Importance matérielle : 4,45
CONTEXTE :
Présentation du producteur : Dès 1284, les Dominicaines du couvent de Prouille, par l'intermédiaire de leur prieur Arnald Segnerii, faisaient l'acquisition de terrains sis à Montpellier, au lieu dit "clos d'Arnaud Étienne" ou encore "Gabian", dans l'intention clairement énoncée d'y faire construire un couvent (voir 62 H 14, copie d'un acte notarié d'achat : "ad construendum seu edificandum ibidem monasterium"). Le couvent des Dominicaines s'élevait près de celui des Dominicains, à l'emplacement de l'actuel Plan Cabannes.. La décision de fondation d'un couvent de dominicaines à Montpellier fut officiellement prise au chapitre provincial d'Avignon en 1288. Bernard Grandis, premier prieur du couvent de Montpellier, reçut donation, de la part des religieuses de Prouille, de tous les biens que ces dernières possédaient dans le diocèse de Maguelone. Les bâtiments claustraux furent édifiés entre 1288 et 1295, date de l'installation solennelle de 9 religieuses venues du couvent de Prouille.
Pendant la guerre de Cent Ans, en raison de l'insécurité que firent régner le grandes compagnies dans les faubourgs de Montpellier, le couvent fut transféré à l'abri de la Palissade, dans les murs de l'hôpital Saint-Guilhem qui leur fut attribué avec tous ses biens par le consulat de la ville en 1382.
Les Dominicaines de Montpellier étaient communément appelées "Prouillanes" ou "Prouillanes de Saint-Guilhem" ou encore "Prouillanes de Sainte-Catherine", bien qu'il ne faille pas les confondre avec les religieuses augustines du couvent de Sainte-Catherine de Saint-Gilles. En 1437 les Dominicaines de Saint-Guilhem furent unies à l'abbaye cistercienne du Vignogoul (voir sous-série 59 H). Cette union fut annulée en 1446, les deux couvents reprenant leur autonomie, ce qui ne fut pas sans poser par la suite de délicats problèmes de partages de biens entre les deux communautés.
Le couvent fut détruit en 1561 par les protestants, puis encore en 1574. Les Dominicaines de Montpellier tachèrent de se relever et reconstruisirent leur maison, au même endroit, malgré tous les obstacles qui leur furent faits. Mais à nouveau, en 1621, une décision du consulat protestant de Montpellier fit raser le couvent de fond en comble. Le terrain lui même fut bouleversé pour l'édification d'une redoute qui défendait la porte Saint-Guilhem.
Après le siège de 1622, les Dominicaines de Montpellier, renforcées par un fort contingent de soeurs venues du couvent du Puy-en-Velay, s'installèrent provisoirement dans la maison du sieur Reynes, louée par la prieure Blanche de Castillon. Puis elles achetèrent la maison des sieurs Pierre et Henri Duchier, et y firent prononcer leur clôture le 31 décembre 1635. En 1638, à nouveau, leur clôture fut prononcée dans une maison qu'elles venaient d'acquérir du conseiller de Massanes, rue de la Blanquerie. Mais, entre temps, les Dominicaines ne se désintéressaient pas de leur ancien clos, près de la porte Saint-Guilhem. A force de procédures elles se firent restituer ce terrain et le remirent en état. Il semblerait qu'une église y fut édifiée dès 1644. Cependant leur translation dans ce nouveau couvent n'eut lieu qu'en 1660.
Définitivement installées, les religieuses ne cessèrent d'augmenter leur clos et d'embellir leur couvent et leur église. En 1727 le couvent comptait 28 religieuses et 16 pensionnaires, avec des revenus se montant à 5793 livres et des charges chiffrées à 7837 livres, le déficit étant comblé par des apports venant des familles des religieuses. A la Révolution 22 religieuses occupaient un couvent pouvant en accueillir 34, les revenus atteignaient 7994 livres, les charges, non compris l'entretien des religieuses, 1584 livres.
Modalités d’entrée : Saisies révolutionnaires
CONTENU ET STRUCTURE :
Présentation du contenu : Les archives des dominicaines de Montpellier permettent de reconstituer les différents épisodes de leur histoire. Sur les balbutiements d'une politique foncière suffisamment développée pour acquérir un terrain de construction (62 H 3), jusqu'à la gestion d'un capital foncier de premier ordre penant les derniers siècles de l'Ancien Régime (62 H 12-32, 40-48), les documents sont nombreux. On note ainsi une proportion importante de testaments en faveur de l'ordre du XIIIe au XVIe siècle (62 H 8-11), ainsi que plusieurs donations donnant des indices précieux sur les origines du personnel du couvent tout au long de la période moderne (62 H5). Des données précises sur les différentes destructions puis reconstructions des bâtiments claustraux aujourd'hui disparus y figurent également (62 H 33). Enfin la comptabilité est presque complète de 1521 jusqu'à la Révolution (62 H 34-39). À noter également la présence d'un antiphonaire du XVIIe siècle rassemblant les chants et prières des temps liturgiques de l'année (62 H 7).
