Église réformée de Sète :
Après la construction du port commencée en 1666, la ville de Sète naît officiellement en 1673. Étant exemptée de taxes, elle attire facilement de nouveaux habitants, dont quelques dizaines de protestants, qui abjurent tous quand l'Edit de Nantes est révoqué en 1685.
Au XVIIIe siècle, de nouveaux protestants arrivent dans la cité et vivent discrètement leur foi en famille, sans aucune institution ecclésiale, en se conformant à une catholicité de façade. Parmi les immigrants, on compte des Italiens, catholiques, actifs dans la pêche, mais aussi des Suisses, des Hollandais et des Allemands, protestants et spécialisés dans le négoce. Les deux tiers des protestants viennent du Languedoc et des Cévennes, et le dernier tiers est originaire des autres régions de France ainsi que des pays étrangers. Autour de 1750, les protestants sétois sont environ une centaine et se réunissent dans une grange au bord de l'étang de Thau. En 1754, la communauté commence à tenir un registre. Vers 1770, un pasteur s'installe à Sète ; il dessert aussi Villeveyrac et Cournonterral.
En quarante ans, la population protestante quadruple, et en 1789 elle compte 450 personnes, soit 6 % de la population. Un négociant sur quatre est protestant, en général d'origine étrangère. Les autres protestants, en particulier ceux originaires du Languedoc et des Cévennes, se sont spécialisés dans la tonnellerie. Les protestants habitent dans tous les quartiers de la ville, mais ils sont plus nombreux sur les quais qui bordent le canal.
Dans l'ensemble, les protestants sétois font plutôt bon accueil à la Révolution et y participent activement. Les négociants, quant à eux, semblent plus partagés.
Pendant la période révolutionnaire, le pasteur Jacques Vincent quitte le ministère. Le culte, qui se tenait jusque-là dans un grenier près de la mer, est suspendu à la fin de l'année 1793. L'année suivante, un négociant protestant, Louis Flickwier, devient maire de la ville, mais pour quelques semaines seulement. Après la Révolution, les protestants de Sète mettent du temps à se réorganiser.
À Sète, les relations avec les catholiques semblent moins problématiques que dans d'autres lieux, pour deux raisons : d'une part, les protestants ne sont pas menaçants parce qu'ils ne sont qu'une petite minorité, et, d'autre part, ils jouissent d'une bonne situation économique. Il n'en demeure pas moins qu'en 1811, la liaison amoureuse qu'entretient le pasteur Philippe Juillerat-Chasseur avec une catholique est mal acceptée. On ne conçoit pas qu'il puisse l'épouser. Finalement il s'en va.
À partir de 1835, Coraly Hinsch, qui s'inscrit dans le mouvement revivaliste, fonde une Église indépendante, qui essaime dans les régions environnantes. Elle reproche aux membres de l'Église concordataire de ne pas être vraiment chrétiens, de sorte que les relations deviennent vite conflictuelles. En 1847, elle ouvre à Sète un établissement de bains de mer. Le mouvement hinschiste est actif pendant tout le XIXe siècle et disparaît seulement au milieu du XXe siècle.
Pendant cette période, le protestantisme s'inscrit dans le paysage de la ville : en 1832, la construction d'un premier temple est engagée ; l'inauguration a lieu en 1834.
L'Église de Sète se reconnaît dans le courant évangélique au sein d'un consistoire de tendance libérale. En 1862, elle refuse un suffragant libéral, qui est remplacé par un évangélique : le pasteur Lucien Benoît.
En 1865, Lucien Benoît fonde sur la Corniche la Société des bains de mer du Lazaret, qui au début utilise des baraquements militaires. En 1876, il crée un comité sétois en faveur du repos et de la sanctification du dimanche, et il organise des réunions de quartier pour les employés qui ne peuvent pas venir au culte parce qu'ils travaillent, le dimanche n'étant pas encore un jour férié. En 1884, il organise un diaconat. À cette époque, les protestants qui arrivent à Sète ont une origine plus modeste : il s'agit souvent de viticulteurs touchés par la crise du phylloxéra.
