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Fonds René Poitevin (1911-1972), compagnon de la Libération (1911-2008)Nombre de notices : 15

Critère(s) de recherche: amicale ou des ou crs ou montpellier

15 réponses dans cet inventaire

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  • Répertoire numérique détaillé de la sous-série 189 J
  • par Julien Duvaux, attaché de conservation du Patrimoine ; sous la direction de Sylvie Desachy, directrice des Archives départementales
  • Archives départementales de l'Hérault
  • Montpellier - 2015 ; complété en 2019
  • Contexte

  • Nom du producteur
    Poitevin, René (1911-1972)
  • Présentation du producteur

    René Poitevin est né le 21 mars 1911 à Morthemer (Vienne), dans une famille de cultivateurs. Benjamin d'une famille de douze enfants, il passe son enfance dans la Vienne et suit une instruction primaire supérieure.
    Engagé volontaire en février 1930 au 56e régiment d'artillerie, René Poitevin est ensuite affecté au 156e régiment d'artillerie portée à Haguenau (Bas-Rhin), puis promu maréchal des logis-chef en avril 1939.
    Au printemps 1940, il participe à la campagne de France et est fait prisonnier par les troupes allemandes le 23 juin 1940 dans la région de Saint-Dié (Vosges). René Poitevin est ensuite interné dans un Stalag en Allemagne, puis, en 1942, au camp de représailles de Rawa-Ruska (Ukraine), d'où il parvient miraculeusement à s'évader, après quatre tentatives, le 17 août 1942.
    Dès son retour en France, René Poitevin passe en zone non occupée et réussit, en septembre 1942 à Lyon, à prendre contact avec le mouvement de Résistance Franc-Tireur. Il s'attache alors à organiser une remarquable chaîne d'évasion de prisonniers de guerre depuis l'est de la France vers la zone libre et la région de Lyon. Rapidement, il prolonge cette chaîne en direction de l'Espagne, via Montpellier, Béziers, Carcassonne, Perpignan et la gare de la Tour de Carol (Pyrénées-Orientales).
    En 1943, distingué par ses résultats et ses talents d'organisateur, René Poitevin est nommé chef régional du mouvement Franc-Tireur pour la région R 3 (Languedoc-Roussillon), en remplacement de Pierre Degon, alias « Gauthier », arrêté .
    En mai 1943, s'étant établi à Montpellier, il entre, comme assistant technique, au Groupement des transports routiers (entreprise de transport montpelliéraine, située rue Frédéric Peysson), ce qui lui permet d'être à même de fournir des renseignements sur les unités allemandes étant, par ses fonctions, en contact permanent avec elles.
    Ayant reçu du Comité national de Franc-Tireur l'ordre de fusionner, René Poitevin verse tous ses éléments aux Mouvements unis de la Résistance (MUR), qui réunissent, début 1943, les trois principaux mouvements de Résistance de la zone sud : Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur.
    Parallèlement, il prend en charge la fabrication de faux-papiers et, en août 1943, est nommé chef régional (R 3) des Groupes-Francs et du service des faux-papiers des MUR. Il prend alors le pseudonyme de « Fouillet » (nom de jeune fille de sa mère) et assure de nombreuses missions de sabotage et d'enlèvement d'armes au profit des maquis de l'Hérault.
    C'est alors que le 10 janvier 1944, sur trahison, René Poitevin est arrêté à son domicile à Montpellier par une quinzaine d'hommes de la Milice et de la Gestapo. Conduit à la « Villa des Rosiers » et devant son refus d'avouer les rouages de l'organisation clandestine régionale, il est sévèrement torturé pendant 48 heures par les équipes de l'intendant régional de police Pierre Marty. Devant son obstination à refuser de parler, il est livré à la Gestapo qui lui fait subir à nouveau les pires tortures, sans qu'il ne lâche un seul aveu.
    Interné à la prison de la 32e à Montpellier dans un état physique lamentable, il est soigné par ses camarades de captivité, puis est ensuite transféré au camp de Compiègne le 27 janvier 1944, où il retrouve Vincent Badie, avocat à Montpellier, le bâtonnier Charles Bedos de Nîmes, ainsi que le commandant Petit de Perpignan. Le 31 janvier, René Poitevin est incarcéré à la prison du Cherche-Midi à Paris, puis à Fresnes, où il apprend sa condamnation à mort le 3 février 1944.
    Le 4 février à 23 heures, sous bonne escorte, il est embarqué en gare d'Austerlitz, avec six autres codétenus, pour rejoindre Montpellier afin d'y être exécuté. Durant son transfert, menotté et entravé aux chevilles, René Poitevin réussit avec une audace extraordinaire à s'évader avec ses compagnons d'infortune en sautant du train en marche, alors que ce dernier ralentit à l'entrée du tunnel de Bourg-lès-Valence (Drôme). Le contact avec le sol est d'une telle violence que les menottes se brisent. Depuis le train, les gardes allemands tirent alors sur le résistant et le blessent aux jambes. Malgré les blessures et le choc de l'évasion, animé par une volonté farouche de survivre, René Poitevin s'éloigne de la voie ferrée et rencontre un braconnier drômois qui le conduit en lieu sûr, dans la ferme de la famille Gauthier, près de Gravenne, à 3 km de Bourg-lès-Valence.
    Ses hôtes le cachent et le soignent jusqu'au 1er mars, date à laquelle René Poitevin rejoint les maquis de l'Ardèche et reprend le combat dans les Forces Françaises de l'Intérieur jusqu'à la Libération, sous le pseudonyme de « lieutenant Paulet ». Il participe ensuite activement à la Libération de Tournon-sur-Rhône (Ardèche), entrant le premier dans la cité, à la tête de la 30e compagnie FFI, le 19 août 1944.
    Au début du mois de septembre 1944, René Poitevin regagne l'Hérault, où il occupe à Montpellier les fonctions d'Inspecteur régional des Bataillons de Sécurité, futures Compagnies républicaines de Sécurité (CRS). Il préside également le 13 septembre la dernière séance de la Cour martiale de Montpellier.
    A partir de 1945, il effectue une brillante carrière au sein des CRS comme commandant de la région de Montpellier, puis du 8e Groupement de CRS à Lyon, avant de terminer sa carrière à la tête du 7e Groupement de Dijon, fin 1961, avec le grade de colonel.
    René Poitevin se retire ensuite dans l'Hérault, à Villeneuve-lès-Maguelone, dont il est élu maire de 1965 jusqu'à son décès dans la cité le 31 janvier 1972 (où il est inhumé).
    Les nombreuses décorations et distinctions décernées à René Poitevin après la guerre témoignent de son remarquable parcours effectué dans la Résistance. René Poitevin est en effet compagnon de la Libération (décret du 17 novembre 1945) et commandeur de la Légion d'Honneur ; il est également titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945 (avec 4 citations), de la Médaille de la Résistance avec rosette, de la Médaille des Evadés, de la Médaille des Blessés, de la Croix du Combattant 1939-1945, de la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance (CVR), de l'ordre du Mérite Social, de la Médaille des Déportés et Internés Résistants, de la Médaille d'Honneur de la Police et de la Médaille de la Résistance polonaise.

