Le fonds René Poitevin, compagnon de la Libération, est constitué des archives personnelles de René Poitevin (189 J 1-11) et d'un dossier provenant de son fils, Henri Poitevin (189 J 12).
Le dossier individuel de René Poitevin (189 J 1) témoigne de l'extraordinaire parcours personnel et professionnel du compagnon de la Libération, dans l'armée, puis dans les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), ainsi que de son engagement dans la Résistance. Il réunit, outre des notices biographiques et actes d'état civil, les documents d'attribution de décorations et distinctions (Croix de la libération, Légion d'Honneur, médaille de la Résistance...), ainsi qu'un dossier professionnel de carrière très complet. Doit être également signalée la présence de documents attestant des fonctions de président de la Cour martiale de Montpellier occupées par René Poitevin le 13 septembre 1944, ou, de manière plus anecdotique mais reflétant toutefois une évolution de la société française, un dossier concernant un camp de "hippies" installé à Palavas-les-Flots et Villeneuve-lès-Maguelone en 1971, alors que René Poitevin est maire de Villeneuve-lès-Maguelone.
Le second article du fonds (189 J 2) rassemble quelques pièces de correspondance adressées par le général de Gaulle à René Poitevin de 1961 à 1970.
Le troisième dossier (189 J 3), consacré au mouvement de résistance Franc-Tireur (FT), au Mouvement de Libération nationale (MLN) et aux Mouvements unis de la Résistance (MUR) réunit des lettres et circulaires clandestines sur papier pelure émanant de FT, du MLN et des MUR de novembre 1943 à août 1944. Ces dernières illustrent les rapports de force parfois difficiles qu'entretiennent dans la clandestinité les mouvements de Résistance. Un rapport clandestin d'Henri Noguères, alias Mathias, successeur de René Poitevin à la direction régionale de FT en région R 3, rédigé au printemps 1944, et présentant la situation locale complexe de la Résistance complète cet article. Enfin, est jointe la transcription - postérieure au conflit - du témoignage d'Henri Noguères, recueilli par Marie Granet (du Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale) en 1948.
Les activités de René Poitevin dans la Résistance sont particulièrement bien documentées par le quatrième dossier (189 J 4) réunissant, outre une demande de renseignement adressée le 27 avril 1944 à l'épouse de René Poitevin après l'arrestation de ce dernier, plusieurs rapports, datant de 1944-1945, sur l'activité de "Fouillet" de septembre 1942 au 10 janvier 1944, sur son arrestation le 10 janvier 1944, sur le descriptif des tortures endurées à la Villa des Rosiers, sur son transport au camp de Compiègne à la fin du mois de janvier 1944, sur son évasion après sa condamnation à mort le 5 février 1944, et enfin sur son action dans les maquis de l'Ardèche, puis son retour à Montpellier le 9 septembre 1944. Le dossier est complété par plusieurs attestations de Résistance, de la correspondance et un dossier médical (attestant des souffrances subies) pour l'obtention d'une pension. Une pièce d'identité clandestine (au nom de Roger Paulet), quelques photographies prises dans la clandestinité en 1943-1944, ainsi que plusieurs photographies de la libération de Tournon le 19 août 1944 et un cliché du défilé des maquisards à Montpellier le 3 septembre 1944 illustrent l'ensemble.
Le cinquième article (189 J 5) réunit les attestations de Résistance délivrées par René Poitevin postérieurement à la guerre pour ses camarades et compagnons de Résistance. Le dossier est composé d'une liste nominative des attestations transmises, d'attestations individuelles posthumes pour les membres du Groupe Franc "Combat", dirigé par René Poitevin, qui ont été exécutés par les Allemands à la butte de tir de la Madeleine (Villeneuve-lès-Maguelone) en 1944, et d'attestations pour d'autres Résistants (classement alphabétique).