L'Église emploie un concierge, un lecteur et un chantre. Durant cette période, la population protestante croît régulièrement, jusqu'à compter près de 2 400 personnes en 1886, soit 6,3 % de la population sétoise. En 1890, un deuxième poste pastoral est ouvert : Pierre Médard vient seconder Lucien Benoît, très apprécié mais vieillissant. C'est alors que la population protestante de Sète commence à diminuer. En 1892, un médecin protestant du parti radical, Ernest Scheydt, devient maire de la ville pour trois ans.
En 1905, les protestants de Sète accueillent avec une certaine réserve la loi de séparation des Églises et de l'État. L'Église connaît effectivement, pendant la période qui suit, quelques difficultés financières. Cela ne l'empêche cependant pas de s'équiper. En 1913, un orgue est installé au-dessus de la chaire. En 1932, des salles annexes sont construites derrière le temple, qui servent en particulier aux Éclaireurs. Le Lazaret est agrandi dans les années 1920. En 1927, un directeur autonome remplace le pasteur, qui avait jusqu'alors géré l'établissement.
De 1925 à 1951, la publication d'un bulletin paroissial, "Le lien", informe et soude la communauté.
Dans les premiers temps, l'Église de Sète ne rejoint aucune union et reste autonome. C'est seulement en 1921 qu'elle adhère aux Églises réformées évangéliques. En 1938, elle rejoint la nouvelle Église réformée de France, mais garde son autonomie financière jusqu'en 1945. En septembre 1942, elle accueille Élisabeth Schmidt (1908-1986) pour seconder le pasteur Van den Perk (elle est la première femme pasteur de l'Église réformée de France, consacrée en 1949).
Sources : Gaussent (Jean-Claude), Les protestants et l'Église réformée de Sète, Nîmes, Lacour, 1993.
Jean Barral (1908-1980) :
Fils du pasteur Armand Barral, Jean Barral naît à Genève-Plainpalais (Suisse) le 17 mai 1908. Il consacre sa thèse de baccalauréat en théologie (Faculté de théologie de Montpellier) à la biographie de Simon Lombart, pasteur du Désert (1738-1818), étude pour laquelle il reçoit le prix de l'Histoire du Protestantisme français en 1934. Il se marie en 1935 avec Yvette Gleyze à Nîmes avec laquelle il aura quatre enfants. Jean Barral est d'abord pasteur dans les Cévennes, puis il rejoint l'Église de Toulon en juillet 1942. Il s'engage dans la Résistance, où il affiche clairement ses opinions jusque dans ses sermons : sous l'Occupation, il diffuse Les Cahiers du Témoignage chrétien, et fait partie des Mouvements unis de la Résistance. En 1943, à la demande du Commissariat national des Éclaireurs Unionistes, il publie le "Noël du proscrit : récit inspiré de l'histoire huguenote" (Toulon, édition de Baudran). Il y conseille les Éclaireurs, qui se dirigeront vers le maquis local en juin 1944. Il vient également en aide à plusieurs familles juives et, au moment de la Libération, se mobilise en faveur des blessés et des sinistrés.
Après la guerre, Jean Barral reprend son ministère à Toulon, à la fois comme pasteur et aumônier de la Marine. Il a à charge la reconstruction de l'immeuble paroissial détruit sous les bombardements. Au terme d'une tournée en Europe, puis aux États-Unis, il récolte les fonds nécessaires pour inaugurer en 1953 un nouveau Foyer de la jeunesse, doté d'un théâtre, d'un restaurant et d'autres œuvres multiples. Il est secrétaire général de l'Alliance biblique française à Paris de 1959 jusqu'à sa retraite en 1968. C'est dans ce cadre qu'il conçoit les panneaux d'une exposition biblique qui, accompagnée de conférences, tourne dans la toute la France. Jean Barral meurt à Toulon le 2 février 1980.
