI, qui énoncent les concessions du roy saint Louis,) sans retirer aucun avantage du dit dessèchement. Le motif principal, qui porta [en 1701] les habitans d'Aigues-Mortes à consentir à ce dessèchement, fut la construction du canal de navigation, qui devoit passer sous le pont du dit Aigues-Mortes et qui devoit leur procurer un commerce considérable et rendre leur ville plus peuplée et plus habitée, et la facillité d'abreuver leurs bestiaux dans la rivière du Vidourle ou canal de la Redelle, au moyen du chemin qu'ils se sont réservés ». « Dom Jacques Crouzet, sindic des religieux de l'abbaye de Franquevaux » ; - « Louis de la Petitière, abbé commandataire de la dite abbaye de Franquevaux » ; - « tous les biens, rentes et revenus de l'abbaye sont et apartiennent par indivis au dit sieur abbé et religieux » ; - les « marais ou palus apartenant à la dite abaye, qui sont de grande étendue, scitués tant dans le terroir de Franquevaux où est scize l'abbaye, comme s'étendent en long depuis les limittes de Saint-André de Camarignan jusques à celles de Saint-Sabestien et en large jusques au clair de l'estang d'Escamandre, que dans le terroir de l'isle de la dite abbaye, sçavoir... » ; - détail des conditions sous lesquelles les religieux et l'abbé de Franquevaux consentent au dessèchement.
L'évêque d'Alais fait déclarer par son procureur que non-seulement sa qualité de « seigneur jurisdictionnel et fontier de Saint-Laurens-d'Aigouse » suffirait « pour établir la proprietté de dix mille quarteirades de terre qu'il a dans le terroir de Saint-Laurens », mais encore que « la seule possession immémorialle qu'il a du dit ténement de terre luy serviroit de titre incomutable ». - Déclaration du marquis de Calvisson, « opposant contre les arrêts du Conseil et lettres pattentes accordées à Messieurs de Noailles ». - Déclaration spontanée du sieur Pierre Joly, qui « au moien d'une sentance par luy obbtenue d'authorité du sénéchal de Nismes, contre la communauté de Vauvert, le 14e juin 1715 », possède un marais dans le terroir du dit Vauvert ; « le dit sieur Jolly n'a pas été assigné,... [néanmoins] il veut adhérer aux demandes de monsieur le duc de Noailles ».
La communauté de Beaucaire remet au greffe l'arrêt de la Chambre des Comptes, du 16 mai 1682, « qui maintient les habitants de Beaucaire en la proprietté et possession de 550 saumées de palus et marais ». - L'évêque d'Alais, considérant que le chapitre cathédral du dit Alais et la communauté de Saint-Laurent-d'Aigouze « ont des droits et facultés sur les terres et marais qu'on veut dessècher, soit pour le dépaissement de leurs bestiaux gros et menus,... [soit] pour y faire couper du roseau, bores et autres arbres, pesches, chasse des oyseaux et autres choses, suivant les concessions qu'ils en ont de ses prédécesseurs évêques », déclare « qu'auparavant qu'il puisse rien proposer,... il est préférable que le dit chapitre d'Alais et la communauté de Saint-Laurens-d'Aigouse soient apellés pour déduire leurs intérêts ». - « Maître Antoine Counil, docteur et advocat, » nommé expert de la communauté de Saint-Gilles par délibération du 12 juillet. - La communauté de Saint-Laurent-d'Aigouze s'oppose au dessèchement parce que, « si le dit dessèchement étoit fait, les habitans du dit Saint-Laurens demureroient privés pour toujours du droit de faire dépaître leur bétail gros et menu dans les dits marais, d'y chasser et pescher, d'y faire de roseaux, de la saigne et autres arbres, qui croissent dans les dits marais et qui servent dans l'hiver à la nouriture des bestiaux » ; - « la communauté de Saint-Laurens [en] est en possession depuis un tems infiny ».
Tènements divers où les habitants de Marsillargues ont droit de dépaissance. - Dîme réclamée par le prieur de Vauvert. - Le feudiste Chamberlin, choisi comme expert par le marquis de Durfort, baron de Vauvert. - Les droits de la communauté de Bellegarde justifiés par « deux transactons, l'une du 15 janvier 1544, receu par maître Jean de Médicis, notaire de la ville et viguerie d'Usès, et l'autre du 15 juin 1673, receue par maître Claude Ravanel, notaire de Manduel ». - La communauté de Vauvert nomme, pour son expert, « le sieur Chamberlin, habitant de la présent ville ». - Ugla, procureur du duc de Noailles, déclare que, « ne s'agissant devant [l'Intendant]........ que de l'exécution de l'arrest du 12 may dernier,... il est inutille aux assignés de former des oppositions, parce que nous ne devons qu'exécuter le dit arrest et ordonner la nomination d'experts et la remise des titres ». - « Le sieur Delpech de Commairas, de la ville de Saint-Hipolitte », nommé expert du duc de Noailles, en remplacement de Fabre.
