La sous-série 8 S "Mines et Energie" porte essentiellement sur l'exploitation des mines et carrières et la distribution d'énergie électrique. Elle regroupe deux fonds distincts : le fonds de la Préfecture et celui des Ponts et Chaussées.

Les services de la Préfecture ont constamment évolué au cours du XIXe siècle et de la première partie du XXe siècle. Il est ainsi difficile de retracer l'historique du bureau qui a produit ces dossiers, l'organigramme étant trop fluctuant.

Le dénomination de ce service varie au fil du temps : "Bureau des Secours, Travaux publics et police civile" en l'an XIII ; " Division des Travaux Publics" en 1896 ; " 1ère Division, 2e Bureau" en 1930.

La distribution d'énergie électrique est réglementée par la loi du 15 juin 1906. Cette loi fut le pilier, pendant un demi siècle, de l'organisation des compagnies électriques en France. Elle élargit le champ de l'intervention de l'Etat qui dispose du droit de permettre le transport de l'énergie électrique, "que la municipalité l'y autorise ou non" et "qu'il y ait ou non des concessions antérieures et quelle que soit la catégorie des voies à emprunter ". Cette loi permit le développement de nouveaux réseaux électriques.

La distribution d'énergie électrique est assurée par le biais de concessions accordées par la commune, un syndicat de communes, le département ou encore l'Etat. L'ouverture de l'enquête préalable et l'autorisation définitive est du ressort de l'autorité préfectorale ; la concession doit être approuvée par le préfet quand elle est donnée au nom de la commune ou d'un syndicat de communes.

Les mines et carrières relèvent de la loi du 21 avril 1810 qui fait suite à celle du 28 juillet 1791. Elle restera en vigueur jusqu'aux nationalisations des combustibles minéraux de 1946.

La loi du 21 avril 1810 a occupé une place fondamentale dans le développement des industries extractives et plus généralement de l'industrie française. Cette loi a créé une distinction entre les mines dont l'exploitation découlait de la création d'une concession, les minières et les carrières, y compris souterraines. Ce sont les substances minérales, les conditions de formation et d'exploitation du gisement qui sont à l'origine de cette distinction, source de nombreuses incompréhensions entre l'administration des Mines et une partie des exploitants. Cette loi distingue la propriété du sol de celle du sous-sol qui revient à l'Etat ; elle crée le principe de concession minière.

Le bureau de la préfecture enregistre les demandes de concessions pour avis du préfet, puis après délibération en Conseil d'Etat, les demandes sont autorisées (ou non) par décret. Les services de la préfecture traitent également les demandes d'exploitation, les prospections de richesses du sous-sol et la surveillance des machines à vapeur.

Le rôle du bureau de la préfecture est d'ordre purement administratif : préparation et suivi des dossiers de travaux publics ; les aspects techniques sont traités par des services extérieurs spécialisés, notamment les "Ponts et Chaussées".

Le fonds des "Ponts et Chaussées" est constitué des dossiers émanant de l'ingénieur en chef des Mines et des ingénieurs subdivisionnaires.

La sous-série 8 S "Mines et Energie" est riche en documents relatifs à la concession et l'exploitation des mines dans les différents bassins du département .

Le chercheur trouvera notamment des dossiers relatifs à la réglementation générale et départementale concernant les mines, mineurs et carrières (8 S 1-8), des dossiers concernant les salaires, accidents, retraites et prévoyance sociale des mineurs (8 S 27-58), des demandes et des dossiers de concessions pour les différentes mines et bassins de l'Hérault. Ces fonds contiennent également des dossiers relatifs à la surveillance des machines à vapeur (réglementation, enregistrement et surveillance, 8 S 189-209).

La sous-série 8 S contient par ailleurs de nombreuses archives relatives à l'électrification des communes , écarts et campagnes : instructions et réglementation, installation des lignes d'amenée du courant (8 S 210-287). Les dossiers d'électrification des villes importantes (Béziers et Montpellier notamment) contiennent les concessions et avenants, polices d'abonnement, assurances. Le chercheur trouvera également quelques dossiers qui concernent les lignes à haute et moyenne tension (8 S 288-305) et les barrages hydroélectriques (8 S 306-310).