Gaston Bourguet (1877-1955) :
Gaston Bourguet naît le 30 juillet 1877 à Cambias, Brusque (Aveyron). À 13 ans, il est admis au petit lycée de Montpellier, puis, à 16 ans, entre à l'École préparatoire de théologie de Tournon (il vit alors chez sa tante, la veuve du pasteur Pierre Bourguet). En 1895, Gaston Bourguet est admis à la Faculté de théologie de Montauban, puis exerce son ministère de 1897 à 1954. Il se marie le 10 septembre 1902 à Nîmes avec Marie-Louise Thomas. Gaston Bourguet est mobilisé comme aumônier pour matelots pendant la Première Guerre mondiale. Il exerce son ministère dans les paroisses de Crest (1897-1908), du Vigan (198-1919), d'Asnières et Bourges (1919-1925), d'Ardaillès (1925-1935), d'Aumessas (1935-1948) et de Mandagout (1948-1954). Il décède le 21 juin 1955 au Gasquet, à Valleraugue (Gard).
André La Barbe (1924-2015) :
André La Barbe naît le 17 novembre 1924 à Alfortville (Val-de-Marne). Il se convertit au protestantisme et reçoit le baptême en 1952 en Bretagne, puis suit des études de théologie à l'Institut Biblique de Nogent-sur-Marne de 1952 à 1955. André La Barbe entre comme pasteur en 1955 dans la Fédération des Églises Évangéliques Baptistes de France (FEEBF). En 1956, il se marie. Il débute son ministère la même année à Mont-sur-Marchienne en Belgique dans l'Union des Églises baptistes de Belgique, assurant également des fonctions de professeur de religion protestante et d'aumônier de la prison de Charleroi. De retour en France, il est ensuite pasteur successivement en Savoie à Ugine (1964-1966), puis Chambéry (1966-1973). Il oeuvre ensuite à l'Église baptiste d'Antony, dans les Hauts-de-Seine (1973-1982). Enfin, de 1982 à 1991, il est pasteur à Vesoul, en Haute-Saône (il prend sa retraite en 1989 et continue son ministère encore 2 années comme pasteur retraité). Il s'installe ensuite à Montpellier, avant de décéder à Souvignargues (Gard) le 5 juin 2015.
Claude Maillart (1930-2013)
Claude Maillart, né le 3 octobre 1930 à Saint-Quentin (Aisne) et pasteur en 1961, exerce son ministère à partir de 1965 au temple de la rue Brueys, à Montpellier. Pasteur dans le Gard et l'Hérault, il est également informateur régional de l'Église réformée de France de la région Cévennes-Languedoc-Roussillon. Claude Maillart décède le 5 septembre 2013 à Nîmes (Gard).
Roger Parmentier (1918-2012) :
Roger Parmentier naît le 25 juillet 1918 aux Bordes-sur-Arize (Ariège). En 1937, il part avec sa famille s'installer à Constantine où, rapidement il s'intéresse au judaïsme. Lecteur de la Bible, il considère les Juifs comme membres de sa famille et est scandalisé par le nazisme. En 1941, après sa démobilisation, il choisit de s'installer à Paris pour suivre des études de théologie à la Faculté protestante du boulevard Arago. Il suit le prêche du pasteur Pierre Maury, insufflant l'esprit de résistance au nazisme. Il participe à un groupe clandestin d'étudiants et, à la demande de la Cimade, avec un camarade, parvient à sauver un petit garçon juif qui était conduit à Drancy ("Nous étions des pro-Juifs inconditionnels", écrit-il). Après la Libération, il participe à la création des rencontres entre Juifs et Chrétiens qui ouvrent le chemin à l'amitié judéo-chrétienne. Il connaît le pasteur Lovsky, Jules Isaac, le poète juif Edmond Fleg et dévore les ouvrages théologiques concernant les Juifs. Il se marie à Annette Monod qui lui donne six fils.
Jeune pasteur de l'Église réformée de France et père de famille, il part s'installer en 1948 à Sétif, peu de temps après les massacres de mai 1945. Il y exerce son ministère jusqu'en 1950, puis gagne ensuite Philippeville (où il exerce jusqu'en 1955). Dès le printemps 1954, Roger Parmentier apprend par des policiers et soldats protestants que des tortures sont infligées à des suspects de nationalisme et que des villages sont bombardés. Aussitôt, il écrit au pasteur Marc Boegner, président de la Fédération protestante, qui n'hésite pas à venir sur place et est reçu par des officiers supérieurs, demandant ensuite audience au Président de la République et au Président du Conseil. Roger Parmentier ne s'étonne pas, quelque temps plus tard, de recevoir la visite de deux officiers lui annonçant qu'il doit regagner la métropole car la vie de sa famille est en danger. Sa femme Annette et ses enfants quittent l'Algérie, mais il choisit de rester à Philippeville ; sa situation devient alors de plus en plus difficile, certains pasteurs le qualifiant de "pasteur fellagha". Roger Parmentier est alors un témoin gênant de la répression et, à l'automne 1955, il doit se résigner à son tour à abandonner l'Algérie.
