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Notice descriptive

222 J 1-61 Fonds Philomen Mioch 1901-1997

  • Répertoire méthodique de la sous-série 222 J
  • par Ghislaine Bouchet, conservatrice en chef du patrimoine, Julien Duvaux, attaché principal du Patrimoine (pour la partie archives) et Geneviève Guiot, adjointe administrative (pour la partie bibliothèque) (2018, 2022)
  • Archives départementales de l'Hérault
  • Montpellier - 2018, 2022
  • Contexte
  • Nom du producteur
    Mioch, Philomen (1903-1990)
    Antonio-Mioch, Carmen Rose (1914-1995)
    Mioch, François Marcellin (1898-1945)
    Antonio-Rucosa, Joseph (1910-1936)
  • Présentation du producteur

    Philomen Mioch (1903-1990) et Carmen Rose Antonio-Mioch (1914-1995)

    Philomen Siméon Marcellin Mioch naît le 18 février 1903 à Florensac. Il est le cinquième enfant de Marius Alexandre Mioch, ouvrier agricole, et de Marie-Claire Philomène Roux.

    Philomen Mioch appartient à toute une lignée d'ouvriers agricoles, son arrière-grand père et son grand père l'étaient déjà. Vivent avec lui au foyer sa soeur Rose, son frère François et Hermine, la cadette. L'aîné, Pierre, et une autre soeur, Annette, sont morts en bas-âge.Toute la famille travaille à la vigne, le père, depuis l'âge de 10 ans et la mère, depuis l'âge de 9 ans. Philomen et son frère François fréquentent l'école publique de Florensac, où ils sont bons élèves, mais François quitte l'école avant d'obtenir le certificat d'études, pour aller travailler à la vigne.

    Philomen s'engage tôt dans le syndicalisme, avec le soutien de son oncle et de ses amis socialistes. Il s'attaque à la lutte contre le chômage. Avant le départ au régiment de son frère aîné François, Philomen parcourt avec ce dernier, en pleine guerre, les grandes
    "colles" en période de sulfatage pour faire passer la journée de travail de 7 heures à 5 francs par jour. François, de retour de la guerre de 1914-1918, devient l'animateur du syndicat des ouvriers agricoles (il le reste jusqu'en 1933). En 1926, François obtient une augmentation du salaire journalier des ouvriers agricoles contre l'un des plus gros propriétaires du midi viticole, le baron de Vulliod. Philomen Mioch, quant à lui, rejoint le parti communiste en 1924, auquel il adhère à son retour de service militaire effectué en Syrie au sein du 22e régiment d'infanterie coloniale (22e RIC). Il crée les Jeunesses communistes à Florensac, entre à la première école créée par le parti au Martinet (Gard) et dirigée par André Ferrat. Il lit beaucoup, essentiellement les théoriciens Marx et Lénine, et participe aux réunions régionales du parti. Il poursuit sa formation militante, prend de nombreuses notes, apprend à parler en public. En 1932, après sa participation au comité central, lors du VIIe congrès du parti communiste, le parti lui propose de se rendre à Moscou pour suivre les enseignements de l'école léniniste. Il part clandestinement, muni d'un faux passeport et suit les cours sous le pseudonyme de Célestin Bertomieu. A son retour en France, fin février 1934, Philomen Mioch est désigné par Maurice Thorez pour combattre Jacques Doriot, député-maire de Saint-Denis. Mais il s'épuise sous les sollicitations et préfère rentrer dans son village natal. Il se présente à plusieurs élections en 1936 et 1937, dans des secteurs où le parti communiste est mal implanté (Limoux, Mèze). A partir de 1936, en tant que secrétaire régional du parti communiste (il est alors membre suppléant du Comité Central du parti), il consacre son activité à l'Espagne républicaine. C'est à ce moment qu'il rencontre sa future épouse, Carmen Antonio (1914-1995), dont le frère aîné est parti comme volontaire dans les Brigades internationales (Joseph Antonio-Rucosa meurt le 25 décembre 1936 dans les combats de Madrid) et l'autre frère a tenté de rejoindre l'armée de l'Etat catalan. Philomen Mioch et Carmen Antonio se marient en février 1937 et leur première fille naît en décembre de la même année. Au congrès d'Arles en décembre 1937, Philomen n'est pas reconduit au Comité Central. Le 2 septembre 1939, il est mobilisé au sein du 5e régiment d'infanterie coloniale (5e RIC) ; Philomen stationne avec son unité sur la Ligne Maginot, en avant de Merlebach (Moselle), et écrit tous les jours à sa femme, profitant de cette correspondance pour apprendre l'espagnol.

