La papeterie de Brissac est attestée depuis le XVIIe siècle. Le moulin de Brissac emploie alors une dizaine d'ouvriers pour une seule cuve. Le papier fabriqué est vendu en Languedoc, à Marseille et dans le Levant. Depuis le début du XVIIIe siècle, l'obstacle majeur au plein rendement des manufactures demeure la difficulté d'approvisionnement en chiffons. En 1740, l'Intendant publie une ordonnance défendant de faire sortir du Languedoc les vieux linges, les colles et autres matières nécessaires à la fabrication du papier, mais dès 1746, un arrêt rétablit le libre commerce des matières premières. Leurs papeteries manquant de la matière la plus essentielle, les propriétaires des papeteries de Saint-Laurent (Gard) et Brissac, messieurs de Sarret et de Villevieille, s'associent afin de protester contre le privilège exclusif de l'Hôpital Général de Montpellier de faire ramasser les chiffons du diocèse par ses pauvres : au lieu de fournir d'abord les papetiers voisins, les fermiers de l'hôpital exportent les pâtes à l'étranger, causant ainsi un grave préjudice aux deux fabriques. Ces difficultés persistent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. La famille de Roquefeuil est propriétaire de la papeterie de Brissac au XVIIIe siècle.
Dès leur construction les moulins à papier sont loués à un fermier qui en assure le bon fonctionnnement, la direction et qui y loge avec sa famille (ainsi qu'avec certains ouvriers). Le fermier prend en charge la papeterie ainsi que les terres environnantes qu'il doit cultiver en "bon père de famille" pour plusieurs années.
A partir des années 1770, la situation de l'industrie papetière se dégrade à cause de l'insubordination des ouvriers et en 1789 les troubles gagnent la papeterie de Brissac. Sous la Révolution, la papeterie connaît un déclin important ; à partir des années 1790, les frères Gout deviennent fermiers de la papeterie de Brissac qu'ils connaissent bien pour y avoir appris leur métier. La papeterie retrouve au XIXe siècle une certaine activité, mais elle produit surtout du papier d'emballage.
Au cours des années 1810, la moyenne des ouvriers se situe autour de 13 et la production de rames de papier, entre 1 200 et 2 000. En 1819, Guillaume Gout rachète la fabrique au dernier descendant des Roquefeuil et continue à la diriger jusqu'à sa mort en 1836. A partir de 1826, la situation se dégrade et la production chute. Le fils de Guillaume Gout s'avère incapable - faute de modernisation des équipements de production - de sauver le moulin à papier qui ferme entre 1838 et 1844.
C'est François Vézies qui, pour 60 000 francs, reprend la direction de la papeterie de Brissac en 1844. Il conserve la direction jusqu'à son décès en 1871, prenant pour fermiers successifs Auguste Pouget (1844-1851), messieurs Bonnier et Maurin (1851-1854), Verdier et Rousset (1854-1858), de Chabrière (1858-1866) et Vincent Gay (1866-1870).
A partir des années 1870, sous l'impulsion d'Augustin Gay, nouveau fermier de la papeterie puis propriétaire en 1901, Brissac - jusqu'alors modeste petit moulin - va devenir une importante usine hydro-électrique de papier d'emballage. Augustin Gay réussit une complète rénovation et une modernisation de l'usine qui ne cesse d'augmenter sa production et fait la fortune de son nouveau propriétaire. L'usine dirigée à partir de 1915 par le gendre d'Augustin Gay, Charles Levère, ferme ses portes définitivement en 1966.
Augustin Gay (1846-1915) est né le 19 mars 1846 à Saint-Bauzille-de-Putois. Il est le fils de Vincent Gay (1808-1871), fabricant de bas à Saint-Bauzille-de-Putois, puis, à partir de 1866, fermier de la papeterie de Brissac et fabricant de papier. A la mort de Vincent Gay en 1871, Augustin Gay, ouvrier papetier âgé de 25 ans, prend la direction de la papeterie. Il épouse Marie Joséphine Victorine Viala, de Brissac, dont il aura deux filles, Emma et Thérèse. Grâce aux compétences d'Augustin Gay, la modeste papeterie devient au cours de la seconde moitié du XIXe siècle une importante usine de papier d'emballage. En 1901, après plusieurs années de tractations, Augustin Gay rachète la papeterie aux descendantes de François Vézies. Il est maire de Brissac pendant 45 ans, fait construire la mairie, la maison de poste et rachète le parc de Brissac pour la commune.
Charles Levère (1879-1967), ingénieur, est né en 1879 à Gabian. Il épouse Thérèse Gay, fille cadette d'Augustin, en 1907 et succède à son beau-père à la direction de la papeterie de Brissac à partir de 1915.