Nommé à Rodez (il y reste jusqu'en 1964), Roger Parmentier s'empresse de faire connaître, en multipliant les réunions, la situation réelle de l'Algérie. Il écrit : "Je rencontrai assez souvent une franche hostilité", et ajoute : "Dès ce temps de Rodez, bien des protestants ont cru bon de se transformer à mon égard en ennemis ; mais moi, je n'ai pas d'ennemis, tout au plus des adversaires avec qui il convient de dialoguer et d'échanger informations et arguments". Telle sera ainsi toute sa vie la méthode de Roger Parmentier : il interpelle, argumente, force à réfléchir mais sans agressivité. Il diffuse les journaux clandestins contre la guerre d'Algérie, signe le Manifeste des 121 et adhère au Parti socialiste unifié (PSU), alors en formation.
C'est alors qu'il a l'idée d'inventer un fait divers pour les journaux régionaux : un bon Français accidenté est sauvé par un Algérien échappé du camp de détention du Larzac. Les réactions, négatives autant que positives, ne se font pas attendre et il renvoie chacun à la parabole du bon Samaritain. Roger Parmentier commence ainsi ce qu'il ne va dès lors plus cesser : réactualiser la Bible. Pour lui, au milieu des années 1950, le langage habituel des Églises ne passe plus ; il faut donc redonner force à l'authentique message de Jésus.
En 1964, Roger Parmentier accepte d'être nommé pasteur à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), posant cependant une condition : partager son temps entre les protestants et tous ceux qui ne le sont pas. Il multiplie les activités et, lui qui s'était réjoui de la création de l'État d'Israël et qui a tant d'amis juifs, est bouleversé par la transformation des victimes en bourreaux. Maxime Rodinson qui dirige la Commission pour la Paix au Proche-Orient lui a ouvert les yeux, dit-il, en publiant dans un numéro des Temps modernes, en 1967, un article intitulé "Israël, fait colonial ?". Roger Parmentier entre au Comité France-Palestine et, en 1970, participe au congrès de Beyrouth des Chrétiens pour la Palestine, organisé par Georges Montaron. Il est alors rapidement connu comme étant "le pasteur palestinien". En 1996, Parmentier, à la demande de Roger Garaudy, témoigne, tout comme l'abbé Pierre, au procès intenté au philosophe pour son livre Les mythes fondateurs de la politique israélienne, livre considéré comme négationniste, ce que Roger Parmentier nie farouchement. Ce témoignage en faveur de Roger Garaudy vaut au pasteur des inimitiés farouches et tenaces.
Parmi toutes ses activités, Roger Parmentier trouve le temps d'écrire. C'est tout d'abord L'Évangile autrement, publié aux éditions du Centurion, qui réactualise l'évangile selon Matthieu. Beaucoup d'autres ouvrages suivent ensuite : Les prophètes Amos et Osée, Le prophète Jonas et Le Cantique des Cantiques, L'évangile selon Jean, L'épître de Jacques, etc. Tous ces livres sont édités, puis réédités par L'Harmattan. Il fonde avec des amis l'association œcuménique ACTUEL (Actualisations Critiques Transposant Utopies prophétiques, Évangile libéré et Libérateur), où sont développées des actualisations de la Bible. L'association œuvre à la réécriture des écritures saintes en les adaptant et transposant au vocabulaire et au contexte des années 1970. Il élabore même de nouvelles paroles pour d'anciens cantiques protestants.