    Sources : biographie transmise par Henri Poitevin à la chancellerie de l'Ordre de la Libération.

  • Modalités d’entrées

    Don Henri Poitevin (entrée n° 4583, 4 novembre 2010).

  • Contenu et structure

  • Présentation du contenu

    Le fonds René Poitevin, compagnon de la Libération, est constitué des archives personnelles de René Poitevin (189 J 1-11) et d'un dossier provenant de son fils, Henri Poitevin (189 J 12).

    Le dossier individuel de René Poitevin (189 J 1) témoigne de l'extraordinaire parcours personnel et professionnel du compagnon de la Libération, dans l'armée, puis dans les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), ainsi que de son engagement dans la Résistance. Il réunit, outre des notices biographiques et actes d'état civil, les documents d'attribution de décorations et distinctions (Croix de la libération, Légion d'Honneur, médaille de la Résistance...), ainsi qu'un dossier professionnel de carrière très complet. Doit être également signalée la présence de documents attestant des fonctions de président de la Cour martiale de Montpellier occupées par René Poitevin le 13 septembre 1944, ou, de manière plus anecdotique mais reflétant toutefois une évolution de la société française, un dossier concernant un camp de "hippies" installé à Palavas-les-Flots et Villeneuve-lès-Maguelone en 1971, alors que René Poitevin est maire de Villeneuve-lès-Maguelone.