    Mais après la débâcle, en juillet 1940, il est à nouveau de retour à Florensac. C'est le moment où il entre dans la Résistance. Avec son épouse Carmen, des cousins et des communistes, il distribue des tracts. En 1942, il est arrêté avec son frère François, leurs biographies rédigées par le parti communiste ayant été découvertes à Sète chez un autre communiste arrêté également, Pierre Arraut. François et Philomen comparaissent devant le tribunal militaire spécial de Montpellier et sont condamnés à 8 ans de travaux forcés, à la suppression de leurs droits civils et politiques et à la confiscation de leurs biens. Ils sont incarcérés dans la prison de la 32e, à Montpellier, puis à Lodève, au camp de Mauzac (Dordogne) et à la prison centrale du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Pendant sa captivité, Philomen entretient une longue correspondance avec son épouse.

    Une première tentative d'évasion le 25 avril 1943, à laquelle ne s'est pas joint François, échoue (sur les 26 évadés, 17 sont repris - parmi lesquels Philomen - avec certains de leurs libérateurs). La deuxième évasion de la prison du Puy-en-Velay le 1er octobre 1943 concerne cette fois-ci tous les prisonniers politiques ; elle a été minutieusement préparée par la Résistance qui a tiré les enseignements de la première tentative. Philomen et François Mioch font partie de cette opération et parviennent à s'évader de la prison du Puy-en-Velay ; désormais, le chemin des deux frères se sépare.

    Philomen Mioch rejoint le maquis Gabriel Péri en Auvergne. Il fonde, avec des déserteurs allemands, des Yougoslaves, des Luxembourgeois, le maquis Guy Môquet et, sous le pseudonyme de Commandant Titin Clavel, participe à la libération de Thiers. Puis il rejoint sa femme Carmen, lieutenant FTPF, dans le Lot-et-Garonne. A la Libération, le couple regagne l'Hérault. Au printemps 1945, Philomen Mioch apprend la mort de son frère François au camp de Mauthausen (Autriche). En juillet, la CGT l'envoie aux Etats généraux de la Renaissance française à Paris et il participe au premier défilé du 14 juillet après la Libération. Le couple Mioch a une seconde fille en octobre 1945, puis une troisième en 1948.

    Au cours des années suivantes, Philomen Mioch s'occupe du monde agricole, pour la CGT et la Confédération générale agricole. Il est administrateur de la Mutualité sociale agricole. Pour le parti, il est également membre du Comité de section de Montpelllier, du comité fédéral, puis président de l'Amicale des vétérans du PCF de l'Hérault. Après avoir milité pour la mise en place de la Sécurité sociale, il en devient salarié en 1948. Il est élu représentant du personnel CGT, puis membre du conseil d'administration de la Caisse de Retraite
    des Vieux Travailleurs salariés et de la Caisse d'allocations familiales Montpellier-Lodève en 1950 (il deviendra Vice-Président de cette dernière). Son combat s'adresse toujours aux plus démunis et aux plus faibles, il lutte aussi pour les droits des "vieux", au sein de l'Union des Vieux de France, dont il est le président départemental. Il prolonge ces actions en tenant une rubrique "Lois sociales", dans Le Travailleur du Languedoc. En 1985, il est décoré de l'ordre national du Mérite par le Professeur Jacques Roux.

    Philomen Mioch, alors immobilisé par la maladie, rédige dans les années 1960, sur les conseils de son médecin, ses souvenirs sur des cahiers, qui sont publiés en 1984 sous la titre "Les tribulations d'un ouvrier agricole".

    Carmen et Philomen Mioch, s'établissent dans l'Aude, à Marcorignan. Philomen décède le 17 novembre 1990 à Narbonne, tandis que son épouse décède le 18 juin 1995 dans la même ville.

    François Mioch (1898-1945)

    François Marcellin Mioch nait à Florensac le 22 décembre 1898. Bien que bon élève, il doit quitter tôt l'école pour aller travailler chez un maraîcher. A 15 ans, il gagne son premier salaire comme ouvrier agricole.

    Dès avant sa mobilisation en 1918, il est préoccupé par la situation précaire des ouvriers agricoles ; il devient l'animateur du Syndicat des ouvriers agricoles en 1921 (et le reste jusqu'en 1933). François Mioch entre au parti communiste en 1924 en reconstituant la cellule de Florensac, et prend des responsabilités régionales et nationales. En 1925, il est élu conseiller municipal de Florensac sur une liste qui comporte des socialistes et sept communistes.