L'abbaye de Franquevaux somme le duc de Noailles de déclarer s'il accepte les conditions posées par la dite abbaye. - Les consuls et communauté de Candillargues demandent « un délay convenable..... pour raporter leurs titres, quy sont engagés les uns au parlement et les autres aux archives de la dite communauté ou en divers procès, qu'ils ont été obligés de soutenir pour faire voir que, de tout temps immémorial ils ont jouy des palus et marais, et que s'ils étoient obligés de les abandonner, ils seroient encore obligés d'abandonner et déguerpir tous les biens et domaines qu'ils possèdent, n'aiant autre chose pour la nourriture et dépaissement des bestiaux pour la culture des terres, que les dits palus ». - Protestation de l'évêque d'Alais contre l'arrêt du 8 mai dernier et les agissements du duc de Noailles. - Déclaration du sindic du chapitre de Saint-Gilles ; raisons établissant la nécessité d'un canal de navigation. - L'abbé commendataire de Franquevaux refuse de souscrire aux « conditions passées entre son prédécesseur et feu M. le maréchal de Noailles », attendu que ces conditions sont préjudiciables à son abbaye, si l'on ne construit pas le canal de navigation.
Beaucaire : - « par lettres pattentes du mois de juin 1678, le Roy donna aux sieurs Delaroche et de Launay dix-sept cens cesterées de terres, marais et vacans, du terroir du dit Beaucaire, avec cette condition entre autres de les dessécher et d'y faire un canal de navigation ; les dits consuls et communauté de Beaucaire formèrent leurs oppositions à ce don [et] le sindic général de la Province se joignit à eux pour soutenir les intérêts de la communauté ; ils se fondoient sur ce qu'elle avoit été maintenue en la possession et jouissance des dits palus et marais par divers titres et surtout par une transaction de l'année 1555, passée par un commissaire du Roy et les députés de la Province, et sur ce que les marais étoient très nécessaires pour la nourriture des bestiaux et pour lignerer. Cela donna lieu à un procès, qui fut porté à la Chambre des Comptes de Montpellier, où le don avoit été registré. Et après plusieurs arrêts et une vériffication d'experts, il fut rendu un arrest définitif, le 16 may 1682, qui maintient les habitans de Beaucaire en la quantité de 550 saumées des dits palus et marais, pour pasturages et ligne-rages communs ; et pour le surplus, l'exécution du don fut ordonnée ».
Villettes de la baronnie de Lunel : - « les habitans de la dite baronnie se sont toujours opposés... au dessèchement que M. le duc de Noailles prétend faire des étangs, marais et palus depuis Beaucaire jusques à Pérols, dans laquelle les dits exposans jouissent, en titre de propriété, des palus et marais qui leur servent de pâturage et dont ils retirent plusieurs autres avantages. Cette propriété est établie, non-seulement par une jouissance non interompue de plus de quatre siècles, mais encore par une cession qui fut faite, de la plus grande partie des dites palus, par les religieuses du couvent d'Arboras, qui est a présent uny au monastère Sainte-Marie de Montpellier, à raison de quoy la dite baronnie paie annuellement une pension au dit monastère ; et le reste, qui est peu de chose, la baronnie le tient du Roy et lui paie pour cella une pension annuelle ». - « Droit acquis à touttes les communautés de cette province par un contract de l'année 1555, passé entre les commissaires du Roy et les États généraux de la Province, par lequel Sa Majesté promet en termes exprès d'entretenir, conserver et maintenir les gens des trois états de la dite province, en tous et chacuns les droits qu'ils ont de tenir et posséder les patus, garigues, rivières, ramier et pâturages en commun, comm'ils en ont par cy-devant, et leurs prédécesseurs, jouy et usé, moiénant la somme de 100 000 livres, que la dite Province donna au Roy ; lequel contract fut ensuitte homologué par lettres pattentes du mois de septembre de l'année suivante et enregistrées au parlement de Toulouse ; » - « étant remarquable que le dit contract énonce quatre autres précédents titres des années 1520, 1 522, 1526 et 1544, passés pour le même sujet avec la dite Province ». - « Le nommé Michel Causse ayant obtenu un arrest du Conseil, le 2 décembre 1649, portant qu'il seroit fait une vériffication de la quantité, valeur et incomodité des dits palus, les États prirent une délibération en la même année, par laquelle le sindic de la Province fut chargé d'intervenir dans l'instance qui avoit été formée au Conseil, de la part de la dite baronnie de Lunel, en opposition envers le dit arrest, et sur les susdits titres le dit Causse abandonna l'exécution du dit arrest ». - « Ensuitte la dite baronnie ayant été troublée en la possession des dits palus, elle porta ses plaintes aux États, en l'année 1659, assemblés en la ville de Toulouse. Cette assemblée aïant fait ses très humbles remontrances au Roy, qui se trouva pour lors à Toulouse, Sa Majesté donna un édit en la dite année, par lequel, entr'autres choses, il est porté que le susdit contract de l'année 1555 sera exécuté selon sa forme et teneur... » - Les habitants de la baronnie de Lunel maintenus dans la jouissance de leurs palus communs, en diverses autres circonstances (1673-1674, etc.) - Profits divers retirés des dits palus par les dits habitans.
