La seigneurie de Lauzières a été établie dès le XIIe siècle dans un domaine fortifié situé près d'Octon. La famille de Lauzières (devenue de Lauzières-Thémines au XVe siècle après l'aquisition d'une seigneurie en Quercy) a également possédé les seigneuries de Ceyras, Montagnac, Montesquieu, Montpeyroux, Conas, Lacoste, Saint-Guiraud, et une partie de Gignac.

Plusieurs personnages ont marqué l'histoire de la famille, ainsi que celle du royaume.

Anglésian Ier de Lauzières, fils d'Arnaud III, fonde en 1350 l'abbaye bénédictine des religieuses de Saint-Etienne de Gorjan près de Clermont-l'Hérault. Huit religieuses sont entretenues par une dotation du fondateur qui se réserve pour lui et ses descendants la nomination de l'abbesse. Au XVIe siècle, l'abbaye est détruite par les protestants. Anglésian est élu par les Etats de Languedoc comme conservateur de leurs délibérations ; cet honneur a été confirmé par le duc de Berry gouverneur de Languedoc en 1359.

Frère d'Anglésian, Pons de Lauzières, né vers 1310, est destiné à une carrière ecclésiastique. Il entre au studium de l'abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert, puis étudie le droit à l'Université de Montpellier ; il y devient docteur en droit canon. En 1331, l'évêque Bernard Gui l'incorpore à son chapitre cathédral et crée l'office de sous-sacriste ; il est ensuite nommé prieur de l'église de Saint-Martin de Combas, près de Lodève. Parallèlement,il enseigne à Montpellier le droit canonique ; il compte parmi ses élèves Guillaume Grimoard, futur pape Urbain V. A la mort de l'évêque de Lodève, Pons est nommé archiprêtre et devient official de Lodève. Dans les années qui suivent, il intervient régulièrement en tant qu'arbitre et conseiller dans des conflits de juridictions opposant des communautés. En 1361, Pons est désigné comme exécuteur testamentaire de son neveu Raymond II de Lauzières. Il meurt en 1363 ; des miracles lui sont rapidement attribués encourageant son ancien élève, Guillaume Grimoard, devenu pape sous le nom d'Urbain V, à envisager sa canonisation. Mais Urbain V meurt en 1370 sans avoir réalisé son vœu.

Guy de Lauzières-Thémines, seigneur de Montesquieu, né vers 1450, fils de Raimond III de Lauzières, est nommé en 1483 sénéchal du Quercy par Charles VIII. En 1493, il devient maître d'hôtel et d'artillerie du roi.

Pons de Lauzières (1553-1637), marquis de Thémines, maréchal de France, est le fils de Jean, seigneur de Lauzières, de Ceyras, de Thémines et gouverneur de Béziers. Il commence sa carrière militaire dans l'armée du duc Henri Ier de Montmorency, gouverneur de Languedoc, contre les Huguenots. Le duc prend ensuite le parti du roi de Navarre ; Pons le suit et se fait remarquer lors du siège de Clermont-Lodève (Clermont-l'Hérault) en 1584. En récompense de sa fidélité, le duc de Montmorency le nomme gouverneur de Clermont et le maintient sur place avec une petite garnison. Après la mort du duc de Guise, Henri III donne la charge de sénéchal du Quercy à Pons. Le roi assassiné en 1589, Pons de Lauzières assure Henri de Navarre de sa fidélité et continue le combat contre la Ligue ; il gagne d'importantes batailles à Rocamadour et Payrac (1591). La conversion d'Henri IV marquant le retour de la paix, Pons reste au service du roi qui le nomme chevalier du Saint-Esprit (1597), marquis de Thémines (1610) puis maréchal de France (1616). Sous Richelieu, Pons assume le commandement des troupes royales contre les réformés à Montauban, à Metz, dans le Poitou, Aunis et Saintonge ; il participe à la prise de La Rochelle en 1629.

Alexandre de Lauzières-Thémines (1743-1829), évêque de Blois, né à Montpellier, il entre dans les ordres en 1759. Il devient successivement vicaire général de Senlis, aumônier de Louis XV, abbé du monastère Saint-Symphorien à Beauvais, évêque de Blois en 1776. Fidèle à la religion et attaché à l'Ancien Régime, il s'oppose à la Révolution et à la Constitution civile du clergé. Refusant le serment constitutionnel, l'évêché de Blois lui est retiré et confié à l'abbé Grégoire. Alexandre de Lauzières-Thémines émigre en Savoie, puis en Espagne jusqu'en 1807. Ses biens dans l'Hérault, le Quercy et l'Aveyron sont confisqués et vendus. Quittant l'Espagne pour l'Angleterre, il devient le chef des réfractaires au Concordat et encourage la création en France de communautés religieuses dissidentes : la Petite Eglise. A la Restauration, Louis XVIII invite l'ancien évêque de Blois à regagner son pays ; celui-ci refuse, le Concordat n'ayant pas été dénoncé. Alexandre de Lauzière-Thémines meurt à Bruxelles à 1829. La Petite Eglise s'est étendue dans une grande partie de la France, notamment en Vendée, Poitou, Saintonge, Lyonnais et Quercy.