    Lors de la grève de 1926, François Mioch dirige la délégation ouvrière face à son  patron, un des plus importants viticulteurs de la région et obtient gain de cause, en faisant payer 8 heures la journée de 7 heures.

    En 1928, il est candidat du parti communiste à Lodève, puis en 1932 dans la 1e circonscription de Béziers. Membre fondateur du Travailleur du Languedoc, il est en 1933 membre de la section agraire du comité central du PCF à Paris, puis secrétaire de la Confédération générale des Paysans Travailleurs (CGPT), où il travaille à des réformes sociales intéressant la paysannerie. Il sillonne la France à la rencontre des paysans pour parler fermage, métayage, calamités agricoles, retraite, lois sur le blé, sur le vin. En 1936, il devient rédacteur en chef de La Terre, journal communiste des paysans, dont il est le membre fondateur avec Waldeck Rochet. Dans ses articles, il dénonce les injustices, les saisies, le chômage, la faiblesse du monde ouvrier agricole face aux patrons des domaines viticoles. Il déclare "travailler à l'amélioration du sort des ouvriers agricoles et des paysans pauvres, lutter contre l'égoïsme de la grosse propriété, du patronat" (défense présentée aux juges de la section spéciale du tribunal militaire de Montpellier le 19 mai 1942). Après la Débâcle, il est de retour à Florensac alors que le parti communiste a été dissous. Il reprend néanmoins ses activités de militant dans la Résistance jusqu'au jour où il se fait arrêter par la police judiciaire de Montpellier. Avec son frère Philomen et leur camarade Jean Roux, arrêté avec eux à Florensac, il comparaît devant la section spéciale du tribunal de Montpellier et est condamné à 8 ans de travaux forcés ainsi qu'à la suppression de ses droits civils et militaires. Il suit ensuite le même parcours que Philomen : emprisonnement à Montpellier, Lodève, Mauzac, Le Puy-en-Velay et évasion de cette dernière prison le 1er octobre 1943. François rejoint ensuite le maquis Wodli en Haute-Loire où il est lieutenant FTPF, sous le pseudonyme de Lieutenant Paul. Il est également chargé par le Parti communiste clandestin du contact avec les ouvriers agricoles. Arrêté par la Milice le 10 mai 1944 à Saint-Etienne, il est incarcéré au fort Montluc, à Lyon, où il subit la torture, puis est interné à la prison Saint-Paul, à Lyon. Le 29 juin 1944, François Mioch fait partie d'un convoi à destination du camp de Dachau. Transféré de Dachau vers Mauthausen, il travaille dans les carrières, puis à l'usine de chars du camp annexe de Saint-Valentin. Il décède le 9 janvier 1945, probablement du typhus.

    Le 22 août 1944, le Comité de Libération de Florensac désigne François Mioch, malgré son absence, aux fonctions de maire. François Mioch est décoré de la Légion d'Honneur à titre posthume.

    Joseph Antonio-Rucosa [José Anton] (1910-1936)

    Joseph Antonio est le fils de José Anton (né le 3 janvier 1882 à Barcelone et mort en 1943 à Barcelone), boulanger, et de Carmen Rucosa-Masferrer (née le 7 décembre 1881 à Barcelone et décédée le 27 janvier 1960 à Montpellier, Hérault).

    Ses parents quittent Barcelone en 1907 pour Marseille. A la suite d'une grave maladie de son père en 1919, Joseph Antonio revient à Barcelone avec ses deux frères et sa sœur née à Marseille. Le plus jeune de ses frères meurt quelques mois après son arrivée à Barcelone. Joseph Antonio, ainsi que son frère Emile et sa sœur Carmen sont pensionnaires de la Maison de Charité de Barcelone avant d'aller travailler dès l'âge de 11 et 12 ans. Joseph et Emile font de fréquents séjours entre Barcelone et Béziers, avant de s'installer définitivement en France lors de la venue de leur sœur et de leur mère vers 1930.

    De grande taille (près de 2 mètres) et sportif, Joseph Antonio gagne régulièrement les courses de garçon de café à Béziers ; il est naturalisé par décret du 13 mai 1936.

    Joseph Antonio s'engage comme volontaire en Espagne républicaine le 3 octobre 1936. Combattant dans les Brigades internationales, il est tué le 25 décembre 1936 dans le secteur de Majadahonda. Les lettres qu'il envoie à sa famille sont celles d'un militant communiste, mais il n'existe aucune preuve d'une adhésion formelle au parti communiste.

