Jean Lamouroux, fils de David Lamouroux, propriétaire foncier et négociant en vins à Canet (Hérault), et de Claire Perrette, naît le 15 janvier 1741 à Canet. Il exerce lui aussi le négoce de vins et alcools. En 1760, il épouse Marie-Thérèse Durand (décédée en 1766), issue d'une riche famille de magistrats montpelliérains, dont il a 5 enfants. Il associe deux de ses fils, Jean Antoine Guillaume l'aîné (décédé en 1809) et Jean Antoine Esprit le cadet, à ses affaires et marie sa fille Marie Théodore au négociant montpelliérain Bernard Colrat.

En 1766, Jean Lamouroux succède à son père et hérite de quelques terres à Canet et au Pouget, au lieu-dit Saint-Jean-de-Lanau. Il s'emploie à accroître le domaine familial par une ambitieuse politique d'acquisition de terres qui donne lieu à de multiples procédures l'opposant à des propriétaires fonciers dont il convoite les biens. La consécration vient en 1781 losrqu'il rachète ses droits au seigneur de Saint-Jean-de-Lanau ; l'année suivante, le négociant devenu seigneur se fait construire un château (château de Trois Fontaines) dans son nouveau domaine désormais appelé "domaine Lamouroux".

Le domaine Lamouroux, évalué à près de 60 hectares à la mort de son fondateur, comprend une importante part de vignes ainsi que des vergers d'abricotiers, d'oliviers et d'amandiers. Son exploitation nécessite la présence de fermiers (les frères Lautier, originaires de Popian) et d'une main d'oeuvre conséquente de travailleurs agricoles. Le domaine souffre de la Révolution et Jean Lamouroux, victime de la rancune des propriétaires qu'il avait spolié, quitte Canet en 1791. Il y revient en 1793 et pour défendre ses droits au cours de procédures dans lesquelles il s'efface souvent au profit de son fils aîné.

Jean Lamouroux meurt le 8 floréal an VII dans son domaine, à Le Pouget. ses quatre enfants survivants se partagent son héritage : les terres de Canet reviennent aux fils Lamouroux aîné et cadet, tandis que Marie Théodore et son époux Bernard Colrat s'installent au domaine Lamouroux (domaine de Saint-Jean-de-Lanau).

Bernard Colrat naît en 1762 dans une famille aisée de Mauguio qui prospère déjà dans le négoce de toiles à Montpellier. Instruit et ambitieux, il épouse la fille du seigneur de Saint-Jean-de-Lanau Marie Théodore Lamouroux. Négociant en tissu à Montpellier, il diversifie ses activités à la mort de son beau-père Jean Lamouroux, dont il hérite avec sa femme du domaine de Saint-Jean-de-Lanau. Bernard Colrat se lance alors dans la production et la vente de vin et d'eaux-de-vie, s'associant avec son beau-frère Lamouroux l'aîné, également propriétaire foncier à Canet, ainsi qu'avec ses cousins Colrat. Il monte au moins trois sociétés de commerce d'alcool avec d'autres négociants : "Colrat et Causse fils", "Colrat et Revel" - toutes deux installées au domaine de Saint-Jean-de-Lanau - et "Colrat et Carrière" à Ganges. Le couple Colrat mène grand train dans son domaine, employant plusieurs domestiques outre le personnel agricole et ouvrier et employant un précepteur pour leurs enfants. Mais les affaires périclitent assez vite, la distillerie connaît des mésaventures et les dettes s'accumulent. En l'an XII, la société "Colrat fils et Colrat neveu" fait faillite (ADH, 6 U 2 / 287). En 1809, un notaire de Montpellier dresse l'acte de vente du château des Lamouroux.

Bernard Colrat est avant tout un homme d'affaire connaisseur d'étaoffes : la confection et le négoce de bas, de bonnets et de mouchoirs constitue la base de son activité. associé à d'autres négociants, il donne un important rayonnement à ses activités qui se déplacent et se spécialisent peu à peu. sous la Révolution, la société "Jacques Michel et Bernard Colrat" à Bordeaux importe en gros des Indiennes, commercialise les produits des filatures de Montpellier et de Nîmes, mais aussi des mouchoirs de Cholet. Au début des années 1810, les activités textiles de Bernard Colrat sont centrées autours de Ganges et du Vigan, où il fait fonctionner une filature (domaine d'Aulas), qui alimente en bas la société "Colrat et Ollier". La réussite n'est cependant toujours au rendez-vous : en août 1812, la société "Colrat et Ollier" est dissoute. A la fin de l'Empire, Bernard Colrat entretient des relations avec des négociants de Nîmes, du Vigan, de Toulouse, qui assurent la diffucion de ses produits. Sous la Restauration, ses activités se déplacent vers le Sud-Ouest, la fabrication et le négoce de mouchoirs de Bayonne semblant devenir prédominants.