En 1791, les Lauzières font exploiter la ferme des droits seigneuriaux du moulin à huile de Ceyras par André-Jacques Teissier, bourgeois et notaire de Ceyras. Vers 1792-1793, le notaire Teissier épouse une héritière des seigneurs de Lauzières, Marie de Lauzières-Thémines, unissant la dynastie des anciens seigneurs de Ceyras à celle des notaires de Ceyras. André-Jacques Teissier est issue d'une famille de notaires officiant à Ceyras depuis le début du XVIIIe siècle. Son grand-père, André Teissier (père), a acquis l'office en 1727, succédant au notaire César-François Vézian ; le fils d'André Teissier hérite du notariat en 1756. Après une vente de l'office en 1768 par la veuve d'André Teissier fils à Michel Combes, le notariat revient dans la famille Teissier en 1788 par l'acte d'achat d'André-Jacques (1762-1840). Il restera dans la même famille jusqu'aux années 1930 : à André-Jacques Teissier succède en 1827 son fils Fulcrand Auguste (an VIII-1877), notaire jusqu'en 1875 ; deux générations (Adrien Justinien Augustin et Fulcrand Teissier) semblent ensuite avoir exercé le notariat jusqu'à la succession de Gabriel Poujol en 1934.

Notables influents, les Teissier étaient très impliqués dans les affaires municipales et paroissiales de Ceyras et ont exercé différentes fonctions publiques : greffier consulaire, arpenteur, trésorier du revenu des pauvres, écrivain public, capitaine de la garde nationale, conseiller municipal. Des membres de la famille ont exercé des fonctions d'importance dans d'autres localités : les fils d'André-Jacques Teissier ont été receveur de l'enregistrement à Clarensac (Gard) puis Clermont-Lodève (Clermont-l'Hérault), et notaire à Gignac.

Le fonds est principalement constitué des archives de la famille Teissier mais quelques documents concernent la famille de Lauzières-Thémines avec laquelle les Teissier se sont unis par mariage vers 1792.

Les archives de la famille de Lauzières-Thémines (171 J 1-2) sont composées de seulement deux articles. L'article 171 J 1 est un document précieux et original, dont la forme relève à la fois du livre de comptes et du journal, écrit par un ou plusieurs auteurs, vers 1360-1366, officiers ou parents du seigneur de Lauzières. Composé de près de 220 folios, rédigé en occitan et en latin, ce livre est extrêmement détaillé, l'auteur justifiant précisément chaque dépense en décrivant longuement ses actions et les événements touchant la seigneurie. Il mentionne notamment les pensions versées aux officiers des seigneuries de la famille de Lauzières, dont Jean Cayrel, juge de Ceyras (folio 112), ou à des communautés religieuses liées à la famille de Lauzières ; les religieuses de Saint-Etienne de Gorjan, dont la communauté a été fondée par Anglésian Ier de Lauzières, reçoivent des dons réguliers des descendants du fondateur (folio 112). L'auteur acquitte également diverses dépenses en particulier pour des célébrations d'obits en faveur de membres ou proches de la famille (par exemple en l'honneur de Bernard de Lauzières, feu archidiacre de Lodève, folio 111). Les dépenses courantes de la seigneurie en denrées (blés, orge, avoine, vin) sont également mentionnées (notamment folio 139). Enfin, l'auteur consigne les frais qu'a occasionnés sa participation à des députations, négociations et conseils. Le 22 janvier 1364, l'auteur se rend à Nîmes où une assemblée des Etats a été convoquée par le comte d'Anjou, lieutenant général du roi en Languedoc (folio 169) ; il mentionne ses dépenses après avoir longuement retracé l'événement. Ce livre est un témoignage précieux sur l'histoire politique du bas-Languedoc dans les années 1360. Sont notamment évoquées la querelle en 1364 entre le Charles d'Artois, comte de Pézenas, et l'abbé d'Aniane au sujet de la seigneurie d'Aspiran (folio 122), la menace des Grandes compagnies (folio 169), les relations des seigneurs laïques et ecclésiastiques avec la papauté d'Avignon. La rédaction du livre semble se placer entre la seigneurie de Raimond II et celle de son fils Rostaing ; Raimond II avait nommé dans son testament en 1361 ses frères Pons, Arnaud et Béranger de Lauzières ses exécuteurs testamentaires et tuteurs de ses enfants Robert, Rostaing et Anglésian.

Les archives de la famille de Lauzières-Thémines contiennent un deuxième article relatif aux droits féodaux : un livre de reconnaissances des habitants de Ceyras, établi en 1596, sous la seigneurie de Pons de Lauzières, marquis de Thémines (171 J 2).