    Joseph Antonio est le frère de Carmen Antonio-Mioch.

     

  • Historique de la conservation

    L'ensemble du fonds, avant son entrée aux Archives départementales en 2013, avait déjà fait l'objet d'une mise en ordre par la famille. La correspondance, les papiers d'identité, les cartes et les manuscrits de l'ouvrage Les Tribulations d'un ouvrier agricole étaient ordonnés en dossiers. Les lettres de Philomen Mioch étaient rangées dans des pochettes plastiques et archivées dans des dossiers thématiques ("Ecrits de Philomen Mioch et lettres envoyées de prison", par exemple).

    Le dossier concernant François Mioch se présentait, quant à lui, comme un ensemble de documents originaux et de photocopies d'archives, de coupures de presse, ainsi que de biographies du résistant. Ce dossier résulte probablement d'un travail de rassemblement effectué par Philomen Mioch, qui voulait disposer des éléments nécessaires pour les commémorations et hommages rendus au résistant, et par sa veuve Reine Bertoni Mioch (222 J 37).

  • Modalités d’entrées

    Dons famille Mioch (entrées n° 5561 et n° 6171, respectivement en date du 26 septembre 2013 et du 29 mars 2016 pour la bibliothèque ; entrées n° 5693 et n° 5763, respectivement en date du 21 février et du 4 juin 2014 pour les archives ; entrée n° 7356, 12 octobre 2021).

  • Contenu et structure
  • Présentation du contenu

    Le fonds Philomen Mioch est structuré en trois ensembles : archives personnelles (222 J 33-61) et bibliothèque communiste (222 J 1-28) de Philomen Mioch (comprenant également des dossiers relatifs à son frère François Mioch), archives de Carmen Antonio-Mioch (222 J 30-32), puis archives de Joseph Antonio-Rucosa (222 J 29).

    Les archives de Philomen Mioch sont organisées en cinq sous-ensembles : vie personnelle, Résistance, François Mioch, communisme et militantisme syndical, ouvrage "Les tribulations d'un ouvrier agricole".

    La sous-partie Vie personnelle (222 J 33-35) rassemble les papiers personnels de Philomen Mioch, qui comprennent quelques cartes d'identité (y compris clandestines, comme sa fausse carte au nom d'Antoine Dutour) et de petits agendas personnels où Philomen Mioch notait adresses, rendez-vous, parfois chansons de troupe, poèmes et vocabulaire étranger (il apprenait l'espagnol et, en Syrie, l'arabe). Le petit carnet qu'il tenait pendant son service militaire en Syrie (222 J 33) témoigne de ses centres d'intérêt et de son appétit d'apprendre, dans un secteur où il y avait, semble-t-il, peu d'activités. Sont également conservés un carnet de guerre tenu en 1939-1940, ainsi que la correspondance de Philomen Mioch échangée avec sa femme Carmen, au moment de sa mobilisation sur le front, en 1939-1940 (222 J 35).

    La sous-partie Résistance (222 J 36, 41-43, 61) réunit en premier lieu la correspondance échangée entre Philomen Mioch et son épouse lors de ses différents emprisonnements entre avril 1942 et octobre 1943 (222 J 36) ; la correspondance fournit de nombreux détails sur la vie quotidienne du prsonnier. Philomen Mioch est successivement incarcéré dans les prisons militaires de Montpellier, de Lodève (8 juillet - 18 novembre 1942), au camp de Mauzac (22 novembre - 16 décembre 1942) et dans la prison du Puy-en-Velay (20 décembre 1942 - 24 septembre 1943). Il écrit aussi trois lettres après son emprisonnement, qui sont datées de Clermont-Ferrand (5 septembre 1944), de Nevers (20 décembre 1944) et de Montpellier (8 janvier 1945). Philomen Mioch écrit, presque chaque jour, sur un petit cahier d'écolier dont il arrache les pages. Il donne des nouvelles du quotidien, décrit ses repas, la faim qui le tenaille, les attentes de colis de nourriture et de vêtements. Il parle de ses lectures, de ses promenades, de son procès. Philomen Mioch demande aussi des nouvelles de ses amis et de sa fille. La réponse négative du général de Lattre de Tassigny adressée à Carmen Mioch, qui demandait  l'autorisation d'envoyer des colis à son mari, citée dans les mémoires publiées de Philomen Mioch (page 199) y figure aussi. Philomen Mioch profite de sa captivité pour se perfectionner en espagnol et écrit quelques mots dans cette langue, sans toutefois aller plus loin, la censure le lui interdisant. On trouve aussi dans ce dossier de correspondance la photocopie de l'acte d'accusation du 16 mai 1942, établi au moment du procès, permettant d'éclairer le contexte de rédaction de ces lettres. Un article réunit également de la correspondance relative à la Résistance en Auvergne et à la Libération de Thiers (222 J 61). La sous-partie Résistance comprend également plusieurs collections de journaux et bulletins d'associations patriotiques (222 J 41-43), témoignant de plusieurs adhésions de Philomen Mioch à des associations d'anciens combattants (dont l'ANACR).