Toutes les époques géologiques ont contribué à la formation de l'Hérault. Aussi son sous-sol est-il particulièrement varié et riche en minerais divers. Nous donnons ci-dessous la liste des principaux gisements pour lesquels des concessions ont été délivrées :

I. Mines de charbon.

a) Bassin de Graissessac (houille).
A l'origine ce bassin a fait l'objet de 6 concessions :

1° Boussagues concédé en 1769.
2° Le Bousquet-d'Orb concédé en 1778.
3° Saint-Gervais concédé le 31 janvier 1789.
4° Le Devois de Graissessac concédé en 1791.
Ces quatre concessions regroupées pour former la Compagnie Générale des Mines de Graissessac ont été confirmées par la loi du 21 avril 1810 puis reconcédées le 26 juillet 1913.

5° Saint-Geniès-de-Varensal et Rosis concédé le 6 août 1836 (anthracite).
6° Castanet-le-Haut concédé le 6 août 1836 (anthracite).

b) Bassin du Minervois (lignite).

Agel (Cazelles et Aigues-Vives) concédé le 28 janvier 1829 (inexploité en 1940).
Azillanet, concédé le 13 février 1844 (inexploité).

- Beaufort, concédé le 20 janvier 1844 (inexploité).
Calamiac (La Livinière, Félines-Minervois), concédé les 23 février 1851 et 13 avril 1859 (travaux anciens et modernes noyés en 1940).
La Caunette Rive Droite et Aigues-vives, concédé le 25 décembre 1822 (travaux repris par intermittence).
La Caunette Rive Gauche (Minerve, Aigues-Vives, Vélieux et Pardailhan), concédé le 20 mars 1807, appartient à l'Etat.
Cesseras, concédé le 11 janvier 1826 (inexploité).
La Matte (Cessenon), concédé le 3 janvier 1813 (inexploité).
Minerve, concédé le 26 décembre 1813 (inexploité).
Oupia, concédé le 19 mai 1824 (inexploité).
Plo-des-Fougasses (La Livinière, Siran), concédé le 24 juillet 1857 (inexploité).

c) Bassin de Roujan-Neffiés (houille).

Le Bousquet-de-Roquebrune (Neffiès, Roujan, Vailhan), concédé les 8 mai 1806, 10 avril 1843 et 21 août
1848 (filons assez riches mais épuisés). Décret de renonciation le 28 août 1894.

II. Mines métalliques.

a) Cuivre.

Le Bousquet-d'Orb (Camplong, Le Bousquet, Latour), concédé le 18 mars 1832 (inexploité).
Sirieis (Joncels, Lunas, Avène, Camplong), concédé le 18 mars 1832 (inexploité). Appartient à l'Etat depuis le 15 janvier 1928.
Vinas (Avène), concédé en 1832 puis le 25 janvier 1904 (inexploité).
Cabrières (Péret), concédé le 15 septembre 1862 (gisement important exploité depuis le Moyen Age, épuisé).

b) Fer.

Mas-Naguine (Cassagnoles), concédé le 12 février 1838 (travaux sans importance à ciel ouvert).
Courniou (Saint-Pons), concédé le 20 janvier 1830 (quelques puits peu profonds abandonnés).
Cousses (Rieussec), concédé le 12 avril 1832 (inexploité).
La Gardéole (Frontignan, Balaruc-les-Bains, Gigean), concédé le 20 juillet 1867 (inexploité).
Le Jaur (Riols), concédé le 30 septembre 1908 (inexploité).
Notre-Dame de Maurian (Saint-Gervais, Rosis) concédé le 10 août 1825 (inexploité).
Saint-Pons, concédé le 18 mai 1844, déchéance du 15 février 1928, appartient à l'Etat.

c) Zinc, plomb et métaux connexes.

Ganges, concédé le 25 juillet 1882 (inexploité).
Ceilhes-et-Rocozels, Avène (concession Labarre et Corbières), concédé le 23 avril 1837, (exploité en plusieurs périodes jusqu'en 1946, aujourd'hui noyé).
Saint-André-de-Buèges, concédé le 10 février 1903, renonciation le 24 décembre 1933 (inexploité).
Vieussan, concédé le 24 octobre 1860 (inexploité).
Villecelle (Le Poujol, Combes, Taussac, Rosis, Boussagues, Villemagne, Hérépian, Saint-Gervais), concédé les 6 août 1865 et 21 août 1925 (gisement anciennement exploité mais dans le périmètre des sources de Lamalou-les-Bains).
Lamatte (Félines-Minervois), manganèse, concédé le 4 novembre 1846 (inexploité).
Vieussan (Roquebrune, Mons, Les Aires, Saint-Nazaire-de-Ladarez), manganèse, concédé le 31 juillet 1882 (inexploité).

