Hippolyte Marie Eusèbe Bras, dit aussi Frédéric Bras, naît à Montpellier le 13 août 1868 dans la maison Angelvin, rue de Ratte. Son père, Louis Paul Marie Frédéric Bras, âgé de 23 ans est alors commis et sa mère, Félicie Marguerite Domergue, âgée de 22 ans, lingère (ADH, 5 Mi 1/89).
Louis Paul Marie Frédéric Bras est lui-même né le 23 juillet 1845 à Montpellier, de Pierre Eusèbe Bras, un instituteur, et de Joséphine Fraissinet (ADH, 5 Mi 1/80). Tandis que cette dernière décède le 5 août 1865, Pierre Eusèbe Bras est devenu marchand d'articles religieux lorsque son fils épouse Félicie Marguerite Domergue le 19 novembre 1867 (ADH, 5 Mi 1/ 106).
Cette dernière est née le 4 juillet 1846 dans la maison Peyrolle, boulevard de l'Hôpital général. Son père, Jacques Domergue, âgé de 32 ans, est alors jardinier. Sa mère, Marie Balp, âgée de 26 ans, est sans profession, mais lors de son mariage en 1843 elle est marchande d'indiennes (ADH, 5 Mi 1/80 et 5 Mi 1/102). Lorsque leur fille se marie en 1867 ils sont devenus marchands de comestibles. Marie Balp, née à Saint-André-de-Sangonis en 1820, décède le 17 novembre 1901 à Montpellier (ADH, 5 Mi 32/23 et 5 Mi 58/71).
La mère d'Eusèbe Bras donne naissance à une fille, Maria Héloïse, le 4 décembre 1870, au n° 9 de la rue des Trésoriers de la Bourse. Son mari est alors soldat au 17e régiment de chasseurs à pied. Lorsqu'elle accouche de sa seconde fille, Louise Marie Olympe, le 17 décembre 1872, il est de retour au foyer familial et travaille comme commis (ADH, 5 Mi 1/90 et 5 Mi 1/91).
Le père d'Eusèbe Bras, Louis Paul Marie Frédéric, décède à 37 ans alors que son fils est âgé de 14 ans. Au moment de sa mort, le 9 février 1883, il habite boulevard Oudinot à Oran (Algérie) avec son frère Emile qui est libraire (ANOM, état-civil d'Oran). Il était alors reconnu comme comptable ou commerçant.
Lors du tirage au sort effectué pour le recrutement dans l'armée à 20 ans, Eusèbe Bras, déjà photographe, invoque le veuvage de sa mère et le fait d'être son unique fils ainsi que sa myopie pour échapper au service militaire. Le conseil de révision l'affecte alors au service auxiliaire, surtout en raison de son manque d'acuité visuelle (ADH, 1 R 319).
Eusèbe Bras se marie avec Augustine Henriette Clotilde Baron le 25 janvier 1894 et en divorce le 30 novembre 1900 (5 Mi 58/55 et 3 U 3/316). Il épouse ensuite Rose Marie Louise Joséphine Pierre le 3 novembre 1904. Directrice de l'école Paul Bert de Montpellier elle est alors âgée de 43 ans (ADH, 3 E 177/517). Il en divorce aussi le 6 juillet 1921 avant de se remarier avec Germaine Félicie Rozières le 17 juillet 1929 (ADH, 3 U 3/361 et AM de Montpellier, 2 E 140). Celle-ci, alors artiste photographe, est âgée de 29 ans et domiciliée à Montpellier, rue Dessalle, dans la maison Vialla. Leurs témoins sont Paul Hamelin, un ancien imprimeur, et Henri Bésiné, un artiste peintre, tous deux de Montpellier. Eusèbe Bras, âgé de 60 ans, exerce toujours son activité de photographe. Germaine Rozières a travaillé comme modèle pour lui avant leur mariage et continue par la suite. Elle est toujours présentée comme artiste photographe lorsque naît leur fille, Michelle Félicie Monique Bras, le 9 novembre 1933 (ADH, 3 E 177/561).
Germaine Félicie Rozières est née le 16 mai 1900 à Montpellier, rue Magnol (ADH, 5 Mi 58/20). Son père, Germain Maximin Rozières est alors garçon d'hôtel. Il a 31 ans quand sa femme, Anaïs Dejean, couturière, en a 23. Germain Maximin Rozières est originaire de l'Aveyron. Il naît à Gabriac le 2 mai 1869, où ses parents, Jean Joseph Eugène Rozières et Marie Anne Victoire Gay, sont domiciliés (AD Aveyron, 4 E 93/7). Ceux d'Anaïs Dejean sont installés à Montpellier. Son père, Guillaume Dejean, y est jardinier ; sa mère, Jeanne Magot, est sans profession. Cette dernière décède à un âge avancé. Née le 19 décembre 1842, elle s'éteint le 18 août 1936 à 94 ans (AM de Montpellier, 3 E 149).
Germaine Rozières a deux frères et sœurs : Jeanne naît le 8 novembre 1901, Lucien le 6 octobre 1908. Jeanne épouse Georges Pardos le 30 octobre 1926 à Montpellier en premières noces, et Paul Edouard Henri Pago en secondes le 25 octobre 1948 à Sète (ADH, 5 Mi 58/21). Lucien, alors menuisier ébéniste, se marie avec Germaine Julie Denise Portes, une domestique née à Canet, le 7 janvier 1933 à Cabrières (AM de Montpellier, 1 E 137 et ADH, 3 E 45/28).