Quand, à la retraite, il se retire dans sa maison des Pyrénées ariégeoises, il poursuit son travail et n'hésite pas à se déplacer régulièrement en voiture à Montpellier, à venir en train à Paris pour tenter d'échanger avec ses confrères pasteurs. Pourtant, il n'est pas épargné par les épreuves : décès de sa femme, mais aussi de deux de ses fils. À la fin de sa vie, il publie successivement deux courts livres s'adressant aux Juifs et aux Musulmans.
Roger Parmentier décède le 23 septembre 2012 à Montpellier, ayant choisi de léguer son corps à la science.
Sources : Notice nécrologique par Martine Sévegrand (Golias Hebdo, 4 octobre 2012) ; renseignements extraits des pages autobiographiques de Roger Parmentier dans son livre, Un long chemin d'amitié avec les juifs et le Judaïsme, Paris, L'Harmattan, 2008, p. 7-61.
Yves Pelenc (1932-2016)
Yves Pelenc naît à Molières-Cavaillac (Gard) le 28 juillet 1932, fils de Marcel Pelenc (1898-1963) et Blanche Atger (1899-1986). Son père est filateur, principal employeur de la commune de Molières jusqu'à la Seconde guerre mondiale et également maire de Molières. Yves Pelenc a deux sœurs et trois frères. L'un de ses frères, Marcel Pelenc (1926-2011) est pasteur. Yves Pelenc se marie avec Claudine Randon, fille de l'institutrice du village, le 30 avril 1959 à Molières-Cavaillac. Prédicateur laïc pour les paroisses du Viganais, tout en étant instituteur et directeur d'école, il fait partie du conseil presbytéral, et s'engage dans l'humanitaire, au sein de l'association "Terre des enfants" qui a pour mission d'aider principalement des enfants du Burkina Faso et de Madagascar. Il décède à Nîmes le 22 juillet 2017.
Jean Pellegrin (1902-1990)
Le pasteur Jean Pellegrin naît à Nîmes, fils de Gaston Pellegrin (1868-1951), pasteur à Millau (Aveyron) de 1900 à 1940, et de Zoé Girard (1878-1955). Il effectue des études secondaires à Millau et devient parallèlement Éclaireur Unioniste (EU) dans la troupe créée en 1913, dont il prend la direction après la guerre. Il poursuit ses études supérieures à Paris par une licence de physique à la Sorbonne, avant d'être admis à l'École Supérieure d'Électricité de Paris (promotion 1925).
En 1925-1927, Jean Pellegrin accomplit son service militaire en Syrie, puis revient à Paris où il est pendant deux ans secrétaire général des Éclaireurs Unionistes de France (EUF), adjoint de Jacques Guérin-Desjardin. Durant ces deux années, il est en même temps responsable de la troupe d'Éclaireurs de la paroisse de l'Étoile.
En 1929, il regagne Millau, la ville de son enfance, pour assurer en tant qu'ingénieur la direction de la peausserie (tannage et teinture) des gants Buscarlet. C'est là qu'il introduit à tous les stades de la fabrication le contrôle systématique du pH. Parallèlement, il reprend la direction de la troupe d'Éclaireurs de Millau jusqu'en 1931. En 1930, il publie la première édition de "Notes pour les commissaires". La deuxième édition de cet ouvrage est remaniée et publiée en 1943 sous le titre de "Commissaire scout" (éditions des EUF, Bruxelles, 1943, 84 pages).
En septembre 1930, il épouse Louise Leenhardt (1910-2001), fille du pasteur Camille Leenhardt (1872-1955) et de Suzanne de France-Mandoul (1874-1956), de Fontfroide-le-Haut (commune de Saint-Clément de Rivière), qu'il a connu dans le scoutisme. De cette union naîtront cinq enfants.
De 1933 à 1935, Jean Pellegrin est Commissaire provincial des EUF pour la région Cévennes-Languedoc. C'est en 1935 qu'il publie la première édition de "Trente garçons", sur la pratique du métier de chef Éclaireur. Une deuxième édition voit le jour en 1943, puis une troisième en 1945 (éditions des EUF, Bruxelles, 1945, 156 pages).
