André Crocq (1916-1980) est né en Bretagne le 4 novembre 1916 d'un père contremaître à l'arsenal et d'une mère secrétaire. Il effectue des études à l'Ecole normale d'instituteurs de Rennes. Mobilisé en 1939 comme officier, il est fait prisonnier en 1940. En captivité en Allemagne à l'Oflag IV D, André Crocq assure l'animation culturelle du camp de prisonniers et s'initie au théâtre. Il fait alors connaissance du futur recteur Maurice Bayen (1902-1974) - dont il montera par la suite la pièce " Dina " -, de Jacques Fauvet (1914-2002) et de Jean Rouvet. Avec ce dernier, en 1946, il entre à l'équipe nationale Route des Eclaireurs de France et y prend en main l'art dramatique. André Crocq fait partie alors du groupe des premiers instructeurs nationaux de la jeunesse et de l'éducation populaire, créé par Jean Guéhenno. Pendant 25 ans, en dehors des stages d'initiation, il dirige des stages de réalisations. Les stages de réalisations théâtrales qu'il anime réunissent des participants de tous les horizons, enseignants, animateurs, dirigeants de mouvements de jeunesse et professionnels tels que Hubert Gignoux (1915-2008), Guy Parigot (1922-2007), Pierre Barrat, François Perrot, P. Descombes et Jacques Nichet. Certains de ces stages, qu'il anime avec Lucien Lautrec, Pierre Hussenot ou Lucette Chesneau sont à l'origine de festivals comme Sarlat, Gordes, Bazas, Riquewihr.
Le stage de premier degré (ou stage d'initiation) dispense aux participants une culture générale en art dramatique. Technique dramatique, diction, chant, interprétation de scènes, expression corporelle, improvisation et histoire du théâtre y font l'objet d'une initiation. Ce stage se déroule traditionnellement pendant les vacances scolaires (Noël, Pâques, Pentecôte). Dans les stages de niveau supérieur (stages de second degré), qui durent un mois, les travaux sont plus poussés et aboutissent à la réalisation, puis représentation d'un spectacle. Les spectacles sont intégralement montés par les centres éducatifs, selon la devise " faire tout par soi-même " : décors et scène, accessoires, éclairages, costumes, affiches du spectacle. Tout à tour, les stagiaires sont acteurs, décorateurs, costumiers, etc. Le ou les spectacles montés constituent le programme des festivals d'art dramatique annuels qui s'en suivent. Les travaux sont agrémentés par ailleurs de veillées thématiques auxquelles le public est invité, et de sorties touristiques. Enfin, une exposition sur les réalisations des stagiaires de l'année et des années précédentes (maquettes, dessins, costumes, photographies, accessoires de décor et mise en scène, etc.) est présentée pour mieux faire connaître au public la nature des travaux réalisés au cours du stage.
En 1958, André Crocq s'installe à Pézenas pour y monter " Le songe d'une nuit d'été ". A l'occasion de ce stage, il rencontre Jean Bène, sénateur-maire de la ville et président du Conseil général de l'Hérault, qui l'encourage à renouveler l'expérience. Ainsi durant treize ans, pendant l'été, les stages se déroulent au sein du Collège d'enseignement technique de Pézenas. Les spectacles de fin de stage constituent alors le programme d'un festival annuel de théâtre qui connaît un certain succès. Au fil des années, le festival se développe : d'autres troupes et des expositions sont accueillies à partir de 1965 pour étoffer le programme des "Nuits théâtrales de Pézenas", qui prennent alors le nom de Mirondela dels Arts. A partir de 1964, des stages de formation d'animateurs culturels sont également proposés à Pézenas, ainsi que des stages d'initiation à l'art dramatique, aux arts plastiques, et à la pratique de la photographie. André Crocq organise ses activités jusqu'en 1971 lorsque, pour des raisons économiques, le Secrétariat à la Jeunesse et aux Sports décide de suspendre les stages nationaux d'art dramatique.
André Crocq développe également l'idée d'une action non plus saisonnière dans un endroit fixe, mais permanente et sur l'ensemble du département. La troupe constituée à Pézenas arpente le département de l'Hérault pour proposer des représentations à Lodève, Béziers ou encore Saint-Pons-de-Thomières à partir de 1960, sous le titre de "Nuits théâtrales de l'Hérault". La même année, avec l'appui de Charles Alliès, conseiller général, et de Jean Bène, président du Conseil général, André Crocq fonde le Centre culturel du Languedoc (CCL), dont il assure la direction. Doté de moyens modestes, ce centre est un lieu de convergence pour artistes et créateurs. Le siège de l'association est situé à Montpellier dans un petit local, situé rue Lakanal. Une troupe y voit le jour : "La Comédie de Montpellier". Celle-ci propose des représentations dans plusieurs localités de l'Hérault mais ne touche qu'un public limité, tout comme les concerts d'un Ensemble de Musique de Chambre. En 1967, un local annexe plus grand est acquis pour abriter ce qui devient le "Théâtre de Poche" (130 places) de la rue Lakanal. Cette nouvelle salle peut alors accueillir représentations théâtrales, concerts et expositions ; il s'agit d'un lieu permettant les pratiques artistiques et culturelles amateurs considérées comme essentielles : théâtre, arts plastiques, expositions de photographies, concerts en tous genres, rencontres et débats et, enfin, ciné-club à partir de 1970. Des spectacles sont ainsi donnés à Montpellier sur la place du Peyrou, dans l'annexe de la mairie boulevard Sarrail, puis à Béziers ou encore à la Grande Motte. En 1970, le centre comptabilise 252 représentations pour 52 100 spectateurs. Les programmes annuels mobilisent un public fidèle de plus en plus large jusqu'en 1979.
André Crocq décède à Montpellier le 24 mai 1980.
Pendant trois décennies, la carrière d'André Crocq constitue ainsi la synthèse d'une politique d'action culturelle décentralisée et diffusée en région, des balbutiements amateurs de l'après-guerre jusqu'à la mise en place d'une structure culturelle pérenne et active.