    Le second article du fonds (189 J 2) rassemble quelques pièces de correspondance adressées par le général de Gaulle à René Poitevin de 1961 à 1970.

    Le troisième dossier (189 J 3), consacré au mouvement de résistance Franc-Tireur (FT), au Mouvement de Libération nationale (MLN) et aux Mouvements unis de la Résistance (MUR) réunit des lettres et circulaires clandestines sur papier pelure émanant de FT, du MLN et des MUR de novembre 1943 à août 1944. Ces dernières illustrent les rapports de force parfois difficiles qu'entretiennent dans la clandestinité les mouvements de Résistance. Un rapport clandestin d'Henri Noguères, alias Mathias, successeur de René Poitevin à la direction régionale de FT en région R 3, rédigé au printemps 1944, et présentant la situation locale complexe de la Résistance complète cet article. Enfin, est jointe la transcription - postérieure au conflit - du témoignage d'Henri Noguères, recueilli par Marie Granet (du Comité d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale) en 1948.

    Les activités de René Poitevin dans la Résistance sont particulièrement bien documentées par le quatrième dossier (189 J 4) réunissant, outre une demande de renseignement adressée le 27 avril 1944 à l'épouse de René Poitevin après l'arrestation de ce dernier, plusieurs rapports, datant de 1944-1945, sur l'activité de "Fouillet" de septembre 1942 au 10 janvier 1944, sur son arrestation le 10 janvier 1944, sur le descriptif des tortures endurées à la Villa des Rosiers, sur son transport au camp de Compiègne à la fin du mois de janvier 1944, sur son évasion après sa condamnation à mort le 5 février 1944, et enfin sur son action dans les maquis de l'Ardèche, puis son retour à Montpellier le 9 septembre 1944. Le dossier est complété par plusieurs attestations de Résistance, de la correspondance et un dossier médical (attestant des souffrances subies) pour l'obtention d'une pension. Une pièce d'identité clandestine (au nom de Roger Paulet), quelques photographies prises dans la clandestinité en 1943-1944, ainsi que plusieurs photographies de la libération de Tournon le 19 août 1944 et un cliché du défilé des maquisards à Montpellier le 3 septembre 1944 illustrent l'ensemble.

    Le cinquième article (189 J 5) réunit les attestations de Résistance délivrées par René Poitevin postérieurement à la guerre pour ses camarades et compagnons de Résistance. Le dossier est composé d'une liste nominative des attestations transmises, d'attestations individuelles posthumes pour les membres du Groupe Franc "Combat", dirigé par René Poitevin, qui ont été exécutés par les Allemands à la butte de tir de la Madeleine (Villeneuve-lès-Maguelone) en 1944, et d'attestations pour d'autres Résistants (classement alphabétique).

    L'engagement personnel de René Poitevin dans les associations patriotiques d'anciens résistants et déportés peut être étudié grâce au sixième dossier (189 J 6). Après le conflit, René Poitevin est membre de l'Amicale Nationale des policiers, anciens combattants, déportés et résistants de la police de France de d'outre-mer (1947-1964), du Comité de l'Hérault du Mouvement de Libération nationale (1948), de l'Association amicale d'entraide des anciens officiers chargés de mission Action et de leurs collaborateurs recrutés en France - dite "Amicale Action" - (1956-1961) ; il est également président, puis président d'honneur de l'UNADIF-FNDIR de Côte d'Or (1952-1962), et enfin président de l'UNADIF Hérault (1963-1964). Dans le cadre de cet engagement associatif et en tant que Compagnon de la Libération, René Poitevin occupe une place prépondérante ; il est notamment consulté sur plusieurs affaires sensibles abordant la "mémoire de la Résistance" : affaire du chanoine Kir, affaire Paloc, affaire Bouvet de Maisonneuve...