L'engagement personnel de René Poitevin dans les associations patriotiques d'anciens résistants et déportés peut être étudié grâce au sixième dossier (189 J 6). Après le conflit, René Poitevin est membre de l'Amicale Nationale des policiers, anciens combattants, déportés et résistants de la police de France de d'outre-mer (1947-1964), du Comité de l'Hérault du Mouvement de Libération nationale (1948), de l'Association amicale d'entraide des anciens officiers chargés de mission Action et de leurs collaborateurs recrutés en France - dite "Amicale Action" - (1956-1961) ; il est également président, puis président d'honneur de l'UNADIF-FNDIR de Côte d'Or (1952-1962), et enfin président de l'UNADIF Hérault (1963-1964). Dans le cadre de cet engagement associatif et en tant que Compagnon de la Libération, René Poitevin occupe une place prépondérante ; il est notamment consulté sur plusieurs affaires sensibles abordant la "mémoire de la Résistance" : affaire du chanoine Kir, affaire Paloc, affaire Bouvet de Maisonneuve...
Les interventions de René Poitevin en faveur de camarades de Résistance sont regroupée dans le septième article (189 J 7). Il s'agit essentiellement de rapports et de correspondance, classés alphabétiquement en dossiers individuels. Le dossier d'intervention pour la reconnaissance de services dans la Résistance et pour l'obtention de décorations du commandant principal de CRS Lucien Bonnet, alias "Robert", est à signaler particulièrement : il comprend en effet une abondante correspondance adressée à René Poitevin relative aux évènements d'Algérie en mai-août 1958 alors que le commandant Bonnet, en affectation à Constantine, est chargé du maintien de l'ordre (le commandant Bonnet relate la situation locale insurrectionnelle et les tensions extrêment vives entre les Français d'Algérie). Un ensemble d'attestations de Résistance délivrées par d'autres personnes que René Poitevin est par ailleurs joint à cet article.
Les commémorations et cérémonies en mémoire des victimes de la Résistance auxquelles a participé René Poitevin sont documentées par l'article suivant (189 J 8). Ce dernier comprend notamment une liste nominative des fusillés de l'Hérault, une liste nominative des membres des maquis et des Groupes Francs exécutés à Montpellier par les allemands [1944-1945], une étude dactylographiée sur les crimes de guerre et la recherche des criminels de guerre (1946), ainsi qu'une exceptonnelle et rare photographie des membres de la Gestapo de Montpellier. Sont également conservés plusieurs dossiers consacrés à la cérémonie au "Mur des fusillés" de Béziers le 12 décembre 1947, ainsi qu'aux hommages rendus aux morts de la Madeleine et aux commémorations de la libération de Montpellier (1945-1947).
L'article 189 J 9 témoigne de l'intervention et du témoignage de René Poitevin au procès de l'Intendant régional de Police, Pierre Marty, devant la Cour de justice de Toulouse en 1948. Il est composé d'un courrier et des comptes rendus d'audience publiés dans la presse de mai à juillet 1948.
Le soutien indéfectible de René Poitevin à la famille de son adjoint dans la clandestinité, Laurent Duviols (1898-1944), responsable régional adjoint FT, mort en déportation peut être suivi grâce au dossier 189 J 10. L'adoption par René Poitevin des enfants orphelins de Laurent Duviols ainsi que l'organisation d'un "Comité des amis de Laurent Duviols", présidé par René Poitevin, pour la levée d'une souscription pour une plaque commémorative à apposer sur l'école où Laurent Duviols enseigna à Montpellier, illustrent la permanence et la fidélité des liens noués dans la clandestinité.
Enfin, le dernier dossier composant les archives de René Poitevin (189 J 11) est constitué d'interventions et d'appuis de René Poitevin sans lien apparent avec la Résistance (classement alphabétique).
L'unique dossier provenant des archives d'Henri Poitevin, fils de René Poitevin (189 J 12), comprend outre une citation (1947) et un curriculum vitae, plusieurs sous-dossiers attestant des initiatives du fils du compagnon de la Libération visant à mieux faire connaître les activités de son père dans la Résistance. Henri Poitevin est également très engagé dans l'animation du Concours national de la Résistance, ce qui explique la présence dans ce dossier de plusieurs brochures relatives au concours et à son organisation.
Le fonds René Poitevin (1911-1972), compagnon de la Libération, permet ainsi d'appréhender le parcours exceptionnel dans la Résistance d'un compagnon de la Libération et d'une figure majeure de la Résistance héraultaise. Il offre également la possibilité de saisir en région R 3 le rôle du mouvement Franc-Tireur dans la Résistance.