    La sous-partie François Mioch (222 J 37-40) concerne le frère aîné de Philomen Mioch. François Mioch est arrêté le même jour que Philomen et emprisonné au même endroit, dans les cellules de la prison de la 32e, à Montpellier.

    Comme Philomen, il s'évade de la prison du Puy-en-Velay. Il est rattrapé par la Milice, à Saint-Etienne, le 10 mai 1944, puis déporté et meurt au camp de Mauthausen. Le dossier documentaire (222 J 37), plutôt composite, rassemble ses cartes de combattant FFI (à titre posthume), une photographie, ses professions de foi aux élections de 1928 et 1932, des cartes postales que François adressait à son épouse et à son frère, la défense rédigée de sa main en vue de sa comparution devant la section spéciale du tribunal militaire, en mai 1942. Ces lignes, griffonnées sur les feuillets d'un cahier d'écolier, proclament la sincérité patriotique et les idéaux politiques de leur auteur. Enfin, on y trouve aussi des projets d'articles de Philomen Mioch sur la vie et le destin de son frère François, pour des hommages que Florensac prévoyait de rendre aux anniversaires de la mort de François Mioch. Deux dossiers et un ouvrage (222 J 38-40) concernent les associations d'anciens déportés et de victimes du nazisme auxquelles adhèrent la famille Mioch : ils réunissent les bulletins de l'Amicale des déportés et famille de déportés de Mauthausen, ainsi que des photographies prises lors du pèlerinage au camp de Mauthausen le 8 mai 1949, clôturent l'ensemble des archives concernant la période de guerre.

    La sous-partie Communisme et militantisme syndical (222 J 44-48, 56-57) témoigne de l'engagement militant de Philomen Mioch. L'activité de Philomen Mioch en tant que membre du parti communiste, parti auquel il adhère en 1924, n'est que peu documentée, par rapport à la multitude des fonctions et des responsabilités qu'il a pu occuper dans le parti (membre des jeunesses communistes, du Comité de section de Montpellier, du comité fédéral). Quelques éléments subsistent de sa préparation de candidat aux élections cantonales de 1951 (affiche de candidature, projet d'animation d'une réunion du parti, programme de candidat conservés sous la cote 222 J 44) et de ses réflexions sur le parti et le communisme (222 J 45). Philomen Mioch est également président de l'Amicale des vétérans du parti communiste, fondée en 1960. Il correspond avec des membres de  l'Amicale, reçoit (ou produit) quelques notices biographiques sur les adhérents, remplit les carnets avec les adresses et les cotisations de ses adhérents (1960-1977). L'activité syndicale (Philomen Mioch est militant à la CGT) apparait aussi dans les archives. Philomen Mioch s'attache à défendre les droits de ceux que l'on appelle alors "les vieux". Il conserve de sa période de présidence du bureau de la Fédération héraultaise de l'Union des Vieux de France, des projets de discours pour les congrès de l'Union (Sète en 1966, Paulhan en 1967), de la correspondance avec le député André Collière et le secrétaire général  de l'Union des Vieux de France (5 novembre 1969), et surtout d'abondantes coupures de presse d'articles rédigés par lui-même entre 1969 et 1983, collées dans un cahier d'écolier (222 J 47). Philomen Mioch s'est aussi impliqué personnellement auprès du Préfet de l'Hérault pour faire respecter le droit au logement pour un couple de personnes âgées de Balaruc-les-Bains, menacé d'expulsion (1968, 222 J 47).

