Joseph François Marie Berthelé est né le 7 mai 1858 à Paris et décédé le 12 mai 1926 à Montpellier. Il suit les enseignements supérieurs de l'École des Chartes (promotion 1882) et soutient une thèse sur l'hôpital du Saint-Esprit-en-Grève (Paris) à la fin du Moyen-Age, qui est restée inédite, à l'exception d'un chapitre sur l'hospitalité de nuit à Paris aux XIVe et XVe siècles (1883).
Archiviste paléographe, il est nommé aux Archives départementales des Deux-Sèvres en 1882, puis aux Archives départementales de l'Hérault en 1892, occupant ce dernier poste jusqu'à sa retraite en 1924. La municipalité de Montpellier lui confie par ailleurs la direction des archives municipales de la ville, et, pendant quelques années, il assure un cours de paléographie et de diplomatique à la Faculté des lettres de Montpellier. Il occupe aussi les fonctions de conservateur des antiquités et objets d'art du département de l'Hérault.
L'archiviste Joseph Berthelé publie l'inventaire du cartulaire municipal d'Agde (1901), celui des archives municipales de Pézenas (1907), deux volumes de l'inventaire analytique des archives départementales de l'Hérault (1906 et 1918) et aussi les cinq volumes de l'inventaire des archives de la ville de Montpellier.
Paléographe et historien de renom, il édite scientifiquement divers textes historiques - comme les Instructions et Constitutions de Guillaume Durand le Spéculateur, évêque de Mende (1900) et la Vieille chronique de Maguelonne (1908) - mais il est aussi archéologue. Dès son arrivée à Niort, séduit par l'architecture des églises poitevines, et, après une courte incursion dans l'antiquité gallo-romaine, où l'entraînent les fouilles exécutées à Sanxay près de Poitiers (Vienne) par le Père Camille de la Croix, il consacre une grand part de son activité à l'archéologie du Poitou. Outre plusieurs monographies d'églises sises dans le département des Deux-Sèvres (Gourgé, Parthenay-le-Vieux, Saint-Jouin-de-Marnes), ou en Vendée (Maillezais), il fait paraître deux ouvrages remarquables - Recherches pour servir à l'histoire des arts en Poitou (1889) et Carnet de voyage d'un antiquaire poitevin (1896) - où il démontre l'influence des ordres monastiques sur la diffusion des styles architecturaux.
Une fois nommé à Montpellier en 1892, il étudie plus particulièrement la topographie et la toponymie anciennes de la région. L'une des découvertes les plus curieuses qu'il réalise est celle de l'origine du nom de Montpellier (" Mons pestelarius " ou Mont du pastel), origine qu'il établit d'une manière incontestable à partir des archives.
Un secteur particulier de l'archéologie, l'histoire des cloches, des fondeurs de cloches et de leur industrie - ou campanologie -, devient sa passion et l'objet préféré de ses études. Il s'y spécialise de façon à s'en faire un domaine réservé, où, en France, il règne en maître incontesté. Non seulement le Poitou, et le Languedoc, mais la France presque entière sont le théâtre de ses recherches et de ses études. Il publie de nombreuses notices isolées et plusieurs grands recueils qu'il intitule Enquêtes campanaires (1903), Enquêtes campanaires rémoises (1905), Archives campanaires de Picardie (1911). En 1910, il entreprend la publication d'une revue uniquement consacrée aux cloches et aux fondeurs, dont il fait paraître des livraisons intermittentes sous la rubrique " Ephemeris campanographica ", et qui forme jusqu'à la guerre 1914-1918 trois gros volumes de 500 pages chacun.
La notice nécrologique consacrée à Joseph Berthelé dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartes en 1926 le décrit ainsi : "Bien que d'une grande érudition il n'en a pas moins un caractère aimable. D'une modestie vraie, il ne montre ses très vastes connaissances archéologiques et l'ampleur de sa documentation que lorsqu'il y est contraint par une discussion scientifique ou par l'exposé nécessaire d'une découverte curieuse.
Homme du Nord, il s'éprend du Midi qu'il habite, et, à la retraite, reste à Montpellier quoiqu'il regrette de ne pouvoir profiter des facilités que la capitale offre aux éditeurs de textes et d'œuvres d'érudition par la capacité de production de ses grandes imprimeries.
Il est apprécié par ses collègues comme un excellent ami, dévoué, complaisant, le cœur sur la main, cachant une finesse très réelle sous les dehors d'une cordiale bonhomie.
Il est cruellement atteint par la perte de son fils [Raoul Berthelé (1886-1918)], chimiste distingué, mort pendant la guerre ; mais, discret et réservé, il n'en parle que lorsqu'il sait trouver une communauté de chagrin et d'espérance chez un ami éprouvé de la même façon. Il se console par le travail, qui est la joie de sa vie, et auquel, jusqu'à ses derniers jours, il consacre les loisirs de sa retraite. Son œuvre d'archéologue et de campanographe est assez importante pour lui assurer une place distinguée parmi ses confrères."
Joseph Berthelé a appartenu à diverses sociétés savante de France :
- Académie des sciences et lettres de Montpellier, dont il fut président,
- Comité des travaux historiques et scientifiques, dont il était membre non résidant,
- Société de statistique des Deux-Sèvres, dont il fut Secrétaire général,
- Société des langues romanes, dont il fut président,
- Société française d'archéologie, dont il était inspecteur.