Différents hôpitaux se sont succédés à Béziers depuis le Moyen Âge.
L'HÔPITAL MAGE
Le premier hôpital, relevant du chapitre cathédral, était placé sous la titulature de Saint-Jacques. Il est attesté dès 1337 sous le nom générique d'hôpital des "Pauvres du Christ" (4 HDT 1 B1). La confrérie dite de Notre-Dame du Sède assurait quant à elle la distribution de pain aux pauvres et aux pèlerins aux portes du pont. A la fin du XVe siècle, une première réforme hospitalière parvint à unir quatre hôpitaux préexistants, dont celui de la confrérie de Notre-Dame du Sède, en une seule entité. Sous la protection de l'évêché et l'administration des consuls municipaux, elle prit dès lors le nom commun d'hôpital Mage. Par un échange de bâtiments (4 HDT 1 A 1), l'hôpital s'établit en 1481 dans les murs de l'ancien couvent des Augustins de Béziers, près de porte de Tour Ventouse. C'est entre ces murs que fut aménagé entre 1508 et 1513 un nouvel édifice. Il se situait dans la ville, rue de l'Argenterie. La gestion fut dès lors assurée par un "baile", ou "recteur", chargé d'y assurer l'accueil de malades. Les pauvres y étaient également reçus comme pensionnaires, sur billet des consuls de Béziers. Il s'agissait d'une action à l'échelle diocésaine pour indigents (4 HDT 1 E 44). Des distributions, dites "passades", sont également effectuées en faveur des pèlerins et pauvres passants. En 1645, l'administration quotidienne fut confiée à des religieuses de la Charité Notre-Dame (4 HDT 1 E 1), qui servirent jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. L'hôpital accueillait alors hommes et femmes, tout en assurant la prise en charge des enfants abandonnés du diocèse. La comptabilité était rendue annuellement par la prieure ou "mère" de la communauté hospitalière (4 HDT 1 E 1-41). Les sœurs continuèrent à assurer les distributions de pain aux pauvres et aux pèlerins.
En 1677, l'hôpital se composait d'une église, d'une salle des malades, et de cellules pour les domestiques et servants (4 HDT 1 E 48). Les malades occupaient chacun un lit, individualisé par le nom d'un saint faisant référence pour le suivi médical (4 HDT 1 F 5-6). Une apothicairerie est attestée en 1660 (4 HDT 1 E 46 et 47). Les enfants abandonnés étaient également recueillis pour être placés chez des nourrices (4 HDT 1 G 1-3).
Les bâtiments furent convertis en salle de spectacle à partir de 1793, tandis que l'hôpital Mage fut transféré en 1803 dans les locaux de l'ancienne congrégation de Saint-Lazare, situés à l'extérieur de la ville. Sous le titre désormais d'"Hôtel-Dieu", puis d'"hôpital mixte", il fut desservi par les sœurs de la Charité Notre-Dame jusqu'en 1850, date à laquelle elles furent remplacées par des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul.
L'HÔPITAL GÉNÉRAL SAINT-JOSEPH
L'Hôpital général Saint-Joseph fut institué dès 1658, sous le nom d'"hôpital de la Charité et réduction des pauvres" (4 HDT 2 E 1). Il se trouvait à la sortie de la porte de la citadelle de la ville. Il était administré par un bureau également appelé "commission des six ou du mardi". Le personnel se limitait dans un premier temps à un prêtre, des sœurs et des domestiques, avant que les Filles de la Charité, dites "sœurs grises" ne s'y établissent également à partir de 1699. Elles assuraient l'éducation des enfants jusqu'à leur majorité. Les adultes étaient quant à eux chargés à partir de 1721 d'effectuer des travaux dans la manufacture de cotonnade, dite filature de l'hospice Saint-Joseph, dans deux ateliers placés sous la direction d'une sœur et d'un maître. Tous les samedis, un des directeurs du Bureau, dit "administrateur de tour", faisait une visite de contrôle (4 HDT 2 E 16-20). Enfin, les sœurs tenaient une officine et un médecin rendait régulièrement visite aux pauvres.