La débâcle de Wall-Street en 1929 entraîne en Europe une récession économique importante qui se traduit en 1935 à Millau par un conflit social très dur dans l'industrie de la ganterie, qui dure cinq mois. Les ouvriers étant en grève, la ville est quadrillée par cinq cent gardes mobiles à pied ou à cheval. Ces événements ravivent chez Jean Pellegrin son désir - déjà exprimé antérieurement - de devenir pasteur pour se placer au service des plus humbles. Il prend cette décision en accord total avec sa femme qui, par la suite, le secondera tout au long de son ministère pastoral. En accord avec ses patrons, Jean Buscarlet et Alfred Merle, tous deux protestants, il entame en octobre 1935 des études de théologie à la faculté de Montpellier, avec un horaire aménagé qui lui permet de poursuivre son travail d'ingénieur pendant deux ans tout en gardant son salaire et en formant son successeur, Jean Carrières, à la tête de la mégisserie. Il accomplit sa troisième année de théologie comme suffragant à Codognan, près de Lunel, en 1937, où il créé dès son arrivée la troupe d'Éclaireurs de Mus-Vergèze-Codognan. C'est dans ce village que, l'année suivante, il rédige sa thèse de théologie et publie ce travail sous le titre "Les jeunes devant l'Église" (Les éditions La Flamme, Courbevoie, 1938, 115 pages). En juin 1939, il est consacré comme pasteur de l'Église réformée de France par son père dans le temple de Millau. Plusieurs ouvriers qui avaient été ses compagnons de travail assistent à la cérémonie.
Bien que père de trois enfants, il est mobilisé de décembre 1939 à juillet 1940, d'abord dans la Défense Anti-aérienne du Territoire (DAT) à Nîmes, puis dans l'aumônerie militaire à Meaux (Seine-et-Marne). Le 1er août 1940, il reprend son poste de pasteur à Codognan. Il est également commissaire provincial des EUF pour la région Cévennes-Languedoc et membre du Comité directeur des EUF de 1940 à 1942. Ce comité siège sous l'occupation à Valence de 1942 à 1945. À cette époque et à cause de la guerre, la région Cévennes-Languedoc ne compte pas moins de 3 000 garçons dans le scoutisme EU.
En 1942, après cinq années passées à Codognan, il est appelé par la paroisse d'Endoume, à Marseille, pour succéder au pasteur Charles Roux qui part à la retraite. Il y vit les heures difficiles de l'occupation allemande et des bombardements alliés. Jean Pellegrin est chargé des relations avec les mouvements de jeunesse et créé une troupe d'Éclaireurs qu'il dirige jusqu'en 1945, date à laquelle il quitte le scoutisme actif. C'est à ce moment-là qu'il accepte de présider le Conseil central de l'Église réformée de Marseille à condition d'être déchargé de paroisse.
En 1947, il est pressenti pour occuper le poste de Montpellier-Brueys qu'il accepte avec plaisir. Toutefois, conscient de laisser à Marseille bien des problèmes en suspens, il consacre son été 1947 à rédiger une monographie sur cette Église pour tenter de donner une esquisse des structures et de la prospective que le proche avenir semble suggérer "L'Église de Marseille : quelques problèmes d'une communauté évangélique de grande ville"(1947, 65 pages).
Jean Pellegrin prend son service le 1er octobre 1947 à la chapelle de la rue Brueys où il succède au pasteur Edmond Ponsoye qui prend sa retraite. Il a comme collaborateur le pasteur Roger Chapal, qui a succédé deux ans plus tôt au pasteur Jean Cadier, appelé à la faculté de théologie. Le ministère Pellegrin-Chapal dure une quinzaine d'années et marque profondément le protestantisme montpelliérain. Signalons la participation active du pasteur Pellegrin dans la création du journal "Le Cep" (1954), dans la construction du temple de Carnon (1955), du temple Saint-Paul dans le nouveau quartier du Mas-de-Tesse (1967) et dans l'ouverture du Centre Rencontre au 665 route de Mende, dans le secteur des nouvelles facultés (1969).
En pleine Guerre d'Algérie, il effectue deux missions auprès des Églises protestantes d'Algérie en août 1957 (six semaines) et en décembre 1961 (deux semaines). Le synode régional de novembre 1961 l'élit président du Conseil Régional de la 8e région Cévennes-Languedoc. Il occupe de poste jusqu'à sa retraite en 1970. Durant cette période, préoccupé par le nombre grandissant de mariages mixtes et par les progrès de la médecine, il publie à l'usage des pasteurs le "Pastoral du mariage" (imprimerie Déhan, Montpellier, 1965, 64 pages).
