Historique
Au Moyen Âge existait un grand maître des Eaux et Forêts en Languedoc (magister aquarum et forestarum in lingua occitana), qui au XVIe siècle avait reçu le sixième département forestier lors du partage effectué par Henri III en 1575. Cette circonscription s'étendait au Languedoc, au Dauphiné et à la Provence avec Toulouse pour siège. Un grand maître alternatif fut créé en 1586. A la grande maîtrise (ou "Table de marbre") de Toulouse étaient rattachées les six maîtrises particulières de L'Isle-Jourdain, de Lauragais, de Castres, de Montpellier, de Comminges et de Toulouse.
L'autorité des administrateurs forestiers étaient bien moindre que dans le Nord. Dès 1661, Colbert prit la direction générale des Forêts qui dépendait jusqu'alors du chancelier, et entreprit la réformation générale des forêts. Le 2 juin 1665, les deux intendants de Languedoc, Bezons et Tubeuf, reçurent des lettres de commission pour la réformation. Colbert leurs adjoignit le 3 mai 1666 Louis de Froidour, qui avait fait ses preuves comme procureur général des Eaux et Forêts de la réformation de l'Ile-de-France.
La maîtrise de Montpellier correspondait aux sénéchaussées de Nîmes et de Beaucaire et allait jusqu'aux montagnes de l'Ardèche, aux hautes vallées du Lot, de la Loire et de l'Allier. Par lettres patentes du 7 mars 1671, Louis XIV réduisit le ressort de la maîtrise de Montpellier aux diocèses civils de Montpellier, Nîmes, Agde, Lodève et Mende. Daniel Ranchin fut nommé en 1671 maître particulier de la maîtrise de Montpellier. Le diocèse d'Uzès, le Vivarais et le Velay faisaient désormais partie du resort de la nouvelle maîtrise créée en 1671 à Villeneuve-de-Berg.
La maîtrise de Castres couvrait une partie de l'actuel département du Tarn. Son siège fut transféré à Saint-Pons par lettres patentes de mars 1671 avant d'être à nouveau fixé à Castres par lettres patentes d'octobre 1764.
Un édit du mois de mai 1788 réunit aux juridictions ordinaires l'exercice de la juridiction contentieuse dont les tribunaux d'exception étaient chargés, mais maintenait ces derniers dans leurs fonctions d'administration. Les maîtrises restaient donc chargées de l'administration, l'aménagement, l'inspection et la visite des Eaux et Forêts. Elles conservaient le droit de faire tous procès-verbaux, y compris ceux concernant les délits, mais ne pouvaient plus en juger. Les présidiaux et grands bailliages s'en voyaient attribuer la connaissance. La Révolution supprima les grandes maîtrises et les maîtrises particulières des Eaux et Forêts. Par la loi du 4 septembre 1791, qui ne fut appliquée qu'à partir du Consultat, la France fut divisée en 28 conservations des Eaux et Forêts, avec des inspecteurs, des sous-inspecteurs et des gardes.
Compétences
Les maîtrises des Eaux et Forêts connaissaient de tout ce qui concernait les eaux et forêts du domaine du roi et veillaient aussi à la conservation des forêts des particuliers.Elles étaient à la fois des administrations et des juridictions de première instance, civiles et criminelles. Elles possédaient aussi des pouvoirs de police. La spécificité des matières jugées exigeant une compétence particulière en fait une juridiction d'attribution, dite d'exception.
La refonte des textes relatifs aux Eaux et Forêts aboutit à la publication en août 1669 de l'ordonnance portant règlement général pour les Eaux et Forêts. La compétence des maîtrises particulières s'étendait à tout le domaine des Eaux et Forêts, "causes, instances, procès mus sur le fait des bois, chasse, pêche" en fonction du lieu où le délit est commis, exécutoire où que se trouve le délinquant, quelles que soient les personnes - à l'exception des ecclésiastiques poursuivis criminellement pour fait de chasse qui peuvent demander leur renvoi devant le juge d'église -, infractions à la législation royale.
La maîtrise était organisée autour des maîtres particuliers et comprenait lieutenant, procureur du roi, garde-marteau, gruyers, officiers subordonnés, gardes et arpenteurs.