Les archives de la famille Teissier (171 J 3-48) sont organisées par génération, à partir d'André Teissier père, fondateur en 1727 d'une lignée de notaires en fonction à Ceyras pendant près de deux siècles. Les archives d'André Teissier père et fils d'ayant pu être distinguées avec certitude, elles ont été rassemblées dans une même partie regroupant les archives familiales et personnelles, ainsi que les archives professionnelles. Les archives familiales et personnelles concernent la gestion par André Teissier père et fils des affaires familiales au travers de documents généalogiques, comptables, de pièces de procédures et de correspondance (171 J 3, 5) ; un article est plus précisément consacré à la gestion du patrimoine familial (171 J 4). Les archives professionnelles reflètent d'abord les activités communales d'André Teissier en tant que greffier consulaire et de trésorier du revenu des pauvres (171 J 6), puis l'activité de notaire depuis l'acquisition de la charge en 1727. Les documents sur la provision de l'office (171 J 7) sont complétés par des traités juridiques, des recueils de modèles et formulaires de pratique notariale (171 J 8). Des dossiers d'affaires et des expéditions d'actes renseignent sur les affaires traitées par André Teissier père et fils entre 1727 et 1767 (171 J 10-11). Le registre de reconnaissances des religieux de l'ordre de Grandmont établi par le notaire Teissier (171 J 9) est un témoignage intéressant pour l'histoire féodale et religieuse du Lodévois. Enfin, un article évoque les relations professionnelles d'André Teissier (171 J 12). L'office de notaire ayant été vendu par la veuve d'André Teissier fils à Michel Combes, en 1768, quelques documents évoquent cette période du notariat à Ceyras (171 J 13), avant le rachat de l'office par André-Jacques Teissier en 1788.

Les archives d'André-Jacques Teissier (notaire entre 1788-1827) et de son fils Fulcrand Auguste (notaire entre 1827-1875) suivent le même classement : sont d'abord présentées les archives personnelles et familiales, puis les archives professionnelles. Les archives personnelles et familiales d'André-Jacques Teissier contiennent des pièces isolées telles que des cahiers d'exercices et de notes, des prescriptions médicales, des chants, des recettes de cuisine (171 J 14), de la correspondance (171 J 15), des documents comptables et fiscaux (171 J 16), ainsi que des pièces concernant les enfants Teissier (171 J 17). Les archives concernant l'héritage de Marie de Lauzières-Thémines, épouse d'André-Jacques Teissier, et la gestion du patrimoine des anciens seigneurs de Ceyras constituent un article (171 J 18). Plusieurs articles évoquent les procédures relatives au patrimoine des Teissier à Ceyras (171 J 19-21). Les archives personnelles rassemblent enfin des documents concernant les activités municipales et paroissiales d'André-Jacques Teissier (171 J 22-23) ; l'article 171 J 23 rend compte d'un conflit ayant opposé le conseil municipal de Ceyras au maire, en 1826-1827. Les archives professionnelles évoquent d'abord la formation juridique du notaire (171 J 24-25) ; elles présentent ensuite les affaires traitées par André-Jacques Teissier au travers de dossiers de clients (171 J 26), de pièces extraites de dossiers de clients (171 J 27 ; 31), de créances hypothécaires et d'actes issus des juridictions (171 J 29). Enfin, la comptabilité et la correspondance du notaire renseignent sur les activités et les relations professionnelles d'André-Jacques Teissier.

Les archives personnelles et familiales de Fulcrand Auguste Teissier rassemblent de la correspondance (171 J 33), des documents sur la gestion du patrimoine familial, ainsi que sur l'influence publique des Teissier à Ceyras durant la première moitié du XIXe siècle (171 J 35-37). L'article 171 J 37 évoque le projet de rectification de la route départementale reliant Montpellier à Clermont-l'Hérault qui a affecté le patrimoine de plusieurs familles de notables de Ceyras, dont les Teissier. Les archives professionnelles évoquent les années d'apprentissage de Fulcrand Auguste Teissier à Montpellier en tant qu'avoué et clerc de notaire (171 J 38), puis la succession au notariat de Ceyras en 1827 (171 J 39). Son activité de notaire a produit des dossiers de clients (171 J 41) et une abondante correspondance qui renseigne également sur ses autres activités publiques à Ceyras (171 J 42-46).

Les archives d'André-Jacques et de Fulcrand Auguste Teissier constituent la partie la plus massive du fonds. Néanmoins quelques documents concernent leurs héritiers, notaires de Ceyras jusqu'aux années 1930. Il s'agit de pièces isolées d'archives personnelles, familiales et professionnelles (171 J 47-48).

Les archives familiales et professionnelles des Teissier permettent d'entrer dans l'intimité d'une famille bourgeoise durant deux siècles ; elles livrent de précieux renseignements sur les conditions de vie d'une longue lignée de notaires, sur leur ascension sociale, sur leurs activités professionnelles et leur influence dans la société communale.

ARCHIVES DE LA FAMILLE DE LAUZIERES-THEMINES (1360-1596) : 171 J 1-2.

ARCHIVES DE LA FAMILLE TEISSIER (1727-1934) : 171 J 3-48.

- André Teissier père et fils (notaires de 1727 à 1767) : 171 J 3-13.

- André-Jacques Teissier (notaire de 1788 à 1827) : 171 J 14-32.

- Fulcrand Auguste Teissier (notaire de 1827 à 1875) : 171 J 33-46.

- Heritiers de Fulcrand Auguste Teissier (1857-1934) : 171 J 47-48.