Durant sa retraite, il assure l'aumônerie des cliniques privées de Montpellier de 1973 à 1978. Poursuivant sa réflexion théologique, il publie en 1976 "Une Église pour l'homme urbain" (imprimerie Déhan, Montpellier, 1976, 30 pages) et "Pour mieux habiter l'Église : questions et perspectives" (éditions Oberlin, Strasbourg, 1981, 104 pages). Jean Pellegrin décède à Montpellier le 8 janvier 1990.
Jacques Terme (1930-2008) :
Né le 20 juin 1930 à Mostaganem (Algérie), Jacques Terme découvre le protestantisme en Algérie. Il suit des études de théologie à Genève puis à Montpellier. Après une année à Bordeaux Chartrons (Gironde) en 1956-1957, il occupe successivement les postes de Marsillargues de 1957 à 1961, Grasse (Alpes-Maritimes) de 1961 à 1967, Nice (Alpes-Maritimes) de 1967 à 1972, Avignon (Vaucluse) de 1972 à 1976. Tout en étant pasteur à Avignon, il assure également la direction d'Horizons Protestants à mi-temps. Il poursuit ensuite son ministère à Paris Plaisance de 1976 à 1981, puis est nommé en 1981 secrétaire général de l'Église réformée de France. Dès 1987, il est président de la CEVAA (Communauté Évangélique d'Action Apostolique), regroupant 47 Églises réparties en Europe, en Afrique, dans l'Océan indien, dans le Pacifique et en Amérique latine. Il en assume la direction jusqu'en 1992, puis continue à y participer activement jusqu'à la fin de ses jours. Son action dans la communauté comprend la réalisation d'une évaluation interne de la CEVAA en vue d'une réforme de l'institution, mais également plusieurs interventions remarquées lors de crises politiques majeures (crise indépendantiste en Nouvelle-Calédonie de 1985, coup d'État au Togo en 1993), dans lesquelles l'Église protestante a pu jouer un certain rôle. Il termine son ministère à Quissac-Sauve (Gard) et habite dans la région de Montpellier où il décède le 17 mai 2008.
Fernand Villaret (1882-1968) :
Fernand Villaret naît en 1882, fils de Rosa Carrière (décédée le 19 février 1937) et de Félix Villaret. Il effectue des études de théologie à la Faculté de théologie protestante de Montauban, où il soutient sa thèse pour le grade de bachelier en théologie en 1908, sous le titre "La notion de Messie d'après les Livres prophétiques, les Apocalypses et les Évangiles". Fernand Villaret est pasteur de 1908 à 1953. Pendant la Première Guerre mondiale, il sert en tant qu'aumônier sur le Front de 1916 à 1918. Il exerce son ministère dans les paroisses gardoises de Vébron (1909-1923), Saint-André-de-Valborgne (1923-1932), Anduze (1932-1933) et Tamaris [Alès, Gard] (1934-1953). Il décède à Bordeaux en 1968.
Familles Paul et Leenhardt (1637-1967) :
Louis Paul commence sa carrière vers 1637 comme greffier, receveur et payeur des gages et autres droits des officiers du bureau des finances de la Généralité de Montpellier. Il devient en 1654 conseiller général des rentes en la généralité de Montpellier, et conseiller du roi en tant qu'auditeur en la Cour des comptes, aides et finances, charge qui lui est contestée un temps du fait de sa religion protestante. Il obtient l'hérédité de sa charge en faveur de ses descendants homonymes, décédés successivement en 1711, 1731 et 1747. Son arrière-petit-fils est le premier à porter la particule et à se faire appeler Louis Pierre de Paul. Le fils de ce dernier, Eustache de Paul (1763-1839) est conseiller de préfecture sous la Restauration. Il épouse en 1799 Madeleine Émilie Bazille. Leur fille Ernestine de Paul (1809-1835) épouse en 1831 le banquier montpelliérain Gustave Castelnau (1798-1872). De cette union, naît Cécile (1832-1902), qui épouse quant à elle en 1851 Abel Leenhardt, également banquier. La famille Leenhardt, est connue à Montpellier pour s'être illustrée dans les domaines de la médecine (Étienne et Pierre Leenhardt) et de la peinture (Max Leenhardt). Elle est aussi renommée pour ses activités commerciales, et plus précisément celles liées au négoce du vin. Le dernier membre de la famille dont une partie des archives sont conservées dans ce fonds est Jean Leenhardt (1891-1967), ingénieur et chevalier de la légion d'honneur, croix de guerre 1914-1918.