III. Bauxite.

Concessions à Villeveyrac, Balaruc-les-Bains, Loupian et Bédarieux.

IV. Pétrole.

Concessions dans la région de Gabian, Plaissan, Aumelas, Saint-Pargoire, Cesseras, Magalas, Fontes, Capestang, etc.

Cette liste n'est pas complète, plusieurs petits gisements n'ont pas été signalés, mais elle permet déjà de juger de leur nombre. Si à peu près tous ont fait l'objet de concessions et de tentatives d'exploitation, bien peu ont dépassé le stade de la reconnaissance des filons. Mal situés dans des montagnes dépeuplées, d'accès difficile, ils sont en outre généralement de peu d'importance. La sous-série 8 S permet de se faire une idée précise de l'ampleur des prospections entreprises.

On trouve sous la cote 8 S 71 le registre d'inscription des demandes de concession entre 1824 et 1905, ainsi que des renseignements sur les fouilles, permis de recherche, déclaration de découverte, demandes de concession, etc. dans 8 S 72 à 80. Les dossiers de concession et d'exploitation de chaque mine ont été regroupés en deux grandes catégories : mines de houille et mines métalliques. Les gisements de peu d'importance ont été rejetés après les différents bassins (8 S 125 à 135 pour la houille, 8 S 163 à 176 pour les minerais métalliques). Les renseignements les plus importants sur la production, l'outillage, le personnel, les comptes des recettes et dépenses se trouvent toutefois dans les états dressés chaque année pour l'établissement des redevances (8 S 81 à 90). Ils permettent de suivre l'évolution de chaque puits (avec des lacunes pour les années 1820-1823, 1877-1893 et 1896-1923). L'enquête de 1806 sur les mines et usines du département (8 S 9), les procès-verbaux de visite des mines par l'ingénieur (8 S 11), les statistiques (8 S 12) et les rapports annuels (8 S 26) donnent des renseignements complémentaires.

Parmi les bassins houillers, celui de Graissessac est le plus important. Son exploitation joua un grand rôle dans la vie économique de l'Hérault depuis 1770 jusqu'à ces dernières années. Les quantités de charbon extraites étaient telles qu'elles entraînèrent dès 1843 des projets de construction d'une ligne de chemin de fer vers Béziers et le canal du Midi. Réalisée quelques années plus tard, cette ligne favorisa le développement des petites communes situées dans le bassin. Dans cette région pauvre de petite agriculture, des centres industriels très actifs drainèrent la main-d'œuvre disponible, que ce soit ceux de Graissessac, de Saint-Gervais ou du Bousquet-d'Orb ( 28). Des industries annexes (cokerie, centrale thermique et verrerie du Bousquet-d'Orb par exemple) s'étant installées à proximité des puits, elles amenèrent un surcroît de travail et de richesse tant que dura l'exploitation. Aujourd'hui désertée par les jeunes en âge de travailler, la région est retournée à sa léthargie.

Bien que de moindre importance, le bassin du Minervois fut lui aussi exploité pendant une longue période. Les mines de Minerve, d'Oupia et surtout de la Caunette fonctionnèrent aussi longtemps qu'elles trouvèrent des débouchés locaux. La mauvaise qualité du lignite extrait ne leur permit pas de résister à la concurrence et après une reprise d'activité durant la dernière guerre, elles sont aujourd'hui fermées. Sont également fermées les mines de Roujan-Neffiès, Clermont-l'Hérault, Montoulieu, etc., qui ne furent exploitées que pendant de courtes périodes.

La prospection des minerais métalliques semble avoir été très active depuis 1800. Comme pour la houille, elle a été suivie de nombreuses concessions mais peu de filons furent exploités. Parmi ceux-ci on peut citer les mines de fer de Notre-Dame de Maurian, de Mas-Naguine et de Courniou, les mines de plomb, cuivre, zinc, etc., de la région de Lamalou, de Vieussan et surtout de Ceilhes-et-Rocozels. Ces dernières avaient entraîné la construction d'une usine de fabrication de superphosphates et d'acide sulfurique mais puits et usine sont maintenant noyés sous les eaux du barrage d'irrigation d'Avène.