Classement : Archives : 62 H 1
Fondation et statuts du couvent : 62 H 2
Affaires générales : 62 H 3
Privilèges : 62 H 4
Personnel : 62 H 5-6
Liturgie, spiritualité : 62 H 7
Testaments : 62 H 8-11
Temporel : 62 H 12-32
Bâtiments : 62 H 33
Comptabilité : 62 H 34-39
Impositions : 62 H 40-43
Procédures : 62 H 44-48
Période révolutionnaire : liquidation des biens du couvent : 62 H 49
Pièces isolées : 62 H 50-51
SOURCES COMPLÉMENTAIRES :
Sources complémentaires aux archives de l’Hérault : Série C : intendance de Languedoc
C 492 : état des maisons religieuses (1727)
C 493 : titres de fondations (1717-1723)
C 495 : état des communautés religieuses (1727)
C 6333 : agrandissement du portail du couvent (1789)
Sous-série 2 E 95 : notariat ancien acquis par le clergé
Voir les références données par Louise GUIRAUD, "La paroisse Saint-Denis de Montpellier.."
Sous-série 3 E : registres paroissiaux et d'état civil
3 E 177 / 50 : registres de noviciats, vêtures et mortuaires (1736-1787)
Série G : clergé séculier
G 3961 : procédure contre le chapitre de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier (1618)
G 4391 : lods et usages servis au couvent (1683-1756)
Sous-série 1 Q : domaines nationaux (Révolution)
1 Q 457 : vente du mobilier (1790-1792)
1 Q 1110 : vente du couvent (1791-an III)
Bibliographie : Voir les références données dans :
BEAUNIER (dom Charles), BESSE (dom Jean-Martial), Abbayes et prieurés de l'ancienne France, t. 4 : Provinces ecclésiastiques d'Albi, Narbonne et Toulouse, Paris, Jouve, 1911, p. 197, note 5
Voir également :
AIGREFEUILLE (Charles d'), Histoire de la ville de Montpellier depuis son origine jusqu'à notre temps, nouvelle édition de M. de La Pijardière, Montpellier, Coulet, 1875, 4 t. , t. 3, p. 462-463.
BONNET (Émile), Bibliographie du diocèse de Montpellier, Montpellier, G. Firmin et Montané, 1900, 146 p.
BROCA (Étienne), Les implantations religieuses à Montpellier, Montpellier, sans éditeur, 1988, 221 p.
DEVIC (Dom Cl.) VAISSETTE (Dom J.), Histoire générale de Languedoc, Toulouse, Privat, 15 vol., t. 4, p. 822
GUIRAUD (Louise), La paroisse Saint-Denis de Montpellier, Montpellier, J. Calas, 1887, 320 p.
GUIRAUD (Louise), Études sur la Réforme à Montpellier, Montpellier, veuve Louis Valat, 1918, 2 vol., 816 et 658 p.
GRATIEN (P.), Histoire de la fondation et de l'évolution de l'ordre des frères mineurs au XIIIe s., 1928.
PHILIPPI (Jean), Mémoires touchant les choses advenues pour le faict de la religion à Montpellier et dans le Bas-Languedoc (1560-1600), Montpellier, J. Martel Aîné, 1880, 287 p.
POUJOL (Abb), "Les Dominicains et les Dominicaines au XIIIe s. à Montpellier", Mélanges Cabrières, t. 1, 1899, p. 543-569.
SUNDT (Richard Alfred), The churches of the dominican order in Languedoc, 1216 to c.a. 1550, An Arbor (Michigan, U.S.A.), University microfilms internationals, 1983, 435 p.
VICAIRE (Marie Humbert), "L'action de Saint-Dominique sur la vie régulière des femmes en Languedoc", La femme dans la vie religieuse du Languedoc, Cahiers de Fanjeaux, n°23, p. 217-240, Toulouse, Privat, 1988.
VICAIRE (Marie Humbert), "Le développement de la province dominicaine de Provence" (1215-1295)", Les mendiants en pays d'Oc au XIIIe s., Cahiers de Fanjeaux, n°8, p. 35-77, Toulouse, Privat, 1973.