Les traites étaient les impôts royaux perçus sur la circulation des marchandises entre les différentes provinces du royaume ou avec l'étranger. Le Languedoc faisait partie des "provinces réputées étrangères", où les droits étaient élevés et payés sur les échanges avec toutes les provinces. Les droits de traites, réunis à d'autres pour leur perception, étaient affermés ; ils constituaient la "Ferme générale des droits et domaine du roi", organisée dans les provinces avec un directeur, des contrôleurs, receveurs généraux et particuliers, des commis, des gardes groupés en brigades ayant à leur tête un capitaine général.
Par édit de septembre 1549, le roi Henri II établit dans tout le royaume des maîtres des ports auxquels il attribua la juridiction civile et criminelle en première instance des contentieux relatifs aux traites. Par lettres patentes du 14 novembre 1551 il fut établi trois maîtrises générales dans les trois sénéchaussées de Toulouse, Narbonne et Beaucaire-Nîmes.
Le siège de la maîtrise des ports de la sénéchaussées de Beaucaire-Nîmes devait être établi à Beaucaire, suivant les lettres patentes de 1551, mais le commissaire exécuteur l'établit d'abord à Montpellier, d'où il fut transféré à Villeneuve-lès-Avignon par lettres patentes du 29 septembre 1557. Il fut aussi établi des sièges particuliers avec des lieutenants particuliers du maître des ports à Montpellier, Frontignan, Aigues-Mortes, Saint-Esprit et Beaucaire. Du bureau et siège général de Narbonne dépendait également plusieurs bureaux et sièges particuliers établis par le même édit : Sigean, Agde, Alet, Lagrasse, Sérignan, Carcassonne et Mirepoix.
La maîtrise des ports de Montpellier était formée d'un bureau composé d'un lieutenant, d'un greffier, d'un peseur, d'un nombreur, d'un visiteur, d'un concierge et de quelques gardes pour le recouvrement des droits d'entrée et de sortir sur la marchandises. Depuis que les revenus du roi avaient été mis en ferme, les maîtrises des ports étaient déchargées de toute perception et recouvrement et les fonctions se bornèrent à la juridiction contentieuse des affaires concernant les fermes du roi. Par édit de mai 1691, Louis XIV supprima les offices de maîtres des ports vacants aux parties casuelles et à leur place créa à chaque siège un juge des droits de sortie et d'entrée, un lieutenant, un procureur du roi, un greffier et deux huissiers. Cette suppression toucha le siège de Montpellier. En 1779, il était composé d'un juge des traites, d'un procureur du roi et d'un greffier ; ces officiers ne faisaient aucune perception. Leurs fonctions ne consistaient qu'à rendre la justice sur les matières contentieuses concernant les fermes du roi, à l'exception même des affaires concernant les gabelles qui avaient un juge particulier. Ils n'avaient pas de gages et leurs revenus se bornaient aux épices de leurs sentences et aux vacations qui leur étaient payées à raison des procédures qu'ils pouvaient faire (C 758).
La maîtrise de la ville d'Agde était composée d'un maître des ports, d'un procureur du roi, d'un greffier et d'un huissier, d'après une enquête de 1779 (C 758).
L'office de conseiller du roi, lieutenant des droits de sortie et entrée établi à Sète fut créé par édit de mai 1691.
La compétence des maîtrises des ports était définie par l'ordonnance de février 1687, reprise par un édit de mai 1691. Elle comprenait le civil et le criminel. L'appel en appartenait à la cour des aides. Le juge connaissait des saisies, divertissements de fonds, concussion de faux, collusion avec les fraudeurs, la contrebande pouvant aller jusqu'à la rebellion.
La procédure était régie par la déclaration royale du 17 février 1688. Elle était en général simple, la cause étant jugée sur-le-champ. La juridiction des traites assurait également une compétence "administrative" d'enregistrement des baux des fermes et des arrêts du Conseil, des provisions d'officiers.