    Les interventions de René Poitevin en faveur de camarades de Résistance sont regroupée dans le septième article (189 J 7). Il s'agit essentiellement de rapports et de correspondance, classés alphabétiquement en dossiers individuels. Le dossier d'intervention pour la reconnaissance de services dans la Résistance et pour l'obtention de décorations du commandant principal de CRS Lucien Bonnet, alias "Robert", est à signaler particulièrement : il comprend en effet une abondante correspondance adressée à René Poitevin relative aux évènements d'Algérie en mai-août 1958 alors que le commandant Bonnet, en affectation à Constantine, est chargé du maintien de l'ordre (le commandant Bonnet relate la situation locale insurrectionnelle et les tensions extrêment vives entre les Français d'Algérie). Un ensemble d'attestations de Résistance délivrées par d'autres personnes que René Poitevin est par ailleurs joint à cet article.

    Les commémorations et cérémonies en mémoire des victimes de la Résistance auxquelles a participé René Poitevin sont documentées par l'article suivant (189 J 8). Ce dernier comprend notamment une liste nominative des fusillés de l'Hérault, une liste nominative des membres des maquis et des Groupes Francs exécutés à Montpellier par les allemands [1944-1945], une étude dactylographiée sur les crimes de guerre et la recherche des criminels de guerre (1946), ainsi qu'une exceptonnelle et rare photographie des membres de la Gestapo de Montpellier. Sont également conservés plusieurs dossiers consacrés à la cérémonie au "Mur des fusillés" de Béziers le 12 décembre 1947, ainsi qu'aux hommages rendus aux morts de la Madeleine et aux commémorations de la libération de Montpellier (1945-1947).

    L'article 189 J 9 témoigne de l'intervention et du témoignage de René Poitevin au procès de l'Intendant régional de Police, Pierre Marty, devant la Cour de justice de Toulouse en 1948. Il est composé d'un courrier et des comptes rendus d'audience publiés dans la presse de mai à juillet 1948.

    Le soutien indéfectible de René Poitevin à la famille de son adjoint dans la clandestinité, Laurent Duviols (1898-1944), responsable régional adjoint FT, mort en déportation peut être suivi grâce au dossier 189 J 10. L'adoption par René Poitevin des enfants orphelins de Laurent Duviols ainsi que l'organisation d'un "Comité des amis de Laurent Duviols", présidé par René Poitevin, pour la levée d'une souscription pour une plaque commémorative à apposer sur l'école où Laurent Duviols enseigna à Montpellier, illustrent la permanence et la fidélité des liens noués dans la clandestinité.

    Enfin, le dernier dossier composant les archives de René Poitevin (189 J 11) est constitué d'interventions et d'appuis de René Poitevin sans lien apparent avec la Résistance (classement alphabétique).

    L'unique dossier provenant des archives d'Henri Poitevin, fils de René Poitevin (189 J 12), comprend outre une citation (1947) et un curriculum vitae, plusieurs sous-dossiers attestant des initiatives du fils du compagnon de la Libération visant à mieux faire connaître les activités de son père dans la Résistance. Henri Poitevin est également très engagé dans l'animation du Concours national de la Résistance, ce qui explique la présence dans ce dossier de plusieurs brochures relatives au concours et à son organisation.

    Le fonds René Poitevin (1911-1972), compagnon de la Libération, permet ainsi d'appréhender le parcours exceptionnel dans la Résistance d'un compagnon de la Libération et d'une figure majeure de la Résistance héraultaise. Il offre également la possibilité de saisir en région R 3 le rôle du mouvement Franc-Tireur dans la Résistance.

  • Conditions d’accès et d’utilisation

  • Modalités d’accès

    Communicable selon les lois et décrets en vigueur pour les archives publiques.

  • Sources complémentaires

  • Sources complémentaires aux archives de l’Hérault

    Sources internes :

    2027 W 88-89 Témoignage oral d'Henri Poitevin, fils de René Poitevin, recueilli le 29 septembre 2010.

    Sources externes :

    Service historique de la Défense, Bureau Résistance

    GR 16 P 483958 Dossier individuel administratif du colonel René Poitevin.

  • Sources complémentaires

    Sources internes :

    2027 W 88-89 Témoignage oral d'Henri Poitevin, fils de René Poitevin, recueilli le 29 septembre 2010.

    Sources externes :

    Service historique de la Défense, Bureau Résistance

    GR 16 P 483958 Dossier individuel administratif du colonel René Poitevin.