Leurs parents meurent successivement sans laisser d'héritage. Germain Maximin Rozières décède au n° 15 ou 16 de la rue du Courrau le 15 juin 1948 et Anaïs Dejean le 14 mai 1949 chez sa fille, au n° 2 du passage Lonjon (AM de Montpellier, 3 E 165 et 167 ; ADH, 3 Q 8810 et 8811).
À ses débuts, l'atelier d'Eusèbe Bras est installé place de la Saunerie, tout comme celui du photographe Bonnefoy-Baumets, qui est recensé dans l'Annuaire de l'Hérault au n° 1, notamment en 1889 et 1894. Sa propre publicité apparaît dans l'ouvrage à partir de 1892. Eusèbe Bras a 24 ans lorsqu'il investit la maison qui fait l'angle entre la rue du Faubourg de la Saunerie et la rue des Grenadiers (actuelle rue Paul Brousse). En 1899 il déménage au n° 2 du passage Lonjon (ADH, PAR 1600/68, PAR 1600/71, PAR 1600/73 ; Jolivet, p. 4). Il travaille dans un premier temps au dernier étage, là où de grandes verrières permettent de profiter de la lumière. Avec l'évolution de la technique photographique la lumière naturelle devient moins cruciale et l'atelier descend dans les étages. D'après les publicités Eusèbe BRAS est lauréat de plusieurs médailles d'or dans sa pratique photographique, au moins quatre. Et au début de sa carrière, dans les années 1900, il reçoit le deuxième prix lors du 1er concours international de La Revue de photographie.
L'atelier du n° 2 du passage Lonjon est aussi le siège de la société Niképhora-Film, ainsi que le lieu d'habitation d'Eusèbe Bras et sa famille.
En 1915 et 1927 Eusèbe Bras achète des terrains à Castelnau-le-Lez, au lieu-dit les Guilhem, et se constitue une petite propriété au bord du Lez : de la garrigue, un mazet et deux garages à canots. À la suite d'un prêt avec hypothèque contracté en 1922, il est obligé de la vendre avec usufruit à sa deuxième sœur Louise Marie Olympe Bras, devenue l'épouse de Marie Joseph Joullié le 12 mars 1895 à Montpellier et résidant à Frontignan. La somme issue de la vente permet de le rembourser. Le couple et le photographe vendent définitivement la propriété, fort dégradée, à un polytechnicien parisien en 1928 (ADH, 45 Q 1/1976, 45 Q 1/1987, 45 Q 11/200, 45 Q 11/321).
Par ailleurs pendant plusieurs décennies Eusèbe Bras se rend en villégiature au Lavadou à Saint-Guilhem-le-Désert. La maison, qui surplombe l'Hérault, est détruite par un incendie en 1940, lors de la Seconde Guerre mondiale. La plage de Palavas-les-Flots, où la famille loge sur la rive gauche, a aussi ses faveurs.
Lorsqu'Eusèbe Bras déclare son activité pour être immatriculé au registre du commerce, le 31 décembre 1920, il est déjà installé au n° 2 du passage Lonjon. Il obtient le n° 4244. Il est indiqué que son entreprise existe depuis janvier 1880, ce qui est peu vraisemblable vu son âge. Le compte n'a pas été radié (ADH, 6 U 5/208 et 6 U 5/227). La même déclaration vaut pour Niképhora-Film. Un courrier à l'en-tête de cette société, qu'il adresse à Marius Cathala, président de la Confédération générale des Vignerons d'Argelliers, à propos du tournage d'un documentaire intitulé "La Vigne méridionale et le Vin", en septembre 1926, porte ce même numéro du registre du commerce (AD Aude, 15 Dv 27/121-122). Son bandeau comprend les mentions suivantes : "Niképhora-Film / Directeur artistique Bras - Studio, laboratoires, atelier : Passage Lonjon, 2 - Montpellier".
Eusèbe Bras décède le 28 août 1956 à Montpellier, au n° 2 du passage Lonjon, âgé de 88 ans. Sa femme Germaine et sa fille Michelle Monique, alors employée aux Galeries Lafayette tout comme son conjoint Jean Moutet, sont ses héritières. En dehors d'une somme d'argent et de meubles, le testament décrit dans la déclaration de succession recense « un fonds artisanal de photographie exploité à Montpellier passage Lonjon n° 2, connu sous le nom de Studio Bras ». Il comprend des éléments incorporels, tels que la clientèle, l'achalandage, le nom commercial et le droit au bail ; ainsi que des éléments corporels, à savoir le matériel et le mobilier commercial. Dans cette dernière catégorie sont recensés un appareil de portrait, un appareil de prises de vues extérieures, des cuvettes, des meubles de pose postiche, une chaise, un fauteuil et une banquette, un bureau, une console et un miroir (ADH, 3 Q 10652).
Germaine Rozières se remarie après la mort d'Eusèbe Bras. Elle épouse Pierre Lafont le 10 février 1962 à Castelnau-le-Lez, et en divorce le 21 novembre 1973. Elle décède dans cette commune le 11 février 1982 (ADH, 5 Mi 58/20).