Les habitants de Marsillargues « ont droit de dépaissement, de lignerer, de pêcher, chasser, faire de roseaux et autres facultés :... le dit dessèchement leur est notablement préjudiciable et entièrement ruineux ». - « Dame Élizabet d'Arènes, veuve et héritière de messire Jean-Pierre Despierre, seigneur des Porfs, gouverneur de Lunel » déclare qu'elle et ses auteurs « possèdent en proprietté la terre seigneurie des Ports, apelé Notre-Dame et Saint-Pierre des Ports, et le domaine et territoire qui en dépend » (consistant en terres, près, vignes, palus, pêcheries et bois, avec toute justice moyenne et basse), « dont ses prédécesseurs ont rendu plusieurs hommages aux barons de Lunel et à Raymond de Nogaret, seigneur de Marciliargues, ez années 1229, 1332 et 1379, énoncés dans celuy du 18 juillet 1698 rendu par le feu sieur des Ports au sieur marquis de Calvisson » ; - transaction passée le 17 août 1692 entre le dit sieur des Ports et le dit marquis de Calvisson, au sujet des palus et herbages du terroir de l'Estelle ; - « autre transaction passée entre le dit défunt sieur des Ports, les consuls et habitants du lieu de Marciliargues et le dit sieur marquis de Calvisson » ; - défrichements, digues et grands fossés faits par le sieur des Ports.
Louis XIV « aïant fait don à M. le duc de Beringhen et à M. d'Estrades [d'une partie des marais qui servoient de comunaux à la communauté de Fourques] et de certaines albergues, la communauté fut maintenue par arrest du Conseil en la propriété et possession des dits marais » ; - « marais apellés la Panon basse ». - Les palus et marais de Candillargues « sont de la dépendance du comté de Mauguio ». - Le « chapitre cathédral d'Alais, manse d'Aigues-Mortes,... a la plus grande partie de ses revenus dans le terroir de Saint-Laurens-[d'Aigouze],... lesquels concistent en la possession des eaux de plusieurs herbages et domaines et plusieurs pêcheries, qui rapportent considérablement au dit chapitre, le tout étant de la dottation du monastère de Psalmody, à présent chapitre d'Alais, manse d'Aigues-Mortes ».
Grand Prieuré de Saint-Gilles (ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem) : « marais dont une partie font les principaux revenus du grand prieuré et de plusieurs comanderies, qui par là se trouveroient entièrement ruinés ;... il se nourrit pendant toute l'année plus de 600 bœufs ou vaches, dont le revenu, par raport à la faculté de dépaître, va à près de 4 000 livres, et il s'y nourrit aussy plus de 200 juments, dont le revenu va au-delà de 2 000 livres, par raport à la nourriture et pacage » ; - les « herbes palustres qui croissent ordinairement dans ces marais,... font l'unique nourriture du gros bétail » ; - les palus que l'on dessécherait ne produiraient « que des arbustes, apellées vulgairement euganes, qui ne sont propres que pour la nourriture du bétail menu ».
« La construction d'un canal de navigation... assuroit la durée du dit dessèchement et donnoit un débouchement aux denrées ;... M. le duc de Noailles ne prétend point faire ce canal, ce qui seroit d'un très grand préjudice à la communauté [de Saint-Gilles et] frusteroit son espérance ». - Arrêt du Conseil obtenu par la communauté de Fourques contre le fermier du domaine et autres.
Ordonnances de l'intendant de Basville, donnant acte aux déclarants de leurs oppositions, etc.