La recherche pétrolière a également été un sujet d'espoir pour l'Hérault. Dans la région de Gabian, dont les asphaltes sont utilisés depuis plus d'un siècle, la prospection du pétrole remonte aux débuts de l'automobile. Abandonnée puis reprise vers 1925, elle n'aboutit à la découverte d'aucun gisement. Les carrières de bauxite de Villeveyrac, Balaruc-les-Bains, Loupian et Bédarieux sont en revanche en pleine exploitation mais on n'en trouve que peu de traces dans les archives (8 S 179-180), leur mise en valeur étant assez récente.

Signalons, pour en finir avec les mines, le grand intérêt présenté par les dossiers relatifs aux mineurs et délégués mineurs pour l'étude de la condition ouvrière. Les sociétés de secours mutuels, caisses de retraites et autres organismes sociaux se sont en effet développés très tôt dans les mines (8 S 27 à 70 ( 29).

Cette sous-série, également consacrée à l'énergie, contient des documents relatifs à la surveillance des machines à vapeur, à la production, au transport et à la distribution de l'énergie électrique. Les machines à vapeur étaient soit fixes, et elles étaient installées dans des usines, soit mobiles et elles servaient alors à la traction (locomotives sur route ou sur voie ferrée, navigation à vapeur, gros engins de défrichement, etc.). Dans le premier cas les dossiers sont particulièrement intéressants pour l'histoire de l'industrie, de nombreuses pièces étant jointes aux déclarations et plus particulièrement des plans des machines et des locaux où elles étaient installées. Dans le deuxième cas, on trouve des rapports sur les pannes et accidents, rapports très instructifs sur les débuts de la traction à vapeur. Signalons enfin le registre d'inscription de toutes les machines installées de 1880 à 1933 (8 S 194).

En raison du régime torrentueux des cours d'eau, la production d'énergie électrique d'origine hydraulique n'occupe qu'une place médiocre dans l'Hérault. Elle provient essentiellement de trois petits barrages installés à Truscas sur l'Orb, à Saint-Martin-de-Londres (moulin de Bertrand) sur l'Hérault et à Madières sur la Vis (encore ce dernier est-il dans le Gard). La Coopérative Agricole d'Electricité de Saint-Martin-de-Londres occupe toutefois une place à part puisqu'elle n'a pas été nationalisée et fournit toujours pour son compte de l'électricité à plusieurs cantons.

Le transport et la distribution, quant à eux, sont assez complexes, les dossiers d'électrification des communes, des écarts et des campagnes se trouvant à la fois dans la série S et dans la série O suivant qu'il s'agit de syndicats d'électrification (7 S 702 à 708), de lignes de transport de courant (8 S 226 à 287) ou de distribution aux usagers (série O). Mais cette distinction théorique n'a pas été toujours très facile à respecter (certains dossiers de distribution se trouvent même joints aux lignes de transport à haute tension tels ceux d'électrification des communes de Lespignan, La Caunette et Mauréilhan (8 S 302), et il sera prudent de consulter les trois sources.

FONDS DE LA PREFECTURE

I) Questions générales

II) Mineurs

- Salaires, accidents, retraites, prévoyance sociale

- Délégués mineurs

III) Concessions

IV) Redevances

V) Mines de houilles

VI) Mines métalliques

VII) Carrières

VIII) Pétrole

IX) Surveillance des machines à vapeur

X) Energie électrique

FONDS DES PONTS ET CHAUSSEES

I) Mines et carrières

II) Surveillance des appareils à vapeur et à pression de gaz

III) Energie électrique

IV) Automobile

Concernant les Mines :

Archives modernes (1800-1940) :

- sous-série 10 M : Travail, conflits du travail ;

Archives contemporaines (1940 à nos jours)

- Fonds de la Préfecture, Mission Réglementation : partie concernant les Mines, Hydrocarbures et Carrières ;

- Fonds de l'Industrie, Recherche et Environnement : partie concernant les Mines et Carrières

Archives toutes périodes :

- sous-série 3 ETP : Charbonnages de France.

Concernant l'Energie :

Archives modernes :

- Sous-série 2 O : Dossiers d'administration communale, plus particulièrement ceux concernant l'électrification des communes.

Archives contemporaines :

- Fonds de la Préfecture, Mission Action de l'Etat, développement économique et aménagement du territoire, transports et équipement : dossiers concernant l'énergie.

- Fonds Hérault Energie, notamment les dossiers concernant l'électrification rurale des communes et l'éclairage public (2246 W 21- 645).

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