Le fonds Lamouroux - Colrat est essentiellement composé des archives personnelles et professionnelles des négociants Jean Lamouroux (1741-an VII) et Bernard Colrat (1762 - décédé après 1820). Quelques pièces éparses concernent en outre les héritiers de Bernard Colrat.

Les archives du négociant Jean Lamouroux illustrent les activités privées et professionnelles d'un négociant en vins, propriétaire foncier à Canet, à la fin du XVIIIe siècle. La gestion et l'exploitation du domaine Lamouroux - ou domaine de Saint-Jean-de-Lanau (Canet) - , ainsi que la comptabilité associée sont réunies dans les articles 68 J 1-3. L'article 68 J 3, constitué de pièces de procédures, illustre particulièrement bien les difficultés liées à la constitution du domaine Lamouroux.

La correspondance personnelle et professionnelle de Jean Lamouroux n'a pu être distinguée (en raison de l'imbrication extrême des intérêts personnels et professsionnels) ; elle a été rassemblée dans l'article 68 J 4. Le règlement de la succession de Jean Lamouroux en l'an VII et le partage de son héritage entre ses enfants peut être reconstitué grâce à l'article 68 J 5 consacré à la gestion des affaires de Jean Lamouroux par ses enfants.

Les archives du négociant montpelliérain Bernard Colrat (1762 - décédé après 1820), gendre de Jean Lamouroux, sont quant à elles scindées en deux ensembles distincts : archives personnelles (68 J 6-7) et archives professionnelles (68 J 7-19).

Les archives personnelles de Bernard Colrat permettent d'entrer dans l'intimité familiale d'un couple au début du XIXe siècle. La comptabilité privée (68 J 6), constituée de carnets de comptes et de quittances, livre de précieux renseignements sur les conditions de vie d'un riche négociant : dépenses pour l'aménagement et l'embellissement d'un logement, frais de bouche, de coiffure, de tailleur, de voiture... La correspondance de Marie Lamouroux, épouse Colrat, adressée à son mari (68 J 7) illustre pour sa part le rôle de l'épouse d'un homme d'affaires dans les activités de son mari.

Les archives professsionnelles de Bernard Colrat ont été organisées en 3 ensembles : correspondance et comptabilité générale ; entreprises de fabrique et de négoce d'eau-de-vie et de vin ; entreprises de confection et négoce de bas, bonnets et mouchoirs.

La correspondance et comptabilité générale (68 J 8-10) rassemblent des pièces concernant les deux types d'activités menées par Bernard Colrat dont la distinction aurait été trop artificielle ou incertaine.

Les archives relatives aux entreprises de fabrique et de négoce d'eau-de-vie et de vin (68 J 11-14) réunissent, par société, les documents concernant les différentes entreprises auxquelles a pris part Bernard Colrat : "Bernard Colrat", "Colrat et Causse fils", "Colrat cousins", "Colrat et Revel", "Colrat et Carrière". Sont ainsi rassemblés des carnets d'expéditions, des pièces comptables et de la correspondance.

Les archives relatives aux entreprises de confection et négoce de bas, bonnets et mouchoirs (68 J 15-19) regroupent la correspondance échangée avec d'autres négociants du sud de la France (68 J 15) ainsi que les documents produits par chaque société dans laquelle Bernard Colrat a investi des capitaux (68 J 16-18). Ces dernières portent les dénominations suivantes : "Jacques Michel et Colrat", Colrat et Carrière", "Colrat et Ollier", "Filature de bas d'Aulas". Les archives de société sont essentiellement constituées de pièces comptables mais peuvent aussi contenir des actes d'association, des inventaires généraux et de la correspondance. Une pièce de correspondance particulière de la société "Jacques Michel et Colrat" (68 J 16) mérite d'être signalée puisqu'elle évoque les Guerres de Vendée ainsi que les destruction des ateliers de Cholet en l'an II. Enfin, l'article 68 J 19 concerne les relations entretenues par Bernard Colrat avec son représentant Minvieille Paulet dans les fabriques de mouchoirs de Bayonne et Pau.

Deux articles, cotés 68 J 20 et 68 J 21, concernent enfin des pièces isolées relatives à des héritiers de Bernard Colrat dans les années 1830-1851.

JEAN LAMOUROUX, NEGOCIANT (1748-an VII)

- Archives de Jean Lamouroux (1748-an VII) : 68 J 1-4.

- Archives de Lamouroux aîné, Lamouroux cadet et Marie Lamouroux (1783-1813) : 68 J 5.

BERNARD COLRAT, NEGOCIANT (1785-1820)

- Archives personnelles (1785-1816) : 68 J 6-7.

- Archives professionnelles : correspondance et comptabilité générale (1789-1819) : 68 J 8-10 ; entreprises de fabrique et de négoce d'eau-de-vie et de vin (an VIII-1811) : 68 J 11-14 ; entreprises de confection et négoce de bas, bonnets et mouchoirs (1793-1820) : 68 J 15-19.

HERITIERS DE BERNARD COLRAT (1830-1851) : 68 J 20-21.

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