    La dernière sous-partie Ouvrage "Les Tribulations d'un ouvrier agricole" (222 J 49-55, 58-60) est constituée des versions manuscrites et dactylographiées de l'ouvrage de souvenirs de Philomen Mioch, paru en 1984 et édité à compte d'auteur, avec une préface de Paul Balmigère, alors député de l'Hérault. Quelques cahiers de prises de notes ont servi à la rédaction du manuscrit et sont conservés (222 J 49). Les souvenirs consignés dans Tribulations d'un ouvrier agricole s'arrêtent en 1948. Après cette date, comme l'écrit l'auteur lui-même dans ses mémoires (page 252), une nouvel avenir s'ouvre à lui, car il entre à la Sécurité sociale et la vie qui l'attend - celle d'employé à la "Sécu" - est tout autre, mais toujours placée au coeur d'un militantisme "pour la Liberté, la Justice et la Paix". Cette sous-partie rassemble également, outre un exemplaire de l'ouvrage (222 J 55), l'ensemble de la correspondance relative à la rédaction du livre, puis à sa parution (222 J 52-53).

    La bibliothèque communiste de Philomen Mioch (222 J 1-28) permet appréhender sa formation et son apprentissage du communisme : sont ainsi présents les théoriciens russes et soviétiques, Marx, Lénine, Staline (222 J 1-3), des écrits et discours de dirigeants du parti communiste français (Maurice Thorez, Jacques Duclos...) et du syndicaliste Benoît Frachon (222 J 11-12). Des ouvrages relatifs à la question agricole et viticole en France, ainsi que des périodiques communistes complètent l'ensemble (222 J 14-28). Une grande partie des ouvrages de la bibliothèque communiste de Philomen Mioch a été cachée pendant la guerre 1939-1945 dans une malle, enterrée dans le magasin des parents de Philomen Mioch à Florensac.

    La deuxième partie du fonds, constituée des archives personnelles de Carmen Antonio-Mioch, épouse de Philomen Mioch, se compose de trois dossiers (222 J 30-32). Le premier d'entre eux (222 J 30) réunit des papiers d'identité, relatifs à sa vie civile et citoyenne (carte nationale d'identité, passeport, cartes d'électrice), à ses engagements politiques (carte d'adhérente au parti communiste), associatifs (auprès notamment des associations d'anciens combattants FNDIRP et ARAC) et militants (Secours populaire, Mouvement pour la Paix). Les deux autres dossiers (222 J 31-32) illustrent des fragments de sa vie de résistante, de militante et de membre du parti communiste, témoignant d'une personnalité de femme de conviction qui ne recule pas lorsqu'il s'agit de prouver son bon droit. Les pièces conservées dans le dossier 222 J 31 attestent ainsi que Carmen Antonio-Mioch est allée jusqu'au bout des recours possibles pour faire valoir sa demande de révision de pension militaire d'invalidité.

    Enfin, la dernière partie du fonds (Joseph Antonio-Rucosa, 222 J 29) rassemble en un article, outre un diplôme scolaire de 1920, la correspondance échangée entre Joseph Antonio-Rucosa et sa mère lorsque, volontaire dans les Brigades internationales, il est engagé au combat sur le Front de Madrid (222 J 29).

    Le fonds Philomen Mioch constitue ainsi un fonds de militant, de cadre du parti communiste et de résistants particulièrement intéressant pour l'histoire politique et sociale de l'Hérault et du Languedoc.

  • Accroissement

    Fonds clos.

  • Conditions d’accès et d’utilisation
  • Modalités d’accès

    Fonds communicable selon les lois et décrets en vigueur pour les archives publiques.

  • Langue
    Français et espagnol.
  • Sources complémentaires
  • Sources complémentaires

    Archives départementales de l'Hérault, fonds de la Préfecture :

    - sous-série 3 M Elections

    - sous-série 4 M Police (concerne notamment les mouvements politiques et syndicaux)

    - 30 W 3 : demande d'attribution de la Médaille de la résistance pour François Mioch (1946).

    Service historique de la Défense, Bureau Résistance

    GR 16 P 420812 : Dossier administratif individuel de Résistant de Philomen Mioch.

    GR 16 P 420811 : Dossier administratif individuel de Résistant de François Mioch.

  • Bibliographie

    Blin-Mioch, Rose, "François et Philomen Mioch, de Florensac, deux ouvriers agricoles "au devant de la vie", in Etudes Héraultaises, n° 44-2, 2014, pages 113-125.

    Mioch, Philomen, Le Travailleur du Languedoc, Fédération de l'Hérault du parti communiste français, 1926-1939.

    Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement social [consultable en ligne], notices biographiques de Philomen Mioch et François Mioch, rédigées par Jean Sagnes ; notice de Joseph Antonio-Rucosa, complétée par Rose Blin-Mioch.

     

Pour aller plus loin

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