Association des amis de l'Aumônerie militaire protestante de Montpellier (Archives de Daniel Baquier, 1952-2011)
L'Association des amis de l'Aumônerie militaire protestante de Montpellier est créée le 1er juillet 1977. Elle a pour but d'aider l'aumônier militaire protestant dans l'exercice de son ministère, d'accueillir des militaires protestants dans les garnisons des environs et de faciliter les contacts entre les différentes Églises, les militaires et l'aumônier. Son siège social se situe d'abord 1 rue Brueys (1977-1993), puis 32 rue Bertrand de Born, à Montpellier, dans le quartier de la Paillade (1993-2011).
L'action concerne principalement l'organisation de cultes communs à Noël et Pâques, de conférences annuelles au sein de l'École d'application d'infanterie (EAI) de Montpellier et l'organisation du pèlerinage du Rassemblement international militaire protestant. Elle constitue un lien associatif entre les militaires de carrière protestants de la région. L'association est dissoute en 2011, après le décès de son dernier président, Daniel Baquier.
Association Punch, Ligue pour la Lecture de la Bible, associations Lecep Minitel et les Amis du Minitel protestant (archives du pasteur Pierre Muller, 1974-1997)
Pierre Muller, pasteur demeurant à Bédarieux, puis à Narbonne, est très actif dans le domaine associatif protestant.
Il s'occupe en premier lieu de l'évangélisation dans le cadre récréatif et vacancier. Il est à l'origine de la création de l'association PUNCH. C'est un comité créé en 1974, qui devient une association active dès 1986, pour promouvoir et mener des actions d'évangélisation pendant les vacances sur le littoral, dans différents lieux appelés « implantations » (Argelès, Narbonne, Collioure, La Grande Motte et Marignane. Son université d'été a pour objectif la formation d'intervenants de formation biblique aux diverses formes d'animations (film, mime). L'association PUNCH est dissoute le 23 avril 1991.
Pierre Muller est parallèlement responsable d'un camp de jeunes sous l'égide de la Ligue pour la Lecture de la Bible à Narbonne-Plage de 1981 à 1984. Il tient par ailleurs des stands de vente d'ouvrages religieux sur cette plage pendant les années 1980. Il est également l'interlocuteur des auditeurs de Radio Évangile.
Enfin, il s'investit en fin de carrière dans le développement du Minitel Protestant. Accompagnant le développement de ce nouvel outil de communication et de diffusion, il est à l'origine de la fondation d'une association intitulée Lecep Minitel, qui cherche à promouvoir ce nouveau réseau de communication. Le mensuel régional de l'Église Réformée de France (région Cévennes Languedoc Roussillon) Le Cep, propose alors le Minitel comme instrument de communication dans le milieu protestant. Le projet est initié en 1986, sous la direction de Pierre Muller, qui dirige alors l'association Les Amis du Minitel Protestant. Le but est de regrouper tous ceux qui veulent aider à la mise en place de ce service. Diffusion d'informations, propositions de colonies et camps de vacances, d'animations pastorales itinérantes, actualité des paroisses, petites annonces, journaux, extraits de la Bible, conseils pastoraux, jeux et tests. Considéré comme un media pouvant renforcer les liens de la communauté, 3615 SAVED, 3615 LECEP, 3615 BIBLIA ou 3615 AGAP sont des codes mis en avant comme autant de moyens de promotion de de la Bible auprès des usagers divers. L'association LECEP MINITEL est active jusqu'en 1994. L'association Les Amis du Minitel Protestant perdure quant à elle jusqu'en 1997.