Les accords passés avec des négociants en textile de la région montrent l'importance de cette source de revenus (4 HDT 2 E 26-27). Tandis que l'hôpital Mage accueille les malades, l'Hôpital général assurait la subsistance et le logement des enfants en apprentissage jusqu'à leur majorité, et des vieillards et indigents, en contrepartie de ce travail à la manufacture (4 HDT 2 G 1-6).
Cette institution bénéficia du soutien temporel de la hiérarchie ecclésiastique : elle obtint ainsi une part sur la succession des évêques de Béziers, grâce à Mgr de Rousset (4 HDT 2 B5-6).
LA MALADRERIE, UNIE A L'HÔPITAL GÉNÉRAL
Un autre hôpital avait été institué en 1290 par le roi Philippe le Bel, à la tête du pont de l'Orb, pour la réception de pèlerins et pauvres passants. Il devint progressivement spécialisé dans l'accueil des lépreux, sous le nom de "maladrerie du bout du Pont", dans un quartier qui a depuis retenu ce nom. Il était administré en 1611 par un bailli, lui-même lépreux. Les malades décédés y étaient enterrés et des messes mortuaires commémoratives étaient célébrées dans la chapelle Notre-Dame. En 1672, la tentative de réforme hospitalière de Louis XIV concerna également la maladrerie de Béziers : après toute une procédure contre l'Ordre de Saint-Lazare et Notre-Dame du Mont Carmel, cet établissement tombé en désuétude fut rattaché à l'hôpital Mage en 1698. Il disparut peu après, converti en biens fonciers sources de revenus (4 HDT 2 N 3).
LA MAISON DU REFUGE, UNIE A L'HÔPITAL GÉNÉRAL
En 1738, la maison du Refuge fut également réunie à l'Hôpital général par l'évêque. Comme à Montpellier (voir la sous-série 73 H), cet établissement assurait depuis 1686 l'accueil de pénitentes internées volontairement ou par ordre de justice ou par décisions des familles (4 HDT 3 F 1-2). Son administration fut dès lors assurée par sept membres du Bureau de l'Hôpital général, spécialement délégués à cet établissement, sous la présidence du vicaire général de l'évêque (4 HDT 3 E 1-4). Il se situait entre la rue Sainte-Aphrodise et celle des Bains. Les "filles de mauvaise vie" y filaient notamment la laine au sein d'un atelier, pour des fabricants de draps de Lodève, Clermont et Saint-Chinian (4 HDT 3 G 1). La vente du basin ainsi produit servait à l'entretien de la communauté. Sous l'invocation du "Bon Pasteur", ce fut une succursale hospitalière jusqu'à sa fermeture en 1791.
LES HOSPICES CIVILS RÉUNIS EN 1793
En 1793, les deux hôpitaux principaux, Hôtel-Dieu et hôpital général Saint-Joseph, furent fusionnés en "hospices civils réunis" (4 HDT 1 L 2). Ils furent dès lors administrés par une commission relevant de l'administration municipale, qui prit en 1830 le nom de Bureau de Bienfaisance de Béziers (4 HDT 1 L 9). Cette commission tenait des séances hebdomadaires alternativement à l'hospice Saint-Joseph et à l'Hôtel-Dieu, dit ensuite hôpital mixte. Des dons et legs importants au XIXe siècle (4 HDT 1 N 1-20) permirent à ces établissements de continuer à assurer l'accueil d'hommes et femmes malades (dans l'hôpital mixte), mais également de vieillards, orphelins, enfants de familles indigentes (à l'hospice Saint-Joseph), pendant encore deux siècles. Cette action s'étendit progressivement à l'accueil de femmes en couches à l'Hôtel-Dieu, et ce jusqu'à l'établissement d'une maternité moderne vers 1863 (4 HDT 1 Q 81-100). De même, l'établissement d'un "tour" à l'hospice montre combien Béziers assumait continuellement l'accueil des enfants délaissés (4 HDT 1 O 2 et 1 Q 101-120).
En 1930, l'ancien hôpital mixte, alors situé place du général de Gaulle, fut délaissé pour un site sur l'avenue Perreal, où sera construit un hôpital comprenant un service de médecine générale, un service de chirurgie, un service de neuropsychiatrie et une maternité (4 HDT R 1-19). En 1995, le bâtiment est rénové, pour devenir le centre hospitalier actuel, dans le quartier de Montimaran.